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Dr  Erich Becher, 1 vol. in-8 de v-244 p. Leipzig, Barth, 1907. — Le mécanisme est, d’après M. Becher, la doctrine qui s’accorde le mieux avec les faits. Loin de la battre en brèche, les théories récentes sur la constitution de la matière ne font que la confirmer. L’auteur nous laisse le choix entre deux conceptions, l’une « cinétique-élastique », l’autre « cinétique-électrique », mais elles sont également mécanistes.

Or, le mécanisme implique la réalité du monde extérieur. Si l’idéaliste, si même un semi-idéaliste comme Ernest Mach a raison, le mécanisme a tort. Seule a de la valeur la perception. Tout ce qui la dépasse est fictif ; les ondes sonores, électriques ou lumineuses sont des fictions commodes, mais des fictions. À quoi bon les mesurer ? Ce qui importe, c’est la mesure des sensations, seules réelles. On traduirait assez bien la pensée de M. Becker en disant, que l’idéalisme et le semi-idéalisme ne ruinent pas seulement le mécanisme, mais la physique elle-même en la réduisant à n’être qu’une psychologie des sensations.

Mais, en dépit de la critique idéaliste, on petit encore, suivant notre auteur, croire à la réalité du monde extérieur, Elle est hypothétique. Mais qui dit hypothèse ne dit pas nécessairement fiction. Bien plus, une hypothèse logiquement construite, une hypothèse « vraisemblable » qui explique un maximum de faits avec un minimum de postulats, est la condition de la science. Pour savoir nager, il faut se jeter à l’eau. Pour savoir, il faut se fier à l’hypothèse. D’ailleurs l’idéaliste fait des hypothèses. Il admet le même postulat que le réaliste, mais il s’arrête arbitrairement aux premiers pas dans la voie où ce postulat l’entraîne. Pour croire à la réalité de notre passé et de








notre avenir, à la réalité du sujet pensant, à la réalité d’autres sujets, il faut sortir du donnêimmédîat, i ! fautsefieràun postulat : celui de la régularité des séquences. Mais c’est précisément ce postulat qui nous fait croire au monde extérieur. A moins de nous immobiitserdans la contemplation de notre moment prèseiît, nous devons donc croire à l’existence de ce monde. Ajoutez que l’hypothèse du monde extérieur est aussi « commode », aussi « économique » que l’hypothèse contraire, celie-ci ne. doit-elle pas supposer, pour expliquer l’apparition des phénomènes dans notre conscience, l’action d’un mystérieux inconscient ? Cette intéressante réhabilitation du réalisme pourrait paraitre archaïque si l’auteur ne tenait aucun compte de la critique idéaliste. Mais, loin de la négliger,

il en admet les conclusions les plus importantes. Etre, pour lui, c’est être pensé. « Sein = quaîijlaliv-sein = Bevvusst-sein ». Les corps sont des synthèses de qualités* et toute qualité est relative à l.a conscience. Ne disoins pas que la matière est dans l’espace, car t’espace est danS’1’esprit.Mais aux différentes relations qui, dans la perception, ont spatiales, correspondent des relations différentes dans la réalité extérieure. Tel est le, fondement ; objectif qui suffît pour édifier le mécanisme scientifique. Ueber die philosophischen Grundlagen der wissensohaftliohen Forschung, aIs Beitrag zu einer Methodenpolitik, von Wai/tëb Poulace. i vol.

in-8 de loi p., Berlin, Du minier, ttîO7. –Bans la Méthodologie, M. Polluck distingue ia « théorie des méthodes » (Methodenlehrè) et une ; sorte d’art qui cherche dans quelles conditions le travail scientifique sera le plus fécond c’est cet art qu’il appelle la « MeUiûdenpolitik ». Le premier problème posé par cette nouvelle discipline est. te suivant quelle conception philosophique rendra le plus de services à la recherche scientifique ? La réponse, c’est que cette conception, c’est le » perspectivisme ». Qu’on ne s’effraie pas du mot s’il est nouveau, la doctrine l’est moins, car elle n’est qu’une exagération dans le sens pragmatiste des thèses de l’oincaré, de Macli et d’Ostwatd. « ̃ La science n’est pas simplement la connaissance d’pn monde donne, elle est

aussi une activité productive. » « Comme l’art a banni la notion de beauté absolue, la science devrait bannir la notion de vérité. « .. Toute science est volonté. Les principes premiers sont purement arbitraires » (p. 18-19). Telles sont les formules qui résument cette théorie. Bien qu’il parle parfois de « son scepticisme » (p. 30), M. Pollaek se défend d’être sceptique la science est un jeu qui a ses règles. Pourquoi ne se dît-il’pas pragraatiste

? II semble bien qu’il ignore ce 

terme. S’il se déclaré « perspeclivisle », c’est que la science, telle qu’il la conçoit, est une « combinaison" de points de vue », une série < intuitions ••>. Mais ces expressions trahissent sa penséei elles sont trop rationalistes ; un {point de vue, une intuition, ce sont des états intellectuels. M. PolîacU rie voit en.icux que des actes da la volonté. Il en résulte qu’il accorde à l’hypothèse une place prépondérante dans la science. Mais ce n’est pas seulement l’hypothèse qui est une créalion de la volonté. Les maîtres de M. Pollacli, si disposés qu’ils fussent à. trouver dans la science l’arbitraire, s’arrêtaient l