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universel, est toutefois celui-ci, qu’elle entraînerait la dissipation de l’énergie des corps célestes depuis les temps infinis déjà écoulés, de sorte qu’il ne pourrait plus exister d’étoiles brillantes. De tout ce qui vient d’être dit, il me semble tirer cette conclusion qu’il nous est impossible de nous représenter l’univers autrement qu’en admettant que la matière soit répartie dans tout l’univers à peu près comme dans notre voisinage immédiat, opinion déjà exprimée par les philosophes grecs tels qu’Anaximandre et Démocrite. En ce qui concerne la solution proposée par Charlier, d’après laquelle les voies lactées se réunissent en systèmes supérieurs qui en forment d’autres à leur tour et ainsi de suite à l’infini, elle se heurte à une grosse difficulté qui est l’explication de l’origine d’une pareille disposition… Un monde fini, ou un monde dans lequel la matière serait infiniment peu dense (thèse à laquelle aboutissent les théories de Charlier) ne pourrait donc avoir existé de toute éternité, et par conséquent ne correspond pas à ce que nous connaissons des propriétés de l’énergie et de la matière. »

W. Ritz : Die Gravitation. Le profond et remarquable travail de M. Ritz pourrait s’intituler : De la réduction de la force gravifique aux forces électriques. Deux sortes de considérations, les unes expérimentales, les autres théoriques, ont déterminé les physiciens contemporains à tenter cette réduction. Comme exemple des premières, citons une anomalie que la loi de la gravitation de Newton ne permet pas d’expliquer : l’ellipse de la planète Mercure tourne dans son plan sous l’influence des autres planètes, mais la rotation calculée est inférieure à la rotation observée ; l’excès, très faible en vérité – 42 secondes d’arc par siècle –, n’a pas pu être éliminé. Il faut donc chercher à expliquer ce fait par d’autres principes que ceux de la gravitation newtonienne. D’ailleurs, on a essayé depuis longtemps de déduire le phénomène de la gravitation de théories mécaniques : on peut dire — jusqu’à présent du moins — que toutes ces tentatives ont échoué. L’une des dernières, celle de Lesage (théorie des corpuscules extra-mondains), ne résiste pas à un examen approfondi. Dans les corps en mouvement, notamment, « le frottement produirait une quantité de chaleur telle que pour la terre elle serait 1020 fois plus grande que celle que le soleil émet dans toutes les directions dans le même espace de temps ». L’auteur critique également les explications hydrodynamiques de Bjerknes et de Riemann.

Le premier considère des sphères-atomes plongées dans un liquide incompressible et sans frottement qui augmentent et diminuent périodiquement et simultanément. « Mais cette simultanéité est plus incompréhensible que la loi de Newton ».







Riemann et M. Brill remplacent la pulsation des sphères par une émission et absorption d’éther. Mais l’auteur ne peut accepter une théorie dont l’indestructibilité de la matière ne serait pas un axiome fondamental. M. Ritz estime cependant qu’il n’est pas impossible de prévoir une explication mécanique généralisée de la gravitation fondée sur une sorte de mécanique de l’énergie. Au lieu de chercher une explication mécanique, on peut se poser la tâche plus modeste et peut-être, pour l’instant du moins, plus féconde, de réduire la’Gravitation aux actions électriques. » Et d’abord, l’auteur montre que cette ten’ative peut se concilier avec un résultat dû à Lap’ace, d’après lequel la vitesse de la force gravifique aurait une limite inférieure égale à cent miltions de fois la vitesse de la lumière. Les considérations de l’auteur sont trop techniques pour être rèrumées ici, mais il suffit de donner sa conclusion « Rien n’empêche d’attribuer à la Gravitation la vitesse de propagation de la lumière, mais rien ne nous y oblige non plus. » Nous ne suivons pas l’auteur dans son examen rapide des idées principales de Mossotti, Weber, Lorentz ; il— ne ménage pas ses critiques au célèbre physicien hollandais, Quant à lui, il estime très probable la réduction de la gravitation aux forces électriques ; mais il suivra une voie toute différente de celle de Lorentz. L’auteur n’introduit pas comme Lorentz, dans sa première théorie, des vitesses absolues, et il ne renonce pas non plus (deuxième théorie de Lorentz) au temps universel, et aux principes de la mécanique classique. Il conclut « qu’une explication de l’anomalie de Mercure et une détermination de la constante de Gravitation par des mesures électromagnétiques pourront sans doute être déduites des lois de l’Électrodynamique lorsque celles-ci seront connues avec plus d’exactitude. la gravitation tiendrait essentiellement à la constitution dynamique des atomes. »

L. Fredericq De la coordination organique par action chimique. » La notion de la coordination, de la réglementation par voie nerveuse des manifestations de l’organisme est si connue, si banale, qu’il me paraît superflu d’en multiplier ici les exemples. Chaque fois que plusieurs actes se déroulent simultanément ou se commandent mutuellement dans l’organisme,