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auxquels correspondent les sensations complémentaires. Cette hypothèse explique comment à une couleur simple réagissent les deux autres couleurs (M. Brentano admet que les trois couleurs simples, le bleu, le jaune et le rouge sont reliées à une même source d’énergie et l’appareil producteur des sensations de blanc et de noir à une autre), c’est-à-dire la couleur composée qui résulte de leur combinaison. De cette théorie découle également une nouvelle conception du contraste des couleurs : il s’agit d’une opposition purement physiologique, nullement d’une incompatibilité psychologique et dans certains cas, comme dans le spectre, lorsque l’on diminue progressivement l’intensité de la source lumineuse, on perçoit une couleur grisâtre, qui est nettement teintée de vert olive et que M. Brentano, qui l’appelle un vert-rougeâtre, considère comme un mélange de toutes les couleurs simples ; de bleu, de jaune, de rouge, et aussi de blanc et de noir.

Der Intellektualismus in der Griechischen Ethik, par Max Wundt. 1 vol. in-8 de 103 p., Leipzig, W. Engelmann, 1907. — L’objet de ce travail, qui est une sorte de préface à une histoire générale des morales grecques, est de montrer la part considérable de l’intellectualisme dans l’Éthique des Grecs. Le principe de toutes les morales grecques, depuis Homère jusqu’à Plotin, est la subordination des instincts et des passions à l’intelligence, leur idéal est le gouvernement rationnel de la vie humaine : Cet idéal est réalisé par le sage, en qui l’intelligence s’unit à la volonté droite (pp. 1, 100, 101). L’intellectualisme grec a pris deux formes une forme proprement rationnelle et scientifique chez Démocrite et Socrate, et une forme religieuse et mystique (p. 18) dont l’ascétisme orphique du vie siècle nous offre l’exemplaire le plus ancien (pp. 22 et 29). L’histoire des morales grecques nous montre le spectacle du conflit de ces deux sortes d’intellectualisme, qu’Aristote réussit à réconcilier un moment. Après Aristote, l’élément mystique va prédominer dans les spéculations fantaisistes du néopythagorisme et du néoplatonisme. La dissertation de M. Max Wundt (dont les matériaux semblent empruntés pour la plupart aux travaux de Köstlin et de Ziegler) énonce avec beaucoup de clarté et d’élégance des idées raisonnables. Et il faut espérer que l’histoire annoncée réalisera le beau programme dont nous trouvons ici l’esquisse et le plan.

Neue Studien zur aristotelischen Rhetorik, insbesondere über das Γένος ἐπιδειϰτιϰόν (Genos epideiktikon), par Oskar Kraos. 1 vol. in-8 de 117 p., Halle, Max Nietneyer, 1907. — L’auteur a proposé, en 1905, une interprétation nouvelle du λόγος ἐπιδειϰτιϰός (logos epidektikos), mentionné dans la Rhétorique d’Aristote. Ce n’est pas, selon lui, un discours d’apparat, mais un discours destiné à montrer (ἐπιδειϰνύναι (epideiknunai)) la valeur morale d’une action, son caractère honnête ou honteux. Une recension fort méprisante de Wendland a été l’occasion de l’ouvrage présent, où M. O. Kraus défend, non sans quelque violence, son interprétation. La Rhétorique d’Aristote se rattache au système tout entier du philosophe, (pp. 14-15), c’est-à-dire qu’Aristote reste fidèle aux conceptions morales Platon et de Socrate. Au discours d’apparat pratiqué par les Rhéteurs — et rejeté déjà par Platon dans le Phèdre et le Menexène, — Aristote, comme son maître, oppose le discours épidictique, où les actions des hommes sont, dans les termes les plus simples et les plus clairs, sans aucun ornement parasite, louées ou critiquées comme elles le méritent (p. 28) M. O. Kraus attaque vivement, dans les chapitres 5, 8, 9, diverses corrections ou interprétations proposées par R. Wendland. D’après lui (chap. 8, p. 58-Sij le discours épidictique doit être distingué de l’ἐπίδειξις (epideixis) des Rhéteurs, dont il diffère comme l’espèce du genre c’est une espèce déterminée et définie par son caractère moral. Le ton violent sur lequel cette dissertation est écrite enlève quelque portée aux conclusions de l’auteur. Au surplus, les raisons que M. O. Kraus apporte en faveur de son hypothèse sont faibles. Et l’interprétation subtile qu’il propose est contraire à tout ce que nous savons des méthodes objectives employées par Aristote dans sa Rhétorique.

Philosophes contemporains par Halard Höffding, professeur à l’Université de Copenhague, correspondant de l’Institut de France, traduit de l’allemand par A. Tresmesaygues, 1 vol. in-8 de 208 p., Paris, Alcan, 1903. — C’est le complément de l’ « Histoire de la Philosophie moderne », qui s’arrêtait en 1880 ; et M. Höffding, dans l’introduction du présent volume, nous explique pourquoi il avait choisi cette date pour terminer son étude. En premier lieu, le conflit des deux grands courants de pensée du xixe siècle », du romantisme et du positivisme, avait pris fin vers cette date. Et la raison nous paraît médiocre : ne pourrait-on prétendre que, de nos jours encore, se reproduit, sous des formes à peine nouvelles, le conflit de ces deux tendances ? En second lieu, nous manquons,