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Mais ces arguments ne convainquent pas l’auteur qui soutient que l’étude de certaines fonctions élémentaires, comme la sécrétion par exemple, est intimement liée à la connaissance de la structure. Il en est de même dans l’étude du système nerveux. « Le développement historique de la connaissance du système nerveux dans les dix dernières années nous en fournit des exemples immédiats. Depuis le moment où les morphologistes ont posé ce principe que le système nerveux est constitué d’unités structurales distinctes, de neurones, et ont pu apporter à l’appui de cette doctrine une série de faits importants, l’étude de la fonction a été conduite à l’aide de cette notion. » Même observation en ce qui concerne l’irritabilité. La question philosophique qu’impliquent les considérations précédentes, est celle de la portée de la méthode physico-chimique dans les sciences biologiques. Voici les conclusions de l’auteur : « Il est certain qu’on ne rencontre aucun processus vital qui ne consiste en phénomènes chimiques et physiques. Mais l’aspect purement physique et chimique ne comprend pas tout le phénomène biologique… car ce qui est proprement biologique, c’est-à-dire, ce qui réalise l’état de l’organisme animal en soi et relativement à ce que von Uexküll appelle le milieu, ce n’est pas le phénomène physique ou chimique, mais le lieu et le moment de sa production, en un mot les lois de temps et de lieu qui le régissent. »

L. von Bortkiewicz : Die statistischen Generalisationen. Voici une étude que les sociologues feront bien de méditer. L’auteur montre clairement qu’une généralisation statistique n’a pas la valeur d’une loi de la physique. Il remarque tout d’abord que dans la littérature allemande concernant ce sujet, on ne parle plus de lois statistiques, mais d’uniformités (Gesetzmässigkeiten) et de régularités (Regelmässigkeiten) statistiques. Il est évident qu’une constatation statistique — par exemple la constatation que 20 p. 100 des arrêts de justice sont des acquittements – se distingue radicalement d’une loi physique, la loi de Newton par exemple. « On serait plutôt tenté de mettre les nombres relatifs de la statistique sur le même pied que les coefficients empiriques de la physique… Voyons les différences. En physique, on a affaire à des valeurs numériques dont la validité n’est limitée ni dans le temps, ni dans l’espace… Il en est tout autrement des coefficients de la statistique. » Les statistiques sont généralement faites pour des régions déterminées, Angleterre, France, Allemagne. « Alors que le plomb, cuivre, fer, sont des notions qui embrassent un nombre illimité d’objets, tous reconnaissables à des caractères génériques invariables ; Angleterre, France, Allemagne sont des noms propres auxquels ne correspondent que des réalités absolument uniques. Il en est de même des expressions qui désignent certains espaces de temps, telles que xviiie siècle, la décade 1890-1900, etc. »










Le nombre statistique concernant la région entière ne s’applique pas à une partie de la région. Ce sera 25 p. 100 pour la France, 30 p. 100 pour tel département, 20 p. 100 pour tel autre. Mais la critique même des matériaux de la statistique que l’auteur fait sur un exemple (la stérilité des mariages) est particulièrement instructive. Il donne les tableaux établis par M. Kiaer pour la Norvège d’où il résulte que plus est grand l’àge de l’homme et de la femme, plus la proportion des mariages stériles est forte. N’insistons pas sur la hanalité du résultat. Ce qu’il faudrait établir, ce seraient des coefficients constants.Orles chiffres de la ville ne valent plus pour la campagne, ta profession influant aussi considérablement sur le résultat. On devrait aussi tenir compte de la race, du climat, de la législation, des maladies spéciales, etc. C’est dire que la relation simple qu’on espérait trouver entre l’àge et le coefficient de stérilité est tout à fait insuffisante. Et si, à force de divisions arbitraires on arrivait à un peu plus de précision dans l’espace, les nombres statistiques ne sauraient être valables que pour des périodes de temps restreintes, la règle dans la vie de l’humanité étant l’évolution ascendante ou descendante. En résumé, les formules statistiques ne sauraient être mises sur le même rang que les formules de la Mécanique et de la Physique. Tout d’abord parce que les constantes qui figurent dans les formules statistiques sont variables dans le temps et dans l’espace. Ensuite parce que la constitution même de la formule n’est jamais valable sans exception ». Fascicule II. L. Arrhénics Vie L’nencllichkeit der Welt. Après avoir donné quelques indications rapides sur les systèmes cosmologiques de la Grèce antique et des temps modernes, l’auteur examine les théories de M. Charlier et de JI. Seeliger mais nous ne saurions aborder ici l’examen de doctrines aussi techniques, et nous nous bornons à donner les conclusions d’Arrhénius qui peuvent intéresser les philosophes. « L’argument le plus frappant contre la limitation de la matière dans l’espace