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– 18 – regardent comme leur maître, ne semble pas plus indulgent. MM. Arthur Thomson, Wenley, Welis, signalent â plusieurs reprises les dangers des assimilations hâtives et des conclusions ambitieuses en matière sociale. Beaucoup des communications sont sujettes à caution. Espérons qu’à force d’étudier ces sujets, à force de discuter ces problèmes, les auteurs donneront une plus grande netteté à leurs Idées et que la société dont ils sont membres verra ses efforts aboutir â des vues précises et à des,rôsultats pratiques. Cardinal Newman, and his Influence on Religion Life and Thought, by Chaules Sarolea, Ç. Ph. D. LUI. University of Edioburgh. -1 vol. in-16 de !7i p., Edimbourg, T. asid T. Clark, 1908. – Né Belge et élevé dans la religion catholique, comme il nous en avertit quelque part, M. Sarolea est nn de ces hommes qui, ayant perdu la foi. au sens positif du mot, restent cependant sincèrement religieux, et gardent pour les institutions de l’église catholique, au milieu desquelles ils ont grandi, beaucoup de respect et d’amour; etpeut-êlre, en raison même’ de ces sentiments, était-il mieux placé que personne pour juger à la fois en toute sympathie et en toute indépendance d’esprit le grand rénovateur du catholicisme moderne que fut Newman. En vérité, nous ne connaissons pas, sur îa personne et sur l’muvre de Newman, un ouvrage qui soit en même temps aussi bref et. aussi limpide, aussi précis, que le petit livre de M. Sarolea. Dans Il premier chapitre, l’analyse des jugements très divers qui ont été portés sur Newman nous fait pressentir à quel point sa personnalité a été complexe. Un second chapitre est consacré au ♦ Mouvement d’Oxford •-̃, Newman travaillant à catholieiser l’église anglicane, sans rompre encore avec elle. Les trois chapitres suivants traitent de la personnalité de Newman », do sa conversion (mky was Xev.’inan canverlcd), de la lutte longue et âpre qui mit aux prises, à partir de cette conversion, les deux grands hommes du nouveau catholicisme anglais, Newman et Manning, Les origines de Newman étaient doubles, nous dit M. Sarolêa, huguenotes et juives. Nous avouons, à l’encontre de M. Sarolêa, ne pas découvrir beaucoup de traits du tempérament huguenot" » chez Newman en revanche nous reconnaissons chez lui ce mélange de- mysticisme et d’intellectualisme, qui caractérise tant de grands Juifs des temps modernes. Un israélite seul pouvait être aussi déteste et aussi influent que le fut Newman, détesté et influent pour les mêmes raisons, pour son absence de préjugés ici tiaU)!, pour te perpétuel besoin de donner "à ses convictions une forme intellectuelle, pour cette recherche inquiète, subtile, .un peu fébrile, de, la vérité, qui sera toujours incompréhensible, presque antipathique, à des hommes du type de Manning,. hommes du monde, hommes d’action, au caractère énergique et à la tête étroite, Après avoir traité de l’homme, M. Sarolêa traite de la doctrine de Newman, de son apologétique qu’il compare à celle de Pascal. Nous. sommes encore ramenés, par ce parallèle, au point sur lequel nous sommes en dissentiment avec il. Sarolêa dans son interprétation de Id pensée de Newman. Nous irons bien jusqu’à admettre que l’apologétique de New m au et l’apologétique de -Pascal sont l’une et l’autre essentiellement psychologiques, fondées sur l’analyse des besoins de l’âme humaine. Nous ne réussirons jamais à découvrir chez Newman ces éléments « calvinistes », «. puritains », que M. Sarolêa y découvre ou bien alors, le mystère de ia conversion de Newman nous reste incompréhensible, et incompréhensible la manière même dont M. Sarolêa explique cette conversion. M. Sarolêa, en revanche, a, selon nous, tout à fait raison de voir en Newman sinon un moderniste (il fait. en finissant, les réserves nécessaires), du moins un précurseur du modernisme, dans la mesure où il accepte le principe de variation et de développement en opposition au principe d’immutabilité, substitue l’interprétation, symbolique à l’interprétation littérale de la Bible, et substitue, dans sa conception du phénomène religieux, le principe de 1’ immanence vitale» au principe de la • transcendance ». De ces trois notions, M. Sarolêa retrouve au moins le germe dans la théologie de Newman. Les orthodoxes de l’école de Manning n’avaient donc pas tort de regarder avec défiance celui qui se donnait pour fe restaurateur de îa tradition religieuse, mais en qui ils voyaient un novateur dangereux. Nous sommes parfois portes à nous demander si le mouvement moderniste, si vivant en France, ne rencontre pas, hors de France, dans L’orthodoxie ignorante des masses populaires, des obstacles infranchissables. Tel n’est pas l’avis de M. Sarolêa, ’mieux placé que nous-mêmes pour apprécier les événements à un point de vue européen. Bien que la France, écrit-il, demeure le centre du mouvement, aucun pays ne reste indemne », et, plus bas: L’opposition du conservatisme romain au « modernisme » signifie simplement l’opposition