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la continuité de l’inconscient. Car l’inconscient « a la suite et la consistance d’un règne de la nature. Il nous fait songer, par sa composition et par l’unité de son plan, à quelque grand département du monde extérieur et il correspond, à côté du règne conscient qu’il environne et pénètre, à un grand département de la nature humaine (p. 186-187). — Nous ferons simplement remarquer à l’auteur qu’il était bien inutile de partir en guerre contre la métaphysique pour la réintégrer quatre pages plus loin. Il est trop clair en effet que parler de l’unité de plan de l’inconscient, c’est manifestement dépasser les données de l’expérience psychologique.

M. Bazaillas poursuit alors ses recherches sur la psychologie de l’inconscient. Il devient impossible de résumer de façon systématique ces pages toujours intéressantes, mais trop souvent confuses, il faut bien l’avouer, et dans lesquelles la pensée de l’auteur se fait volontairement imprécise et fuyante. L’idée maîtresse semble être la suivante. L’inconscient, c’est la conscience à l’état pur et original. L’essence de la musique est de traduire cet inconscient : c’est là ce qui fait son originalité et sa séduction incomparable. Cette thèse nous semble soulever une grosse difficulté : comment l’inconscient, pour devenir vierge de tout élément rationnel, peut-il se prêter à la rigueur et à la complication de la technique musicale ? Par quel miracle ce flot instable et évanescent se prête-t-il aux règles et aux formes déterminées de l’art musical sans rien perdre de son mouvement et de son imprécision ? — Ces réserves faites sur le fond, il convient de louer les mérites littéraires de l’ouvrage, qui renferme des pages brillantes et délicates.

Les sources et l’évolution des Essais de Montaigne, par Pierre Villey, ancien élève de l’École normale supérieure. 2 vol in-4 de ix-422 p. et 576 p. Paris, Hachette, 1908. — Les deux volumes










que M. Villey vient de présenter comme thèse de doctorat à la Sorbonne constituent une importante contribution â l’histoire littéraire de la France. Nous devons nous borner â signaler ici, pour l’étendue et la minutie des recherches, pour l’exactitude critique des résultats, les chapitres où l’auteur a reconstitué en quelque sorte ia bibliothèque de Montaigne et’dressé le catalogue de tous les livres qu’il a dû consulter, où, d’autre part, & l’aide de ces catalogues, à l’aide des allusions de toutessortes qu’il a pu relever, M. Villey a tenté de fixer la chronologie des Essais. Ces travaux ne sont, que des moyens pour pénétrer dans l’intimité


intellectuelle.de Montaigne, et pour suivre l’évolution de sa pensée ou plus..exactement de sa vie*.’Montaigne’a a commence par être un auteur livresque ; ses’prelnier.â essais ne sont guère que’des ! notes itnpe’rsonnelles. Mais ces notes sont empruntées à l’expérience de l’humanité que la découverte de l’imprimerie, que Je mouyemafl.t,.fî.e.. la Renaissance communiquent

en quelque sorte a chaque individu. De la l’idée original de Montaigne confronter cette. expérience historique de l’humanité aveé son expérience personnelle, verser tout le contenu intellectuel et tout l’enseignement moral des siècles dans sa conscience propre, afin de l’enrichir et de l’aiguiser’S1’la fois, afin de se rendre eàjiabie de doute et de modestie, afin d, e se rapprocher de la nature, afin de jouir de la société, alîn de lier l’équilibre de sa vie.au sens de lu réalité posi—’̃ ; tive, à l’eserciçe d’un jugement sincère et libre. De là la place prédominante que prend dans les Essais la peinture du ynoi et qui va caractériser l’édition de ioSS. Dana une troisième période enfin, Montaigne revient a la méthode livresque des premières années ; mais ce n’est, plus pour deniander à la tradition’de l’antiquité

! es conditions nécessaires à la 

formation et au développement de sa personnalité, c’est tout au contraire pour rattacher ses lectures à ses impressions personnelles, pour insérer ses citations dans ie tissu de ses, propres opinions, pour faire participer ses auteurs à la vie. de son propre esprit. « Par le système des additions, Montaigne, conclut ul. Villey, a paru revenir progressivement à la méthode pédante du début.’Tel est le dessin ; schématique qui nous semble se dégager1" des analyses où M. Villey a montré une érudition et une force remarquables,.et.qu’il a présentées dans une langue sobre et ferme. Ajoutons que ; : par l’effort qu’il a fait pour limiter la part des influences stoïciennes pour restreindre aussi la catholicisme de Montaigne â la mesure d’une profession de foi iuperfiçieUe, SI. Villey devait être amené à. mettre en lumière les.tendances; relativistes et critiques des Essais, et â orienter le positivisme psychologique de Montaigne vers la méthode expérimentale de Bacon annonce, en effet, une étude sur Montaigne et sur Bacon comme le complément littéraire et philosophique de son ouvrage.

L’espace et le temps chez Leibniz et chez Kant, par Emile vas BriisiA. docteur es lettres, professeur de philosophie au lycée de Tours 1 vol., de v333 p. de la Collection historique des