jours. Le « Réveil » évangélique, la formation de l’ « Église libre » avec les Pressensé, la réforme de l’orthodoxie par Ad. Monod, le libéralisme d’Athanase Coquerel, le synode de 1848, l’École de Strasbourg, le progrès du kantisme, et tous les menus incidents qui ont marqué l’histoire des églises protestantes depuis 1870 jusqu’à la loi de séparation et à la réunion de Jarnac, défilent devant nos yeux. L’auteur — dont le nom reste attaché à l’intéressante tentative faite jadis pour fonder « la Morale indépendante » — est un de ces croyants sans dogmes, ou presque sans dogmes, qui, à la suite de William James, aspirent à la réconciliation de tous les protestants, de tous les chrétiens même, dans un christianisme purement psychologique, émotionnel, ou, comme on dit, « expérimental ». Est-ce en raison de cette aversion pour la doctrine que Mme Coignet fait si peu de place, dans son récit, à la philosophie de Renouvier ? Peut-être ; mais alors pourquoi consacrer tout un chapitre à « Kant en France » ? Le lecteur philosophe est surpris de voir que, dans ce chapitre, trois lignes seulement sont consacrées à Renouvier : encore la phrase où se trouvent ces trois lignes (p. 135) risque-t-elle d’induire le lecteur en erreur sur la date véritable où Renouvier publia la série de ses grands ouvrages.
La connaissance et l’erreur, par E. Mach. Traduction Marcel Dufour. 1 vol. in-16 de 392 p., Paris, Flammarion, 1908. — Cette édition est la traduction d’un important recueil d’études, de dates différentes, réunies par l’auteur en volume il y a trois ans. La Revue de Métaphysique a rendu compte de ce livre très intéressant, lors de sa publication : nous renvoyons donc le lecteur à ce précédent compte rendu pour le fond même de l’ouvrage, et nous ne nous occuperons que do la traduction dans son rapport avec l’original. L’édition française n’est pas une traduction complète et exacte de l’ouvrage allemand : 1° L’édition allemande comporte de nombreuses notes, références précises à des ouvrages philosophiques ou scientifiques, ou éclaircissements. Ces notes (à part deux, très courtes) sont systématiquement éliminées de la traduction française. 2° Dans le texte allemand, les mots et formules importants ont été mis en italiques par l’auteur : la traduction française ne reproduit que partiellement cette disposition typographique. 3° La traduction est souvent assez libre, rendant bien le sens généralement, mais s’écartant assez de la lettre même de l’original. Par exemple, le titre du dix-huitième essai : « Deduktion and Induktion in psychologischer Beleuchtung » est traduit par « Psychologie de la déduction et de l’induction ».
Au titre du seizième essai, Die Voraussetzungen
der Forsehung » est substitue :
« La relation de cause à effet et la notion
de fonction ̃̃< Cette phrase ; ̃̃ » Die Physik
mit ilirën Glëïchïingeri m’àch’t dieses Verhâlois
deutlicher als es Worte tun kônnen
» (p., 213) est rendue par « Les
équations de la physique le font bien
comprendre » (p. 275), etc. 4° Enfin, il
faut signaler un certain nombre de suppressions.
Nous ne parlons pas des deux
études sur la Psychologie et le développement
naturel de la géométrie » et sur
♦ Espace et Géométrie du pointde vue de la
recherche dans les sciences de la nature
Nous parlons de coupures effectuées a
l’intérieur des études traduites, suppressions
dé paragraphes ou de pariions de
paragraphes. Plusieurs fois, quand Mach
cite deux exemples à l’appui d’une idée,
le traducteur supprime l’un des deux.
M. Dufbur semble d’ailleurs chercher à
éliminer ce qui întéressfs Se moins la
propre pensée de Mach par exemple,
dans le chapitre xvi de la traduction, le
| 14, où Mach expose les règles de Mil)
et les critiques de Whewell (p. 219-280),
est supprimé. Mais ailleurs, on regrette
l’absence de tel développement par
exemple les §§ 0-1 (p. 253-iSfl=) de" l’étude
de •̃̃ Uas l’robiem », où Mach donne des
illustrations ; de la méthode synthétique
et analytique en géométrie, et qui sont
remplacés dans la traduction française par
cette simple phrase « On connaît assez
leurs applications géométriques, pour
qu’il n’y ait pas lieu d’insister ici. « On
voit doue par là que la traduction française
est en une certaine mesure une
adaptation de l’original allemand, et il
ne pouvait en être autrement, puisque
le traducteur avait a "r’àire— passer dans
un volume de la Bibliothèque de Philosophie
scientifique-un livre sensiblement
plus gros que ne le comportent les
dimensions de celte collection. Mais
néanmoins, puisque aussi bien le traducteur
a retenu dans se traduction tout
l’essentiel’de l’ouvrage allemand, puisqu’il
a toujours rendu avec intelligence,
là tnème où il simplifiait la lettre du
teste, le sens exact delà pensée ; cet
ouvrage peut avantageusement remplacer,
pour ceux qui veulent s’initier à la philosophie
si intéressante de Mach, la lecturc
dé, l’original allemand !
Verriunft und Gottesgedaake eiit
Beilrag sur Apologetik, par K. Gojibel.
passeur. 1 vol. petit in-8 de ISS p., Giessen, "