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d’une manière universelle, car il existe des objets contradictoires, par exemple le nombre premier le plus grand. La contradiction ne suffit pas à démontrer la fausseté, car une foule de constructions géométriques peuvent impliquer contradiction. Dans l’univers réel, nous ne découvrons à la vérité aucune contradiction ; mais cela ne prouve pas qu’il n’en renferme point ou qu’il n’en doive renfermer au cours de son évolution. En réalité, le principe n’a pas de valeur logique ; il a seulement une valeur pratique et morale. Aristote l’a énoncé, non sans doute, pour des raisons théoriques, mais pour mettre fin aux paradoxes des sophistes. La nécessité de le maintenir dérive seulement de l’imperfection intellectuelle et morale de l’homme, prompt à mentir et à tromper.

Logica come Scienza del concetto puro, 2e édit. entièrement refaite, par Benedetio Croce. 1 vol. in-8 de 430 p., Gius. Laterza e Figli, Bari, 1909. — La Revue a rendu compte de la 1re édition (1905) qui se présentait comme une esquisse (Lineamenti). L’auteur, après quatre années d’études et de réflexions, nous donne maintenant l’expression ferme et définitive de sa doctrine. Il n’a rien changé au fond des idées, et il manifeste le même dédain pour la science logique et les concepts positifs. Aussi les critiques qui lui ont été adressées de ce point de vue restent-elles parfaitement applicables et justifiées.

Mais nous croyons rendre meilleure justice à M. Croce, en considérant sa « Logique comme science du concept pur » non point à titre de logique, mais comme métaphysique. Le vrai concept, nous dit-il, est à la fois universel et concret : il est toute la philosophie, et il est toute l’histoire. Qu’est-ce à dire, sinon que le concept pur est la raison, et la raison seule, une et universelle, comprise dans tout, et comprenant tout ? Ce qui n’est pas donnée immédiate ou raison universelle, ne peut être que concept factice et provisoire, pseudo-concept répondant à des besoins pratiques et momentanés.

On peut trouver cette logique métaphysique un peu simple, mais elle ne manque pas de grandeur. Elle est sans contact et sans influence à l’égard de la pensée scientifique. C’est ailleurs qu’elle a ses affinités et son rayonnement. Dans le domaine de l’histoire et de l’art elle a ses attaches et elle peut être une source féconde d’inspiration, en y renouvelant à la fois le sens de l’observation minutieuse et la conscience de leur signification profonde. M. Croce est appelé à préciser lui-même, comme historien et critique littéraire, le sens et la valeur de la philosophie.











REVUES ET PÉRIODIQUES

L’Année philosophique publiée sous la direction de F. Pii.lon. Vingtième année, 1909. 1 vol, in 8 de 2Si p. Paris, Alcan, 1910. – G. Rod[er Quelques remarques sur la conception aristotélicienne de la substance. L’être complet c’est la substance, et toutes les autres choses donton affirme t’être ne sont pas dans l’extension de Vo : j<jÏx comme des espèces, mais dans sa compréhension comme ses parties. » Telle est l’interprétation que il. Rodier expose avec une fermeté remarquable, qu’il défend contre les suggestions contraires de certains textes, en particulier de ccux oit Aristote semble admettre l’individuation pur la matière. L’individu véritable, [’o-ja’.x complète, c’est l’acte pur. Mais il reste vrai que pour les individualités qui ne sont pas parfaites, la

matière est un principe de contingence, elle ne se réduira pas complètement à une relation ; elle est à cet égard une réalité en soi ; il pourrait subsister ainsi dans le système d’Aristote « un fond irréductible de dualisme ».

Victok Delisos Su> la formation de l’idée des jugements synthétiques a priori chez liant – Etude à la fois très fidèle et très pénétrante des écrits antérieurs à la i dissertation de 1770, d’où ressort avec netteté le rythme original de la pensée kantienne. Kant commence par écarter le fantôme wollien de la possibilité logique, et fonde le possible sur l’existence. Mais L il conserve longtemps l’idéal d’une analyse philosophique qu’il oppose à la synthèse des mathématiciens. Or, si tout a priori, est analytique, toute synthèse est empirique d’où l’embarras de la pensée kantienne, dans les années fécondes qui

aboutissent à la découverte de l’intuition pure. Mais la théorie de 1770 sur les formes de l’espace et du temps ne touche pas encore au problème général dont Kant était parti, le problème des rapports de la pensée avec les objets réels, dont la déduction transcendenlale apportera la solution.

F. Pillon Les deux premières antinomies de Kant et le dilemme de Renouvier. Dans une longue et intéressante étude critique, M. Pillon reprend tour à tour les textes de Kant et la discussion de Renouvier. Il montre que l’antinomie dialectique Fini-Infini, doit être, comme