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quels l’auteur ne peut échapper, parce qu’ils sont donnés dans le plan même et l’idée de son ouvrage, et auxquels il se résigne parce qu’il croit utile d’écrire son livre de telle manière, en vue de tel but, pour tel public. « Y avait-il lieu, se demande M. Roques, d’écrire un ouvrage aussi sommaire et qui, nous le savons, fait tort à Hegel en présentant sa pensée sous une forme trop simple ? Nous serions sans excuse s’il était aisé à tous d’aller au texte et aux ouvrages de critique étrangers, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Que les lecteurs que notre livre mécontentera veuillent bien prendre en mains le texte de Hegel, l’étudier avec soin, et donner à notre philosophie française de solides études de détail. Nous serions pleinement satisfait si notre livre, bientôt surpassé, devenait inutile. Mais tel qu’il est, et provisoirement, il fournit peut-être une introduction à une étude du hégélisme et aidera peut-être aussi à dissiper quelques-uns des préjugés qui règnent encore chez nous à l’égard de Hegel. » Nous citons ces lignes parce qu’elles marquent fort bien à la fois les qualités et les lacunes de l’ouvrage de M. Roques. Il a bien écrit le livre qu’il voulait écrire, et il serait assez vain de lui reprocher de n’avoir pas voulu en écrire un autre.

Éloges Académiques et Discours, par Gaston Darboux. Volume publié par le Comité du Jubilé scientifique de M. Gaston Darboux. 525 p. in-16, A. Hermann et fils, 1912. – La tradition veut que le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences prenne rang parmi les premiers, parmi les plus philosophiques, écrivains de sa génération ; et M. Darboux ne dément pas cette tradition. Il a raison de protester, quoiqu’il ait peut-être tort d’en rendre Pascal responsable, contre le préjugé qui exclut les géomètres de l’esprit de finesse. Nul n’est plus disposé qu’un mathématicien à tenir compte de l’individuel et de l’original ; et l’on verra dans ce volume comme M. Darboux fait ressortir à merveille, avec une précision qui n’est pas exempte d’une pointe de malice, les traits qui fixent la physionomie particulière d’un Joseph Bertrand, d’un Charles Hermite, ou d’un Antoine d’Abbadie. Nul n’a plus le sens de l’universel, qu’il s’agisse de mettre en lumière l’unité intrinsèque de la science, ou d’insister sur le rôle grandissant que joue dans le progrès scientifique l’organisation internationale. Sur ce dernier point, qui marque le caractère propre de la science dans la génération actuelle, on trouvera le plus grand intérêt à relire les pages consacrées par M. Darboux à la Carte du Ciel, et surtout à l’Association internationale des Académies.

Der Wahrheitsgehalt der Religion, par Rudolf Eucken, 3e éd. remaniée. 1 vol. in-8 de 421 p. Leipzig, Veit, 1912. — On connait cet ouvrage où le philosophe d’Iéna s’interroge sur la religion, et s’efforce à distinguer de ses formes contingentes et périssables son contenu de vérité et son essence immortelle. Cette troisième édition se distingue des précédentes par quelques modifications dans la forme et par des additions qui concernent surtout les réalisations pratiques du besoin religieux.

Der menschliche Weltbegriff, par le Dr  Richard Avenarius, 3e éd. augmentée. 2 vol. in-8 de 274 p. Leipzig, Reisland, 1912. — Les lecteurs de cette revue se souviennent des articles que M. Delacroix a consacrés à l’empirio-criticisme de Richard Avenarius. L’ouvrage dont nous signalons la troisième édition est, avec la Critique de l’expérience pure, l’œuvre essentielle d’Avenarius. Les éditeurs y ont joint de très importantes Remarques sur le concept de l’objet de la psychologie, qui avaient paru en 1894 et 1895 dans la Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche Philosophie (vol. {{romain|xviii et xix) : Avenarius y donne une définition du concept d’introjection « légèrement différente de celle qui est contenue dans Der menschliche Weltbegriff » et il « semble que cette première définition soit plus propre que l’autre à faciliter l’intelligence de la notion fondamentale de l’empirio-criticisme ». D’une manière générale la forme de ces Remarques est moins abstruse, plus vivante que celle des grands ouvrages d’Avenarius, et, pour cette raison, les éditeurs ont eu une idée heureuse en les ramenant au jour. Ce volume contient enfin un article de Wilhelm Schuppe qui avait paru en 1893 dans la Vierteljahrsschrift sous le titre La confirmation du réalisme naïf. Lettre ouverte au Prof. R. Avenarius. M. Schuppe y signale la concordance de ses vues avec bon nombre des théories d’Avenarius, et s’efforce d’établir que sa doctrine, classée à tort d’ordinaire parmi les doctrines idéalistes est, en vérité, réaliste (p. 151). Cet article peut être considéré comme une exposition à peu près complète et particulièrement dense des idées de M. Schuppe.

Wissenschaftliche Beilage, supplément au 24e rapport annuel de la Société de Philosophie à l’Université de Vienne. 1 vol. in-8 de 111 p., Leipzig, J. A. Barth, 1912. — Ce volume contient cinq conférences dont voici le contenu.