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catégorie de l’idéal. Fouillée pensait de même qu’à vouloir résoudre le problème du libre arbitre comme un problème de physique, on aboutissait fatalement à la négation de la liberté : l’idée de liberté n’en restait pas moins une réalité psychologique, une force de l’âme humaine qui permet a celle-ci, quotidiennement, de réagir par le déterminisme contre le déterminisme. Première ébauche de cette « Philosophie des Idées-Forces » au développement de laquelle il devait consacrer dorénavant toute son existence. De même encore, libéral, républicain, démocrate, Fouillée, toujours vivement préoccupé de philosophie politique et de morale civique, proposait son système comme étant de nature a amortir les oppositions courantes : organicisme et contractualisme, individualisme et socialisme. La Revue, d’ici peu, consacrera une étude approfondie à l’œuvre si considérable d’Alfred Fouillée. Est-il permis dès à présent de définir, en quelques mots, l’importance historique de cette œuvre ? Sans doute, en raison du rôle auquel il prétendait se borner, d’un inventeur de transactions entre systèmes rivaux, Fouillée s’interdisait d’occuper, parmi les philosophes de son temps, la place prééminente prise par ceux qui se donnent pour des novateurs absolus, des révolutionnaires ; ajoutons que, condamné par le mauvais état de sa santé a plus de trente années de vie solitaire, il se trouva privé de ce dont une pensée aussi souple que la sienne avait le plus besoin : le contact immédiat avec l’intelligence vivante de son temps. Mais il sut conserver intacte, à travers une période difficile, les plus hautes traditions de la spéculation française. Dans tout le monde latin, il avait un public immense de lecteurs fidèles ; et précisément parce qu’il était, à beaucoup d’égards, un demi-positiviste, il réussissait à entretenir, dans des milieux en apparence fort réfractaires, le goût des problèmes fondamentaux de la pensée et de l’action. Il eut, en outre, au moins un élève, un disciple, pendant ses années de solitude ; et, dans la manière même dont Guyau pose le problème philosophique, dans sa préoccupation initiale de trouver une situation intermédiaire entre l’idéalisme traditionnel et le naturalisme, on reconnaît l’action immédiate de son parent et de son maître. Or, on est trop disposé à oublier aujourd’hui combien les livres de Guyau eurent de lecteurs et d’admirateurs entre 1880 et 1890 ; ceux mêmes qui, vivants encore, subirent alors sa fascination, en ont peut-être aujourd’hui perdu le souvenir. Si cependant la réaction contre le naturalisme d’alors a pris depuis une vingtaine d’années une tournure vitaliste, ou pragmatiste, l’influence de Guyau, et par suite indirectement, celle de Fouillée y est peut-être pour plus qu’on ne croit.

LA PHILOSOPHIE DANS LES UNIVERSITÉS

(1912-1913)


FRANCE


Paris.
Collège de France

Philosophie moderne : M. H. Bergson, professeur.

Psychologie expérimentale et comparée ; M. le Dr Pierre Janet : Les tendances intellectuelles et les idées générales.

Faculté des Lettres.

Philosophie : M. Gabriel Séailles, professeur.

Histoire de la philosophie moderne : M. L. Lévy-Bruhl, professeur.

Histoire de la philosophie ancienne : M. G. Rodier, professeur.

Philosophie et psychologie : M. Victor Delbos, professeur. Cours public : le Spinozisme (mercredi à 4 h. 45). — Conférences : Exercices et explications des textes en vue de la licence (jeudi, à 3 h.). — Exercices et explications de textes en vue de l’agrégation (mercredi, à 9 h. 15).

Logique et méthodologie des sciences : M. André Lalande, professeur.

Histoire de la philosophie dans ses rapports avec les sciences : M. G. Milhaud, professeur.

Psychologie expérimentale : M. G. Dumas, professeur. Cours fermé : les sensations et les mouvements (mardi de 2 à 3 h.). — Travaux pratiques et conférences de psychologie pathologique à Sainte-Anne, le samedi.

Psychologie : M. H. Delacroix, maître de conférences.

Histoire de l’Économie sociale : M. G. Bouglé, chargé du cours. — Le mardi, à 3 h. 30 : Cours fermé, premier semestre : Morale et Sociologie. Cours public, deuxième semestre : L’Économie sociale du Positivisme. — Le jeudi, à 9 h. : J.-J. Rousseau, Contrat social (explications en vue de l’agrégation) ; à 4 h. : Recherches sur l’économie politique et la science de la morale ; à 5 h. : Direction de travaux (diplôme d’études supérieures).