Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1910.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

coste, 1 vol petit in-8° de ix-306 p. Schleicher, Paris, 1909. — Nous ne pouvons que signaler ici cette traduction de l’œuvre de Spencer The data of Ehtics, que la maison Schleicher nous donne aujourd’hui dans la Bibliothèque de philosophie pratique.

I massimi Problemi, par Bernardino Varisco. 1 vol. in-8 de 331 p. Libreria éditrice milanese, 1910. — Les Problèmes essentiels sont la métaphysique d’un penseur positiviste, une œuvre vigoureuse de réflexion systématique, qui, sans vaine prétention à l’originalité, réussit à être personnelle au meilleur sens. M. Varisco avoue que son livre aurait besoin de développements, pour fixer et faire comprendre la signification de certaines idées ; et il se propose de publier un autre volume, où il sera montré comment les solutions présentées des problèmes essentiels sont les résultats du développement progressif de la philosophie (p. 244). Nous conseillons de commencer la lecture par les très intéressantes Notes de l’auteur, d’où nous extrayons les considérations suivantes.

Les Problèmes essentiels marquent, dans l’œuvre de M. Varisco, un changement à certains égards radical, ou tout au moins un notable développement. Tout d’abord M. Varisco veut nous présenter un système indépendant de toute préconception, alors qu’il estimait autrefois un tel système impossible. Ensuite il ne se contente plus de dire : La métaphysique ne peut se construire que sur les bases de la science ; mais il ajoute : elle se construit, en faisant non pas une synthèse des connaissances scientifiques, mais une théorie de la connaissance ; et la réflexion philosophique reconnaît une même valeur positive, non seulement aux sciences proprement dites, mais à tout ce qui est donnée de connaissance. De là découlent d’importantes conséquences. Ses recherches antérieures se terminaient sur cette question : Est-il possible d’accorder à la morale sa place dans une réalité faite de telle et telle manière ? Et il semblait qu’à la question on dût répondre plutôt par la négative. Maintenant au contraire M. Varisco introduit la valeur dans sa conception du monde, et à une place telle, qu’il suffit désormais d’approfondir l’idée de valeur pour résoudre le problème essentiel de la philosophie. Il croyait le déterminisme scientifiquement prouvé ; et maintenant il admet des centres de spontanéité, c’est-à-dire de contingence et de liberté. Enfin il est passé de l’empirisme au rationalisme, et il voit dans la raison humaine la conscience de la rationalité universelle.

Mais ce changement de point de vue ne va pas jusqu’à modifier l’attitude d’esprit du philosophe qui reste foncièrement positif, s’il n’est plus strictement positiviste. Ainsi il rejette le mystère et l’inconnaissable. « Quand on a fait, dit-il, la théorie des choses et la théorie de la connaissance, on a fait la théorie de tout ce qui existe, de tout ce qui est possible. L’intelligence ne peut aller au delà, non que les forces lui manquent, mais parce qu’au delà rien n’existe plus » (p. 260).







Dans l’exposé de sa doctrine, M. Variscb ne traite pas sans doute tous les problèmes essentiels, mais il y touche de près ou de loin, et il en prépare la solution. On peut distinguer dans son livre une sorte d’Introduction La recherche du vrai, où il montre l’importance théorique et pratique de la philosophie, la méthode qu’elle doit suivre, l’unité de la connaissance et de l’action, la nécessité d’aller au vrai de toute son âme. Puis trois parties principales 1° La sensation. Souvenir, sentiment, action. La connaissance. Ce serait A peu près exactement l’épistémologie. 2° Les valeurs. Base de la philosophie morale. 3» Réalité et raison. L’être. Ce sont les principes de l’ontologie. Nous ne pouvons suivre l’auteur dans ses raisonnements très serrés. II suffira de dire qu’il aboutit à une sorte de monadologie, et que sa pensée rappelle celle de Berkeley, de Lotze, de Rosmini. Son investigation s’arrête, au moment où elle va l’entraîner à affirmer à la fois la permanence des valeurs et l’existence en soi, transcendante, du Principe de l’être. Pour sauver la permanence des valeurs, dit-il, il faut admettre que la nécessité causale se subordonne à une finalité intentionnelle; c’est-à-dire, admettre que l’être est doué d’autres déterminations que les êtres concrets, et qu’il produit en soi- les concrets, non par nécessité, mais pour atteindre une fin. pour réaliser un dessein préétabli. Et alors le concept d’être se. transforme en l’idée traditionnelle de Dieu- Le philosophe, parti du positivisme, avant de faire ce dernier pas, avant de proclamer la transcendance, demande à réfléchir encore, afin d’approfondir davantage la la théorie des valeurs. M. Varisco, par cet important ouvrage, s’assure -une place originale dans la philosophie italienne. Il s’éloigne du positivisme sous sa forme doctrinale; mais il conserve une méthode positive, qui l’em-