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idée, très sobrement présentée dans l’introduction, n’est appuyée dans la suite que par l’accumulation des exemples. Successivement l’auteur étudie Les persistances rythmiques chez les végétaux et chez les animaux (p. 48-96) ; La mémoire animale, notamment chez les invertébrés et vertébrés inférieurs (p. 144-161), Le dressage des oiseaux et des mammifères (p. 161-181), La mémoire sensorielle et la mémoire topographique à tous les degrés de l’échelle animale (chap. iv du Liv. ii). Signalons à l’attention des philosophes une exposition des méthodes de recherche (p. 96-142) nourrie d’exemples, et présentée avec rigueur et clarté par un homme qui joint à une information très étendue la pratique des investigations de ce genre.

L’étude de la mémoire humaine (p. 240-328) semblera moins nouvelle et peut-être dominée par des concepts trop peu critiqués (acquisition, conservation, reconnaissance, évocation, localisation). Peut-être l’auteur hésite-t-il un peu, ici, entre la méthode introspective, dont il devrait vouloir se passer, et la méthode strictement physique qui a ses préférences. (V. p. 279). Mais cette incursion dans le domaine de la psychologie proprement dite est l’occasion de critiques assez vives et sensées (p. 204 et 312) ; aussi revient-il bientôt à une méthode strictement objective (Mémoire des enfants, p. 305-321).

Notons des conclusions intéressantes, quoique moins précises (La mémoire sociale et ses dangers p. 350). « : C’est son passé qui a stérilisé la Chine, etc. » (p. 351). — « La prédominance en France des études historiques paraît bien constituer une des principales causes de notre décadence relative, etc. » Comment prouver cela ? On préférera, je crois, les ingénieuses et instructives recherches dont ce livre est nourri, sur les mollusques, sur les poissons, sur les oiseaux, sur les singes.

Contribution à la Pédagogie de l’Adolescent, par P. Menbousse, professeur au lycée de Digne, docteur ès-lettres, 1 vol. in-8 de V-315 p. Paris, Alcan, 1909. La crise psychologique de la puberté, les facultés nouvelles qui s’éveillent avec elle, le tableau de la vie intellectuelle, affective et morale, chez l’adolescent, tels sont les sujets traités par M. Mendousse dans cet ouvrage qui a été sa principale thèse pour le doctorat. Les qualités en sont dans la finesse de l’analyse, dans la sympathie et la pénétration, avec lesquelles l’auteur a su partager les émotions, les idées naissantes, les désirs et les fluctuations morales des jeunes gens. Sur des sujets où il était facile de manquer de tact et de mesure, il a toujours gardé un sentiment très délicat de la nuance juste : les chapitres sur l’amour et le rare sont, à cet égard, parmi les meilleurs de l’ouvrage. Il apporte de nombreuses observations personnelles et quelques documents d’un réel intérêt psychologique.

Le défaut est que les grandes lignes manquent : chaque chapitre est un recueil de documents et de remarques qui se rattache par un lien fragile à ce qui l’entoure et même aux grandes divisions dans lesquels il est placé. C’est ainsi que la seconde partie qui a pour titre « l’Anarchie des tendances » comporte d’abord deux chapitres sur les Discordances intellectuelles, l’Instabilité mentale, puis une étude sur la Fatigue et le Délassement.

D’autre part les conclusions sont un peu indécises. Tantôt M. Mendousse semble partisan d’un libéralisme presque illimité dans l’éducation des adolescents, tantôt au contraire il semble admettre qu’il faut les adapter à la morale de leur temps et de leur pays par une habile direction et se sépare nettement des « non-interventionnistes »

Le livre se termine par une bibliographie d’environ 140 titres, mais qui a le défaut de n’être ni complète ni classée.

Du Dressage à l’Éducation, par P. Mendousse, professeur au lycée de Digne, docteur és-lettres. 1 vol. in-16, de 189 p. Paris, Alcan, 1910. — L’objet de ce livre est d’établir la part nécessaire du dressage dans l’éducation. La première partie est une étude, très richement documentée, en même temps que clairement et vivement écrite, sur le dressage des animaux. La seconde, moins originale, est une dissertation sur le rôle du dressage dans la formation, non seulement des arts moteurs, mais des facultés intellectuelles et morales. L’idée essentielle est que le dressage est la condition de l’initiative et de la création personnelle, et que les doctrines de Rousseau, de Kant, de Pestalozzi sont en faute pour ne l’avoir pas aperçu. On trouve dans ces derniers chapitres quelques indications brèves mais intéressantes sur la pédagogie qui convient aux divers âges : enfance, seconde enfance, adolescence.

L’Éducation des Anormaux. Principes d’éducation physique, intellectuelle, et morale, par les Drs Jean Philippe et Paul Boncour, 1 vol. in-16 de 209 p., Alcan, 1910. – Le principe que défendent et qu’essaient de faire triompher les auteurs de ce petit livre, c’est l’idée de