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turel, Car., il semble1 bien que la philosophie .religieuse soit « la. plus authentique ennemie de la religion qu’elle ait toujours vécu à. ses dépens, qu’elle se soit depuis le .ryin° siècle adapté à une vie appauvrie et réduite à la « méditation de symboles pris franchement pour de purs symboles- ».•– Mais peut-elle se transformer? Oui, si elle reconnaît l’infécondité, dont-elle n’a ..cessé, de faire preuve. Rendues sa vraie nature, elle sera utile et productive. Sa mission réelle est de « compléter la métaphysique, de la conlfrontér, avec l’ensemble des ..vérités qui .débordent la. philosophie, de nous dire s’il faut superposer la-religion à la métaphysique. La religion dite naturelle. »

est définitivement condamnée. Bien comprise la philosophie. religieuse., peut avoir de. bons ’rapports avec la philosophie et la théologie. Elle, nous montrera, tout d’abord,, que l’intelligence déborde la raison, qu’au dessus des phénomènes ’physiques ou psychiques il existe une région mystérieuse, que les déterminismes.se hiérarchisent, se subordonnent, à des fins supérieures, peuvent.se suspendre à des actions libres, que le Divin « parle » au Monde,’ qu’il n’y a donc. pas a priori, pour l’intelligence, d’objection absolue contre le surnaturel et la révélation. Elle nous montrera ensuite que l’intelligence peut conseiller âlavolontédedemander.à. à la raison l’adhésion éventuelle à une reli’giqrTpbsïtive, car Je besoin religieux possède une valeur propre et la philosophie religieuse ne peut remplacer les religions positives. Elle pourra enfin nous indiquer s’il existe une religion positive digne de cette- adhésion de l’intelligence. Elle instituera directement l’examen des religions positives" Elle essaiera de les « insérer dans notre intelligence préalablement préparée.. et rectifiée. par une science exacte, une métaphysique normale, une critique impartiale. Elle aboutira ainsi au. judaïsme et au catholicisme comme types parfaits de religions positives. Telle est la conclusion de l’opuscule. Il est évident que la philosophe religieuse ne -doit ni ’empiéter sur le domaine de la philosophie et des sciences positives, ni vouloir substituer’ aux religions positives une religion dite « naturelle », Cette thèse a été souvent reprise depuis Schleiermaeher. On l’accordera sans peine., à

M. Leclère.fl est également vrai de dire que la philosophie religieuse a pour mission particulière de fonder rationnellement l’exigence du surnaturel et la légitimité principielle des religions positives. Mais la faire aboutir directement au catholicisme,, c’est la. confondre avec a son principe dans le catholicisme lui-même, s’il faut réduire la mentalité catholique essentielle à la dureté, à T.insin?-. cérité, à la sénilité. Le professeur, é.n, question considère à tort les insuffisances doctrinales comme la cause déterminante des erreurs pratiques. C’est le contraire,; qui est vrai. L’on déforme le catholicisme comme l’on déforme la démocratie ou .lascience. La notion idolâtrique de la vérité-chose » et la substitution du Dieu de pierre au Dieu vivant sont des erreurs que le catholicisme partage avec r les divers domaines de l’activité intelléctuelle ou pratique. L’Eglise n’est pas une, doctrine et une institution immuables. Elle est un organe de rédemption,- jine*: œuvre de devenir, un enfantement progressif. Elle introduit dans la misère

humaine un principe de transformation;. L’essentiel est d’adopter une attitude,moyenne entre ceux qui sont plus-catholiques que le Pape et ceux qui ont la. manie des innovations radicales. Ce qu’il faut voir, dans les difficultés présentes, c’est la fonction qui s’accomplit par elles et maigre elles. L’Eglise, comme; tout organisme social, est soumise à. des épreuves. Elle peut se donner. comme organe de vérité sans vouloir..asservir, les esprits. Entre la révolte et la soumission absolue, entre le mépris et l’idolânV trie (les doctrines ou des institutions existantes, il y a place pour une ceuvre de réformes. 11 s’agit toujours de considérer, non pas ce que les hommes font du.catho- «  licisme, mais l’idéal que le catholicisme, leur impose. C’est là une excellente définition de l’attitude que doit adopter le catholicisme à l’égard du monde mo-, derne. En ces pages émues du P. Lab.çr-v thonnière revit l’esprit qui a guidé Môhler; Newman et les penseurs catholiques. les plus féconds du xix° siècle.; La. voie_ moyenne peut seule conduire à la solution du problème, éternel en ses _don-_nées, dos rapports entre le catholicisme. et la civilisation. ••resir;-™; t?. Le Bilan de la Philosophie Religieuse, par A. Leolère. 1 vol. in-16 de ii3 p., Paris, Bloud. KU2. – L’auteur de ce suggestif opuscule essaie de déterminer clairement la place, fort restreinte a son avis, que doit occuper, dans l’ensemble, des disciplines intellectuelles, la philosophie religieuse. Il s’agit de savoir si elle. sera définitivement abandonnée par la. philosophie et la théologie entre lesquelles elle se trouve. Situation tragique s’il en fut. puisque la métaphysique nïbderne: repousse avec énergie toute invasionl dela philosophie religieuse et que la théologie lui reproche d’humaniser le.SUrna-