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méthode en est remarquable en ce qu’au lieu de fonder l’esthétique sur la psychologie, l’auteur considère que c’est à la psychologie de se servir de ce que l’esthétique a établi ; il examine les principales théories psychologiques, en se demandant si elles sont capables de satisfaire aux exigences de l’esthétique. — V. Stern expose la philosophie de son père : celle-ci est un monisme reposant sur ce postulat que le monde empirique doit reposer sur une relation réelle entre sujet et objet, et aboutit à une morale fondée sur la théorie de la descendance : la morale est la physique du vouloir ; son grand précepte est : « agis conformément à ta volonté quand elle désire l’épanouissement de la personnalité » ; la morale n’est pas une science impérative, mais consultative.

Der Wert der Rechtsgeschichte und seine Grenzen, par Dr  jur. Walter Anderssen, Lausanne et Leipzig, 1911, broch. in-8 de 32 p. — M. Anderssen, privat-docent d’histoire du droit à l’Université de Neuchàtel, cherche à déterminer la valeur de l’histoire du droit et ses limites. Après d’intéressantes observations sur l’histoire en général, Anderssen remarque que l’histoire du droit n’embrasse, parmi les causes du droit actuel, que celles qui sont des principes juridiques du passé : or le droit présent peut avoir pour causes des événements non juridiques qu’étudie, non l’histoire du droit, mais l’histoire générale. Complétée par cette dernière, l’histoire du droit permet de travailler consciemment au progrès du droit ; elle est donc nécessaire pour la pratique. Mais, pense Anderssen, elle n’est pas nécessaire pour la théorie  : la dernière partie de cet opuscule est consacrée à réfuter l’École historique du droit d’après laquelle il est nécessaire de connaître l’histoire du droit pour en comprendre l’état présent : cette réfutation ne semble nullement décisive.

Die Geistesreligion und das jüdische Religionsgesetz. Ein Beitrag zur Erneuerung des Judentums, par Dr  Ignaz Ziegler. 1 vol. in-8 de xi-158 p., Berlin, Reimer, 1912. M. le rabbin Ziegler est un disciple fervent d’Eucken qui a donné à son livre une préface chaleureuse. Il veut ramener à la religion de l’esprit « les intellectuels juifs portés vers le monisme matérialiste » ; et il veut ensuite, montrer que « sans religion historique, il n’y a point de religion spirituelle » (p. 152), que la religion s’exprime et se prolonge normalement en une loi religieuse. Mais en même temps il veut, pour rendre acceptable cette loi religieuse, y faire le départ de ce qui est nécessaire et de ce qui est arbitraire, de ce qui est essentiel et de ce qui est contingent. Il se rend la tâche relativement aisée en excluant du mosaïsme, en ramenant à des influences gréco-latines, l’idée d’un Dieu extérieur au monde, créateur du monde, maître de la vie et de la mort, l’idée d’une providence, d’un au-delà, d’une vie immortelle, de sanctions supra-terrestres, etc. (pp. 14-26). Avec une sincérité émouvante et une érudition biblique et talmudique remarquable, Ziegler recherche la place de la loi religieuse dans la religion juive et il montre que si la moralité n’a pas été le tout de la religion, au moins elle n’a jamais été quelque chose de secondaire, de subordonné à la loi (p. 83), que la morale est, au moins au même degré que la loi, l’essence du judaïsme ( 90). Il essaie ensuite de prouver dans le chapitre suivant (le but de la loi religieuse) que dans le judaïsme la loi n’est pas une fin, mais un moyen, que la fin de la religion est la moralité, que la loi n’est qu’un moyen emprunté par la religion aux mœurs populaires et un « affluent de la morale » (p. 93). La loi est ce qui soutient, assiste l’homme dans sa lutte contre le monde sensible pour le monde moral (pp. 106-121). Mais la religion spirituelle a besoin d’objectiver, de matérialiser son idéal pour le rendre viable et efficace : c’est pourquoi elle crée la coutume et le culte (p. 128). Mais le sens profond de la doctrine risque d’être étouffé, sous le foisonnement des expressions extérieures : des préceptes moraux (mais est-il bien sûr qu’il s’agit là de préceptes moraux ?), tels que celui qui interdit de boire le sang, de cuire le chevreau dans le lait de sa mère, etc., perdent leur majesté dans le foisonnement des prescriptions rituelles. « La matérialisation de l’idée religieuse doit être ramenée à’ses formes les plus simples ; simplifier la matérialisation en respectant le principe, c’est sauver le judaïsme » (pp. 149-150). — Ce livre, par sa sincérité, son érudition, sa force dialectique, la multitude des citations heureuses qui y sont contenues, ne peut manquer d’intéresser vivement tous ceux qui se préoccupent de philosophie religieuse. Mais il est douteux que ceux qui croient, avec M. Ziegler, qu’une doctrine religieuse s’exprime normalement en une loi, acceptent les mutilations que, sous prétexte de simplification, M. Ziegter veut faire subir à cette loi.

René Descartes : Meditationes de prima philosophia, publiées par le Dr  Güttler, 2e éd. 1 vol. in-8 de xii-269 p., Munich, Beck, 1912. – M. Güttler, profes-