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et les juristes du droit naturel, et les romanciers utopistes et bien d’autres ? — Le premier chapitre, qui traite des précurseurs, est suivi d’une série d’analyses sur les auteurs les plus populaires du siècle, mais il semble que des préoccupations involontaires d’apologétique politique et morale ont également déterminé le choix de ces penseurs et l’importance relative de ces études. Condillac, qui fournit à Rousseau une partie importante de sa psychologie, n’y occupe qu’une place mesurée. Par contre, l’analyse du Projet de Paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre est suivi d’un long historique de la formation du droit international contemporain et des progrès du pacifisme. Le problème du féminisme est traité non moins copieusement à propos de l’Émile, — et il n’est pas jusqu’au projet d’une Fête Nationale de Jeanne d’Arc qui n’y soit discuté.










Le premier des Pères de la Révolution, selon M. Fabre, est Montesquieu. L’analyse de ses idées, depuis le coup de trompette » des Lettres Persanes, jusqu’à l’Esprit des Lois, est. une des parties les plus claires de l’ouvrage, encore que le point de vue méthodologique, – si importânt ici, soit presque entièrement sacrifié à la préoccupation de relever les « erreurs » de l’auteur sur la théorie de la liberté et de l’égalité, et ses illusions." sur la monarchie anglaise. teur qu’on se représen.te par habitude. N’est-il pas fort averti tant des recherches psychologiques que des premières observations sociologiques que les pliilosophes sensualistes d’une part, les voyageurs, les missionnaires et les érudits d’autre part commencent à rassembler ? L’Encyclopédie occupe dans le livre une place d’honneur, méritée sans doute mais, si les directeurs de l’œuvre y sont traités fort honorablement, les collaborateurs plus modestes, dont certains écrits, aujourd’hui à peu près oubliés, eurent cependant un retentissement énorme, sont assez négligés. L’ouvrage s’achève par l’étude des tendances mystiques, des utopies socialistes, et des conceptions des économistes, réunies dans un même livre, des théories morales et politiques de Turgot —et du positivisme progressif de Conclorcet, en qui l’auteur voit deux précurseurs d’Auguste Comte. Nous n’insisterons pas davantage sur les mérites et les défauts de ce gros volume de près de huit cents pages, dont l’édification suppose une lecture abondante et une faculté vraiment rare de systématisation. Ajoutons cependant, pour être impartial, qu’il ne s’y trouve pas une note, bibliographique ou autre, sinon quelques références aux autres ouvrages du même auteur. Wissenschaftliche Beilâge zum 22 ten Jahresbericht (1909) der Philosophischen Gesellschaft —an der TJniversitàt Wien. Leipzig, J. A. Barth, 1910, 1 vol. in-8 de 98 p. Ce volume, publié comme supplément au 22° rapport annuel de la Société de Philosophie de Vienne, est composé de six conférences. Dans la première, Xaturgesetzlichkeit und Vitalismm, M. Karl Siegel, prenant texte de la renaissance actuelle du vitalisme (Driesch, Bunge), définit le mécanisme la conception d’après laquelle les phénomènes de la nature vivante se réduisent sans résidu à des lois physicochimiques, et le vitalisme la conception d’après laquelle une telle réduction est impossible. En ce sens le mécanisme est impossible, et le vitalisme prouvé par là même 1° toute loi physico-chimique est intemporelle, le physicien ne se soucie pas de décrire un phénomène concret qui se développe à un moment donné ; 2° le mécanisme.dans le domaine des sciences inorganiques suppose qu’un phénomène est identique,’qu’il se produise pour la première.Ja seconde ou la millième fois. Or ces deux principes sont 1. inapplicables à la nature organique :, le Les théories scientifiques et l’évolutionnisme de Buffon sont présentés avec sympathie bien que ce ne soit que par l’esprit général de sa méthode et les conséquences extrêmes de ses doctrines, sa conception du progrès et de la perfectibilité, qu’il puisse être considéré comme un ancêtre des doctrinaires politiques de 1789, et qu’on puisse lui faire grief « d’avoir appelé le lion le roi des animaux, au lieu de reconnaître qu’il n’y a pas de roi dans la nature ». Quant Voltaire, disciple des penseurs anglais, cartésien inconscient, philosophe du bon sens et de l’action, précurseur de Kant », nous ne sommes pas 0 bien sûrs qu’il ait évolué de plus en plus vers la conception de la justice sociale et un républicanisme mitigé, d’autant que M. Fabre lui-même lui reproche ses tendances antidémocratiques et antisocia-listes. De même que Démocrite fait penser à Heraclite », l’étude de Voltaire appelle logiquement celle de Rousseau- ; L’analyse des conceptions politiques et morales "du « citqyen, de Genève » est assez précise, mais nous nous demandons si Rousseau est bien le théoricien et le construcet