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arrive régulièrement pour ceux qui seront de grands savants » (p. 65). « L’instruction personnelle par les livres est justement celle qui convient le mieux au génie futur » (p. 235). « L’idéaliste n’est pas celui qui s’occupe de choses inutiles, c’est plutôt celui qui, selon sa profession, met sa vie au service de son pays et de l’humanité, c’est-à-dire leur est utile » (p. 245). « Il est d’autant plus difficile de reconnaître la valeur d’un nouveau progrès que ce progrès est plus grand » (p. 257). « On donnera aux romantiques toute facilité pour faire de l’enseignement, et on en dispensera les classiques autant que possible » (p. 294). Ces citations peuvent donner une idée de la saveur de cet ouvrage. Voici les titres des chapitres : Humphry Davy, Julius Robert Mayer, Michel Faraday, Justus Liebig, Charles Gerhardt, Hermann Helmholz. Idées générales (Supériorité des Allemands, Mouvement rétrograde en Italie et en France, pp. 218-223). La jeunesse. L’œuvre importante. Classiques et romantiques. Ce livre est tonique partout, par une sérénité en face des passions.

Hegels Doctrine of Formal Logic, being a translation of the first section of the subjective logic, avec une introduction et des notes par S. Macran, Fellow of Trinity College and Professor of Moral Philosophy in the University of Dublin, 1 vol. de 315 p., Oxford, Clarendon Press, 1912. — La Wissenschaft der Logik écrite par Hegel à Königsberg, comprend, comme livre III ou deuxième partie, une Subjektive Logik dont la première section est consacrée a ce que l’on appelle communément logique formelle : c’est cette première section, divisée en trois chapitres, dont le premier traite du concept, le second du jugement, le troisième du syllogisme, que M. Macran a traduite avec beaucoup de soin et dans une langue fort claire. Il l’a traduite, d’une part pour donner quelque idée de ce que Hegel entend par logique, au jeune étudiant à qui l’on dit que la doctrine de Hegel est un panlogisme, et qui s’imagine en conséquence que Hegel voit l’explication ultime de toute réalité dans des idées telles que celle-ci : « de ce que tous les porcs sont des animaux, il résulte que quelques animaux sont des porcs » ; et d’autre part, pour montrer que la Logique, la science du λόγος, de la raison divine ou du Verbe, peut être autre chose qu’un ensemble de remarques puériles sur la compréhension et l’extension de « John Smith », d’hexamètres détestables destinés à rappeler des distinctions bonnes à oublier, etc. (p. 3-5). À sa traduction, M. Macran a joint des notes où il précise utilement le sens que certaines notions traditionnelles ont pris dans la langue de Hegel ; deux appendices sur la différence de la conception hégélienne et des conceptions populaires de la logique formelle, et sur la théorie hégélienne des figures du syllogisme, et une introduction étendue (p. 7-111) où il examine très brièvement, mais avec précision et clarté, un certain nombre de points délicats de la logique de Hegel ou même du système hégélien en général : la conception de la philosophie ; l’ordo cognoscendi ; la vérité absolue ; la pensée, sa forme et son contenu ; l’idée d’évolution ; la méthode logique ; les divisions de la logique ; la conception de la logique formelle ; la valeur de la vérité ; la réalisation de la pensée ; la philosophie de la nature ; la philosophie de l’esprit ; les rapports de l’hégélianisme et du christianisme ; le caractère synthétique de la philosophie hégélienne. Il est visible que M. Macran est animé pour cette philosophie d’une très grande admiration, d’une vive sympathie, qu’il y trouve « la plus véridique défense et la plus juste explication du vrai, du bien et du beau » (p. 110). Cette admiration et cette sympathie font fort bien servi, lui ont fait noter avec un tact très sûr les points où la pensée de Hegel est la plus concrète, la plus plausible, la plus vivante aussi et la plus actuelle. Ses interprétations, lors même qu’on pourrait les contester, sont exposées avec une fermeté remarquable (exemple p. 98). Ce volume sera certainement apprécié en Angleterre comme une utile introduction à l’étude de l’hégélianisme.

La reazione idealistica contro la scienza, par A. Aliotta. 1 vol. in-8 de 526 p., Casa éditrice « Optima » Palerme, 1912. — Répondant à un sujet de concours ainsi proposé : Des principales tendances contemporaines de la théorie de la connaissance, avec référence spéciale à la philosophie des sciences, M. Aliotta voit d’une manière générale le caractère prédominant de la philosophie contemporaine dans la réaction contre l’intellectualisme. Par intellectualisme, il entend, en un sens très large, les théories de la connaissance qui accordent une valeur propre et autonome à la fonction cognitive ; et il englobe sous le nom de réaction toutes les tendances pour qui la valeur de la connaissance dépend d’autres fonctions de l’esprit, et qui placent au-dessus de l’intelligence le vouloir et l’imagination.

Dans une première partie, il étudie d’abord la genèse de la réaction contre