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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE JUILLET 1910)



NÉCROLOGIE

Bernard Brunhes
(1867-1910)

Nous n’avons pas à tracer ici le tableau détaillé de la carrière de Bernard Brunhes, ni à faire autre chose que de mentionner ses beaux travaux sur la réflexion cristalline interne, sur l’aimantation des roches volcaniques, son Traité élémentaire d’électricité industrielle, les efforts passionnés prodigués par lui, au cours de ces dernières années, pour faire accepter par l’opinion compétente les nouvelles méthodes d’observation météorologique. La tournure philosophique de son esprit, s’était manifestée par l’intérêt qu’il avait pris au paradoxe philosophique du second principe de la thermodynamique. Son livre récent, sur la Dégradation de l’énergie, où il approfondissait la notion d’introni, avait obtenu un légitime succès. À deux reprises, la première fois, en 1897, la seconde fois quelques semaines avant sa mort subite, il était venu spontanément nous apporter sa collaboration. Le premier article traitait de l’évolutionnisme et du principe de Carnot, le second de l’objectivité du principe de Carnot, et une note finale de ce second article nous en laissait espérer d’autres encore. Nous adressons un dernier adieu à celui dont l’assistance nous avait été, et nous eût encore été si précieuse.


LIVRES NOUVEAUX

Critique des Conditions de l’Action, par M. Maurice Pradines. I. L’erreur morale, établie par l’histoire et l’évolution des systèmes. 1 vol. in-8 de viii-702 p. — II. Principes de toute philosophie de l’action. 1 vol. in-8o de ii-300 p. Paris, Alcan, 1909. — Pour donner une idée tout à fait exacte de l’importance de ce remarquable et redoutable ouvrage, il convient d’ajouter que, dans l’intention de l’auteur, il est, tel quel, incomplet : un troisième volume doit suivre, et nous ne sommes pas bien sûr de n’avoir pas trouvé ça et là la promesse, ou la menace, d’un quatrième. Pradines est-il imprudent de demander un effort d’attention si considérable à des lecteurs dont on n’a pas pris soin de se concilier préalablement la faveur par un travail d’un abord plus facile ? Quoi qu’il en soit, cet énorme ouvrage mérite d’être lu et, par l’ampleur et l’ingéniosité de l’ordonnance, par la souplesse et la pénétration de la dialectique, aussi bien que par la vivacité et la personnalité de l’accent, il témoigne des dons philosophiques les plus heureux. À défaut d’une critique, que rend impossible ici l’extraordinaire étendue du sujet, voici tout au moins quelques indications sur l’intention, l’esprit ou le plan de ce travail.

Persuadé que les systèmes de morale ne se détruisent indéfiniment les uns les autres que parce qu’ils sont tous fondés sur un même postulat erroné, M. Pradines s’est proposé de montrer, dans son premier volume, quel est ce postulat commun à toutes les morales, idéalistes ou empiriques, et comment il est en chaque système un principe de contradiction ; tandis que son second volume doit mettre en lumière par une critique directe l’inexactitude de ce postulat et rétablir la vérité métaphysique qui permettra seule l’établissement d’une morale vraie et durable. Le tout doit constituer une critique de l’action. Comme la critique de la connaissance en examine la nature et les conditions et détermine quelle conception il faut se faire de la vérité pour qu’elle ne rende pas la connaissance impossible, ainsi la critique de