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se lèvera de la même façon : en prolongeant cette suite. » L’intention de l’auteur n’ayant certainement pas été de soulever des discussions relatives à l’infini mathématique, mais plutôt de les écarter, nous n’ouvrirons pas non plus le débat en nous demandant si son attitude radicalement négative guérit ou envenime la plaie (la controverse sur l’infini). — Nous nous en voudrions de ne pas indiquer en terminant quelques-unes des théories mathématiques exposées dans ce savant ouvrage : Équations diophantiennes du premier degré ; systèmes de telles équations ; théorie des substitutions linéaires homogènes ; théorie arithmétique des formes linéaires à coefficients entiers ; théorie des formes bilinéaires ; éléments de la théorie des congruences ; calcul des tableaux ; tableaux entiers, etc.

Histoire de la Science Politique dans ses Rapports avec la Morale, par Paul Janet, 4e édition. 2 vol. in-8 de ci-608 et 779 p., Paris, Alcan, 1913. — Nous ne faisons que signaler cette réédition qui s’imposait d’un ouvrage classique. La présente édition, revue d’après les notes laissées par l’auteur, est précédée d’une notice sur la vie et les travaux, de Paul Janet, par G. Picot. Elle ne présente, d’ailleurs, par rapport à la troisième, aucune modification appréciable.

Les Pères du Système Taoïste : Lao-tse, Le-tse, Tchoang-tse (Le Taoïsme, t. II), par le Dr Léon Wieger. 1 vol. gr. in-8 de 511 p., Hokien-fou ; Paris, Guilmoto, 1913. — Nous nous sommes plu à accueillir dans cette bibliographie, depuis un an, plusieurs traductions anglaises ou allemandes d’ouvrages taoïstes. Nous nous félicitons bien davantage encore de signaler aujourd’hui aux historiens de la philosophie le présent ouvrage, non seulement parce qu’il est français, mais parce qu’il est excellent, parce qu’il donne les œuvres dans leur intégrité, en texte et en traduction, enfin parce qu’il présente en un seul volume et à un prix relativement très bas des livres qui avaient toujours fait l’objet de publications distinctes et chères. Composé en Chine par un sinologue d’une prodigieuse activité, qui a fait plus que personne pour faciliter l’étude littérale et la compréhension intellectuelle de la littérature chinoise, cet ouvrage sera une révélation pour les philosophes et un instrument de travail précieux pour les orientalistes eux-mêmes.

Selon la division consacrée, le Taoïsme représente l’une des trois grandes religions chinoises. Mais elles ne doivent pas être simplement coordonnées. Le Bouddhisme est d’importation étrangère ; le Confucéisme offre surtout une morale et une politique ; la métaphysique proprement chinoise, les doctrines chinoises proprement métaphysiques, c’est principalement dans le Taoïsme qu’il faut les chercher, surtout si la période qu’on étudie est celle qui précéda notre ère. Les œuvres que voici sont intermédiaires entre le VIe et le IIIe siècles avant J.-C. Si la personnalité historique de leurs auteurs nous échappe presque entièrement, du moins leurs ouvrages sont là. Leur explication est ardue ; mais le P. Wieger, dans le tome I de cette série, dont nous espérons pouvoir rendre compte prochainement, a eu le grand mérite d’entreprendre un bilan du canon taoïste : tentative unique dans la critique européenne et condition première de toute étude objective d’un mouvement de pensée considérable.

Les productions attribuées à Lao, à Lie, à Tchoang, dont nous avons sommairement indiqué l’intérêt spéculatif à propos des traductions naguère mentionnées, forment une filiation très nette et un corps de doctrine cohérent, quoique les fictions poétiques de Tchoang présentent un style tout autre que les aphorismes concis de Lao. L’aspect ontologique du système est toujours l’affirmation.d’un principe ineffable, le « tao », dont le « teh » est le mode d’action ; car, comme le dit justement le traducteur, rendre ces mots par « voie » et « vertu », c’est donner leur sens dérivé, non leur acception primitive et métaphysique. L’aspect moral est un quiétisme qui exalte la perfection de ce qui s’opère spontanément par.delà les distinctions arbitraires du bien et du mal, du vrai et du faux.

Voilà, donc une œuvre extrêmement méritoire et utile. On pourrait souhaiter un esprit plus historique : on regrette, par exemple, que dans les « résumés des commentaires », pas un mot n’indique la nature, l’époque, le nom des gloses utilisées. Mais, la critique philologique de ces textes n’a jamais été commencée selon les méthodes européennes ; on aurait mauvaise grâce à reprocher à ce travail son insuffisance à cet égard. Le style pourrait être moins familier, plus littéraire, sans que l’exactitude fût compromise. Tel qu’il est, ce livre est l’un des plus indispensables a une bibliothèque de philosophie comparée.

Jacopone de Todi, par J. Pacheu. 1 vol. in-12, de ii-398 p., Paris, A. Tralin, 1914. — Le P. J. Pacheu, dont on connaît les nombreuses études consacrées à la mystique ancienne et contemporaine, nous apporte aujourd’hui une étude cri-