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mûmes ». Il est dit encore « Quiconque observe et accomplit la loi, c’est comme s’il l’avait édictée lui-mème et révélée sur le Sinaï ». Quelques passages analogues. trahissent évidemment rinfluence~d’idées helléniques sur les lois non écrites idées sans doute transmises par Philon, qui considère les patriarches comme incarnant les « lois non écrites » et affirme la supériorité morale du devoir ainsi accompli sur la simple obéissance envers la loi écrite.

M. J. Ueinemann examine la doctrine de l’hilon sur le serment et en signale lès origines stoïciennes. Pour Philon comme, pour le Portique, l’essence du serment consiste il prendre Dieu pour témoin. Et si Philon est hostile au serment, c’estsous l’influence d’idées bien moins juives 1-~ et rabbiniquesque grecques et notamment, stoïciennes.

M. Jacob Guttmann compare la "philosophie religieuse de Maimonide et celle d’AbrahamilDi Dtroud. Tandis que Salpmon, ibn Gabirol, Joseph ibn ZaddoketAbraham ibn Ksrn, tout en s’assimilant certains éléments de l’aristotélisme, sont au fond néoplatoniciens, tandis queJudaHalewise: refuse à adapter lc judaïsme à aucuii.sysr. timie philosophique, Ibn Daoud peut être considéré comme le premier philosophe juif qui ait adhéré à l’aristotélisme, qu’il connaissait à merveille et considérait comme la seule véritable philosophie; il: possédait également fond les écrits. des7 aristotéliciens arabes. 11 exercé sur Maimonide la plus décisive influence le plan mi’me du More de Maimonide paraît inspiré par YEmunuk Hamah d’IhnDaoud;, pour l’un et pour l’autre la fin de toute:, spéculation théorique est la connaissance, de Dieu, mais l’homme ne peut acquérir de notion positive de la nature deJQieu; l’on ne peut à la rigueur donner à Dieu_, que des attributs négatifs; notre Ct>nnais-_sance de Dieu se réduite à la connaissance de son existence et de l’impossibilité de scruter son être; la connaissance divine n’a que le nom de commun avec la connaissance humaine. M. Guttmann’signale

encore de nombreuses et profondes ana-ilogies entre les théories astronomiques., d’ïbn Daoud et de Maimonide, leurs idées, sur la prophétie, sur la Providence et l’existence du mal dans le monde, et sur_: la liberté humaine dans ses rapports avec lu prescience divine. ̃ i

l,a philosophie stoïcienne et la piélé~uivë font l’objet d’une pénétrante étude de M. Bergmann, qui relève les rencontres et les convergences entre un manuel, stoïcien comme celui d’Epictète- et le traité de la Mischna contenant les « sentences. .des pères ». Déjà Josèphe comparait la secte des Pharisiens à l’école .stoïcienne. Les docteurs juifs avaient t connaissance des idées essentielles du Portique par les juifs hellénisés d’Alexandrie, par les prosélytes grecs, par leurs rapports personnels avec des philosophes grecs. Les docteurs juifs sont comme les sages stoïciens des prédicateurs populaires, qui veulent gagner à eux les masses. Les uns et les autres pensent que Dieu est au monde ce que l’âme humaine est au -corps; que la Providence divine s’étend àtoutes les créatures; que le sage a confiance en Dieu^et est libre de soucis; que la douleur est une épreuve et une faveur de la divinité; que la vie et tous les biens de la terre sont un dépôt fait t entre les mains de l’homme par Dieu qui peut le lui-réclamer toute heure; que le sage est-un compagnon et comme un collaborateur de Dieu que la sagesse consiste à’ imiter la divinité; qu’il faut condamner les péchés et non les pécheurs; qu’il ne faut point juger; que la vertu est te tout de la sagesse; que le travail est la dignité de l’homme, etc., etc. Il faut noter pourtant une différence de ton absolue entre le stoïcisme pan théiste et le judaïsme, strictement attaché à la notion de la personnalitérdiyine la pensée stoïcienne est

avant tout laïque et rationaliste, la vertu y est le fruit de la sagesse et non de la piété; l’humilité pieuse lui est au fond inconnue, et pour elle l’idéal humain n’est pas comme dans le judaïsme le prophète inspiré de. Dieu, mais le philosophe en qui parle la, voix de la nature. M. Lewkowitz analyse la théorie de la prophétie chez Haimonide pour celui-ci la connaissance prophétique n’est pas le produit de dispositions naturelles, mais un libre-don de Dieu. L’état prophétique est d’ailleurs lié à des conditions physiques et psychologiques déterminées. Maimonide fait des concessions aux idées populaires sur le prophétisme, mais il cherche pourtant à en réduire le plus possible le- caractère miraculeux il voit dans le prophète un héros, un devin et un thaumaturge, et dans Moïse, qu’il met tout à fait à part parmi les prophètes, un être surhumain, dégagé, de toute nature corporelle et qui connaît Dieu sans l’intermédiaire de l’intellect actif.

M. Treitel consacre une courte mais savante étude à la théorie des puissances divines chez Philon et les Alexandrins el son .-•• influence en Palestine. Philon était nécessairement amené à une théorie. des puissances divines par sa notion d’un Dieu absolument transcendant qui ne peut .aucunement agir de façon directe sur la