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– 28 – Voici le plan de mon travail. J’étudie d’abord le milieu où s’est forme Knutzen et comment s’est développée l’idée de sa thèse. J’expose ensuite cette thèse avec assez de détail, analysant le Syslema cansantm effia’ieniium seu comenlatio. philosophica de commereio mentis et corporis per influzum physicum expllcando. Enfin j’examine la transformation qu’impose aux véritables principes leibniziens la conciliation de Kaulzen pour cela, j’étudie d’une part la nature du lien qui unit ctiez Leibniz l’harmonie préétablie à la notion de monade, d’autre part les rapports de la monade et de l’influx physique chez Knutzcn. Knutzen déclare adhérer aux objections de Foucher et de Bayle contre Leibniz d’où la nécessité pour moi de recourir à ces auteurs pour la partie négative. Pour la partie positive, il ne veut pas qu’on confonde son influx physique personnel avec l’influx physique vulgaire. Si Knutzen attribue une telle valeur à son influx physique, c’est parce qu’il était piêtiMe, et que les pîétistes ont rendu l’influx physique solidaire de leur doctrine. Il serait à voir si cette solidarité ùlait nécessaire: je ne le crois pas, pour ma part. Il y avait une liberté d’interprétation suflisante pour éviter cette théorie. La théorie de l’harmonie préétablie de Leibniz tombe vite dans l’oubli. Wolf se désintéresse de cette question oeeasionaitsme, influx physique, harmonie préétablie se valaient à ses yeux. Mais l’influx physique avait triomphé dans les croyances, et il fallait le justifier philosophiquement. Knutzen, y voyant une vérité philosophique et religieuse, va s’y appliquer. Le temps était favorable à cette union de la philosophie et de la religion. Que reste-t-il de Leibniz dans l’œuvre de Knulzen? Ce qu’il y a de profond < chez Leibniz, c’est la théorie des monades représentatives de l’univers. Knutzen n’éprouve- le besoin de démontrer cette thèse que comme un point secondaire et annexe de son système. La monadologie était appelée à devenir une monadologie physique. Mais c’est dans le domaine phénoménal que les philosophes, comme Kant après lui, affirment ce que Knutzen affirmait dans le domaine de l’être. Il aurait pu approfondir la métaphysique il méprise l’idéalisme et le doute méthodique. Mais il était très peu métaphysicien d’esprit et ne s’en est pas rendu compte. C’est ainsi qu’il est arrivé à affirmer dans le monde métaphysique ce qu’il aurait pu affirmer plus justement dans le monde physique. M. BouiroUis. Une chose m’a frappé dans voire thèse. Elle porte un double titre Martin Knutzen. La criiique de (’harmonie préétablie. Peut-être le second titre est-il le principal? En somme c’est Leibniz qui vous intéresse plus» particulièrement. M. Van Bïfma. J’ai consacré très peu de pages ’là1 l’exposition de Leibniz. J’ai voulu étudier la thèse de Knnlzen en tant qu’il prétendait fonder par elle un système religieux. M. Léwy-Br&hl. Vous avez eu une très bonne idée de choisir Knutzen c’est un des chaînons les plus intéressants entre Leibniz et Kant, et l’influence qu’il peut avoir eue sur Kant le rend particulièrement important. Vous apportez un extrême scrupule dans votre travail. Je ne serais peut-être pas toujours d’accord avec vous sur les conclusions auxquelles vous arrivez: mais ce n’est pas par manque d’exactitude et de soin que vous péchez. Reste à savoir si vous n’auriez pas pu tirer un meilleur parti de ce travail. J’éprouve une certaine inquiétude en voyant l’objet que vous vous proposez savoir si Knutzen a raison de vouloir fonder son influx physique sur des priricipes leibniziens, alors que Leibniz avait tire de ces principes l’harmonie préétablie. A-t-il tort? A-t-il raison? Voilà le sujet de votre thèse. M. Fa» Biéma. 11 me paraissait intéressant, étant donnée chez Knutzen et Eberhard l’importance du passage du sensible au suprasensible, de chercher quelle erreur avait commise Knutzen. J’ai voulu exposer les causes de l’erreur de Knutzen. M. Lëvy-Bruhl. C’est bien cela votre travail est une réfutation des arguments de Knutzen. Quand vous montreriez que l’interprétation de Knutzen ’est une mauvaise interprétation des résultats leibniziens, le résultat serait mince. L’intéressant aurait été de montrer comment Knutzen est arrivé à comprendre Leibniz comme le comprend. Qu’est devenu le leibnizianisme à travers Wolf, chez Hermann? Il y a des intermédiaires entre Leibniz et Knutïen, et il y aurait plus d’intérêt à savoir comment s’est formée la thèse de Knutzen et comment se posaient les difficultés.’ Mais revenons à votre thèse telle que vous l’avez conçue, et laissons de côté celle qu’on aurait pu faire. Pour votre méthode, je n’aime pas la façon dont vous suivez le détail des textes. Les analyses de ce genre, sont précieuses des qu’on n’a pas le texte mais ce n’est qu’une sorte de traduction mot à mot de l’auteur, et il se peut qu’elle soi,t moins