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p. 169-194. — M. Claparède examine d’abord et critique la théorie récente de Babinski qui définit, a priori, les troubles hystériques par la possibilité d’apparaître et de disparaître sous l’influence exclusive de la persuasion. Cette définition, incomplète et trop exclusive, entraîne une pétition de principe, dans l’usage qu’en fait Babinski, car elle est donnée tantôt comme simplement empirique, comme une formule pratique destinée à délimiter les troubles hystériques, tantôt comme une conception de l’hystérie, puisqu’il l’applique à tous les cas, donc à des cas autres que ceux sur lesquels elle repose. Pour M. Claparède la suggestion et l’auto-suggestion ne constituent pas des explications suffisantes. On ne fait que reculer la question. D’où vient que la suggestibilité est exagérée ? Or la suggestibilité, destinée normalement à harmoniser l’individu avec son milieu, est une fonction défensive, et toutes les réactions de défense sont exagérées chez l’hystérique par suite du phénomène du refoulement ou résistance qu’opposent ces malades à la réminiscence de certains groupes de souvenirs qui les affectent péniblement. Suivant que cette réaction de défense s’adresse à des souvenirs, à des actes ou à certaines régions du corps on obtient des amnésies, des paralysies ou des anesthésies ; quand l’inhibition est totale, on a la crise syncopale, homologue chez l’homme du réflexe de la simulation de la mort fréquent chez les animaux. — Le travail de M. Claparède pose des problèmes plutôt qu’il ne les résout, mais par son hypothèse ingénieuse de l’exagération des réactions de défense, et de la régression comme caractéristiques des troubles hystériques primitifs, par sa conception de l’hystérie « édifice à plusieurs étages » où les troubles hystériques s’enchaînent et se soutiennent les uns les autres, il ouvre la recherche des voies nouvelles.

Les bases psychologiques de la sociologie, par De Maday, n° 25 (juillet 1907), p.52-63.

Mémoire et association des idées.

Le rôle de la récitation comme facteur de la mémorisation, par D. Katzaroff, n° 27 (février 1908), p. 225-258. — Par une série de dispositifs ingénieux M. Katzaroff a vérifié ce fait que la récitation sous le rapport de la conservation, de la promptitude et de la certitude du souvenir, a une action fixatrice supérieure à celle d’une lecture ordinaire. Il en voit les causes psychologiques : 1° dans le contrôle qu’exerce sur la mémorisation une lecture intercalaire ; 2° dans l’état affectif du sujet qui n’est pas du tout la même au cours d’une lecture ou au cours d’une récitation ; 3° au point de vue de la dynamique cérébrale, dans le fait que les trajets nerveux que fraye la récitation sont ceux-là mêmes qui fonctionneront lors de l’épreuve. M. Katzaroff aurait pu ajouter encore que la récitation transpose les mots à apprendre d’une catégorie d’images dans une autre (images usuelles ou images motrices d’articulation), travail qui doit être fait et que l’on a par conséquent avantage à faire d’avance surtout si le sujet est un verbo-moteur.

Expériences scolaires sur la mémoire de l’orthographe, par Mlle  M. Métral, n° 26 (octobre 1907), p. 152-160.

Associations d’idées familiales, par C.-G. Jung, n° 26 (octobre 1907), p. 160-169.

Psychologie de l’enfance.

Les idéals d’enfants, par J. Varendouck, n° 28 (juillet 1908), p. 364-382. À quelle personne que vous connaissez par vos études ou par la conversation voudriez-vous ressembler ? À cette question, posée aux élèves de diverses écoles belges M. Varendouck obtint 745 réponses d’où il tire les conclusions suivantes. Les parents sont choisis très souvent comme idéal par les tout jeunes enfants et de moins en moins fréquemment à mesure qu’ils avancent en âge de huit à treize ans (p. 369). Inversement les personnes de l’entourage des enfants le sont de plus en plus souvent (p. 370). Le nombre des littérateurs choisis est assez restreint (p. 371). La liste des hommes célèbres présente plus de diversité que celle des auteurs (p. 373). Les filles choisissent beaucoup plus souvent leur idéal dans l’autre sexe que les garçons (p. 375). Les raisons du choix montrent que les préoccupations matérielles tiennent une grande place chez beaucoup de ces jeunes enfants, ce qui tient à la misère du milieu dans lequel ils vivent et l’auteur en conclut que les tentatives faites pour assurer aux écoliers une alimentation saine et abondante au moyen des cantines scolaires présentent un puissant intérêt pédagogique et, en améliorant les conditions d’existence des écoliers, élèvent par là même leur idéal. Enfin les qualités intellectuelles et artistiques sont en grand honneur parmi les enfants et le deviennent de plus en plus au fur et à mesure qu’ils avancent en âge.

Un cas de mythomanie (contribution à l’étude du mensonge et de la fabulation chez l’enfant), par G. Rouma, n° 27 (février 1908), p. 259-282. – Observation intéressante et détaillée d’un enfant de