synthétique, pour que le bien, catégorie de la raison, soit posé rationnellement. Toutefois, ce principe rationnel n’est qu’un principe subjectif. La morale n’est fondée que si nous atteignons un principe objectif, c’est-à-dire Dieu. « La Métamorale » nous fait franchir cette étape. Alors succède à la démarche régressive jusqu’alors adoptée une démarche progressive : on passe de l’être au bien (Éthologie déductive) en notant que plus il y a d’être et mieux cela vaut, que l’optimum est un maximum et que la puissance est un symbole du bien. De proche en proche on descend jusqu’aux détails de la « morale pratique » individuelle et interindividuelle.
Nous sera-t-il permis d’avouer à M. Leclère que l’ampleur excessive donnée à maint développement secondaire nous a paru nuire à la précision et au relief de ses théories principales ? Était-il indispensable de nous donner toute une histoire de la morale ? Ce n’est et ce ne pouvait être qu’un recueil de jugements sommaires et souvent contestables, incapables de fournir à la thèse de l’auteur
l’appui qu’il paraît en attendre. Nons
eussions préféré trouver dans son livre
une démonstration plus rigoureuse des
principes métaphysiques qu’il pose au
début comme des axiomes, ou des variations
plus neuves sur les thèmes connus
du spiritualisme traditionnel.
L’effort le plus original nous paraît
avoir été consacré à la déduction de
l’idée du bien. L’auteur espère éviter l’intellectualisme
en refusant de tirer analytiquement
le bien de l’être. Mais en
même temps il unit si intimement ces
deux notions qu’il serait contradictoire
que le bien ne fût pas pas d’être où
l’être ne vaut pas la peine d’exister »
(p. 30S) ; il il suffit de mettre l’accent sur
la catégorie de l’existence pour voir surgir,
du fond de l’esprit, la catégorie de
la valeur » (p. 399). On se demande, en
lisant ces phrases, si l’auteur est aussi
éloigné qu’il le dit des philosophes qu’il
appelle intellectualistes » et s’il est
nécessaire de créer une catégorie spéciale
du bien quand elle dérive si naturellement
de la catégorie de l’existence.
On se demande, d’autre part, quels
services rend à sa morale la métamorale
de M. Lecière. Une fois posée la catégorie
du bien, la morale peut se constituer.
Lier sa destinée à celle d’une métaphysique,
c’est la compromettre. C’est deux
fois la compromettre, quand cette métaphysique
est le monadisme : quels devoirs
imposer, au nom de cette doctrine, à
chacun des individus autonomes et sacrés,
dont on a reconnu l’existence ? Mais
l’expérience ne nous montre nulle part ces
petits absolus. Elle ne nous montre que
des êtres relatifs et incomplets. Et, elle
nous invite à modérer,)es prétentions de
l’individu plutôt qu’à les encourager
morale qui, nous l’avouons, nous paraît
moins arbitraire que l’individualisme
métaphysique de M. Leclère.
Nous ne nous arrêtons pas aux conséquences
pratiques de sa morale. Elles nous
paraissent indécises. Qu’on en juge par
cette phrase qui termine.le chapitre sur
la morale individuelle • L’idéal serait
peut-être de réaliser à la fois en soi-même
et d’accorder l’idéal d’une sorte de janséniste,
celui d’un yanlcee-type et celui
d’un dilettante de la Renaissance » p. (467).
11 est beau d’avoir l’esprit large. Mais
s’agit-il ici de largeur d’esprit, de paradoxe
ou de confusion ?
Les découvertes modernes en physique.
Leur théorie et leur rôle dans
l’hypothèse de la constitution électrique
de ta matière, par C. M.-vkville, docteur
ès sciences. i vol. in-S de n-186 p., Paris,
Hermann, 1908. – Les physiciens contemporains
ont été conduits « à supposer
à la matière une constitution électrique
et à donner, en partant de cette hypothèse
une nouvelle interprétation mécanique
de la plupart des phénomènes physiques
». Qu’est-ce qui justifie cette
nouvelle hypothèse" ? Quelles raisons ont.
amené les physiciens à la formuler ? Quels
faits l’ont préparée et engendrée, se trouvent
ensuite expliqués par elle ? Voilà
l’objet du livre de M. Manville. D’une
part l’étude des phénomènes de décharge
électrique à travers les liquides et les
gaz a conduit à poser les ions (pour
expliquer l’éleclrolyse par exemple
théorie d’Arrhénius), à concevoir des
masses matérielles ou non, beaucoup plus
petites que celles du plus petit atome,
supports de charges électriques énormes
en grandeur par rapport elles, animées
de vitesses extrêmement grandes par
rapporta celles que nous pouvons communiquer
à la matière ordinaire les électrons
(’travaux de Thomson), – à généraliser
la notion de masse, par la conception
d’une inertie électrique. D’autre part,
les phénomènes de radioactivité de la
matière trouvent déjà leur explication
partielle dans l’hypothèse d’une destruction
atomique de la matière par une
explosion de l’atome dont les débris
seraient formés en partie de matière
inerte, en partie de particules extralènues
qui constitueraient les rayons dits
« a » et « p », et paraissent devoir être
mieux éclaircis, en étant rattachés plus
étroitement à une théorie électronique