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– 38 – M. Vermeil répond que Môhler ne le considérait pas comme absolu, parce qu’il croyait à une réciprocité d’action entre ces deux principes. Selon M. Andler, il aurait fallu marquer l’influence de Schiller, notamment ses idées sur la différence entre le naïf et le sentimental, passe ensuite aux idées organicistes de l’École, et croit que M. Vermeil en a exagéré la portée: ce sont surtout des métaphores; et le danger c’est, qu’elles entrainent à des métaphores plus modernes. Ainsi la création renouvelée de Môh 1er n’est pas le transformisme, comme semble trop le croire M. Vermeil: c’en est plutôt le contraire, quelque chose comme la théorie de Cuvier par rapport à celle de Lamarck. M. Vermeil reconnait qu’il n’a jamais pensé à une assimilation de cette théorie avec le lamarckisme, mais plutôt à une sorte.de vitalisme interne. M. Andler en fin aurait souhaité quelques autres éclaircissements sur la manière dont l’école de Tubingue a envisagé les questions sociales, en particulier la question de l’esclavage, celle de la propriété individuelle. celle des rapports des individus et des sectes avec PÉglise, M. Vermeil déclare que ces questions sont assez secondaires dans la doctrine de l’école. En tei minant. M. Andler rend hommage une fois de plus aux qualités dont a fait preuve M. Vermeil. M. Denis déclare avoir In avec un intérêt passionné la thèse de M. Vermeil c’est un des livres qui lui ont le plus appris et qui l’ont fa.it le plus réfléchir. 11 ne lui reproche, dans le détail, que certaines obscurités dues à la trop grande concision du style ou au trop grand nombre d’allusions non développées. Dans l’ensemble. le livre est très vivant et 1res solide: repose sur les recherches les plus consciencieuses, et l’auteur s’y est mis lui-même; beaucoup d’idées originales s’en dégagent. Peut-être M. Vermeil n-t-il une certaine tendance a systématiser il étudie l’école de Tubingue en bloc, et ne s’attache pas assez à en montrer l’évolution historique. On désirerait avoir plus de renseignements sur les sources de Môhler. M. Vermeil répond que la grande étendue de son sujet l’a obligé à se limiter et que sa thèse pourrait être complétée dans le sens qu’indique M. Denis. Môhler est considéré par M. Vermeil ranime un précurseur M. Denis le considérerait plu tôt comme marquant l’apogée du mouvement de réaction religieuse qui s’est dessiné, dés le commencement du xix" siècle, contre les excès de PAufklàrung. Môhler lui-même est parti de conceptions assez voisines de PAufklarung, un de ses articles en fait foi; c’est seulement sous l’influence du romantisme, et d’une façon progressive, que se sont dégagées ses idées personnelles. M. Vermeil est d’accord avec M. Denis mais il ne voit pas que ce dernier point de vue exclue le premier. il. Denis ferait quelques réserves quant au jugement élogieux porté par M. Vermeil sur le romantisme. Il reproche aux romantiques d’avoir eu, en géneral, une tendance au despotisme. M. Vermeil répond que le fond même de la pensée de Môhler, c’est la lutte contre tout absolutisme. C’est au nom de cette lutte contre l’absolutisme quelesromantiquesont une politique qu’on peut appeler « réactionnaire ». Môhler défend avec passion la liberté de l’Église. M. Denis fait remarquer ensuite que partout les romantiques ont fait grande la part de l’instinct, qui de lui-même tend à s’imposer. En terminant, M. Denis réitère les éloges qu’il a eu l’occasion de faire au livre, et il souhaite que M. Yermeil continue les études qu’il a si brillamment inaugurées, M. I)elbos félicite M. Vermeil du talent qu’il a mis à faire revivre l’esprit de l’école de Tubingue, et de la grande sympathie qu’il a manifestée pour ses idées. H lui fait part de l’admiration personnelle qu’il éprouve pour Môhler et son école, et de la joie spirituelle qu’il a ressentie à la lecture du livre de M. Vermeil. C’est cet intérêt spécial qui soutient l’attention du lecteur, malgré la difficulté du sujet et les obscurités qui tiennent à un style très expressif, mais parfois condensé. L’exposé de M. Vermeil semble avoir donné une importance exagérée à la part de t’organicisme romantique dans l’œuvre de Môhler. Si Môhler applique ce scheme à Pillée de l’Église et à celle de la tradition, l’applique-t-il au contenu des autres dogmes et à leurs rapports1; Ne laisse-t-il pas subsister des éléments dualistes, dans sa façon d’entendre les rapports de Dieu et du monde, dans les thèses concernant la liberté, le péché et la justification ? M. Vermeil reconnaît l’existence de ces éléments dualistes qui atténuent le monisme de Môhler; mais le fond essentiel de sa pensée est bien romantique, quoique son romantisme n’ait pu entièrement absorber tous les éléments traditionnels du catholicisme. M. Delbos remarque que Môhler n’aurait pas admis cette idée qui lui est attribuée dans le livre de M. Vermeil. « Un système