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de la matière. Enfin l’analogie des phénomènes électriques et lumineux et des phénomènes d’induction poussaient, avec Maxwell, Faraday et Mossoti, à une conception analogue de la matière. Dans cette nouvelle hypothèse, « l’atome est considéré comme un système formé d’ions et d’électrons, voire même d’électrons positifs et d’électrons négatifs ; ces derniers, ou une partie d’entre eux, étant en mouvement plus ou moins rapide autour de la partie restante à la manière des satellites autour de leur planète ». Les forces moléculaires et atomiques ne seraient que la manifestation des forces électro-magnétiques des électrons. Les phénomènes lumineux et calorifiques ont leur source dans des ondes électromagnétiques, et ces ondes sont dues aux perturbations de l’éther provoquées par les arrêts et les départs d’une charge électrique en mouvement. Il y a substance radioactive, lorsque l’atome est en état d’équilibre instable et se détruit en projetant dans l’espace ses ions positifs et ses ions négatifs… Voilà donc la nouvelle hypothèse et les explications qu’elle fournit. Est-ce une acquisition durable ou va-t-elle bientôt céder la place à une autre interprétation des mêmes faits ? Le physicien du laboratoire ne s’en préoccupe guère. « Il sait que tous les instruments dont il se sert, réels ou théoriques, ne sont pas parfaits et que, l’expérience étant le seul critérium qu’il ait à sa disposition, c’est à elle qu’il doit s’adresser pour choisir l’instrument qui lui paraîtra le mieux s’adapter à ses recherches et à sa pensée. »

L’ouvrage de Manville peut rendre service aux philosophes qui s’intéressent au problème de la matière ou à la nature et au rôle de l’hypothèse dans la science actuelle. Il a le mérite de rassembler les résultats de travaux et de mémoires dispersés un peu partout et de les présenter sous une forme relativement simple. Il serait bon d’avoir une culture physique sérieuse pour bien comprendre tous les développements de ce livre ; mais, même avec des connaissances plus superficielles, on peut le lire avec fruit.

Un problème de l’évolution. La théorie de la récapitulation des formes ancestrales au cours du développement embryonnaire (Loi biogénétique fondamentale de Hæckel), par L. Vialleton, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. 1 vol. in-8 de 245 p., avec 4 planches hors texte ; Paris, Masson, et Montpellier, Coulet, 1908. — Ce travail représente la substance de conférences faites par l’auteur aux étudiants en philosophie de la Faculté de Montpellier. Il est très sérieusement documenté et ne constitue pas à proprement parler une œuvre de vulgarisation. Pour s’adapter à son public, le conférencier n’a rien supprimé de son argumentation ; il s’est borné à être très explicite, à ne rien supposer connu, à ne pas procéder par des allusions que seuls les initiés peuvent saisir. Ce sont des travaux de ce genre, à la fois complets et accessibles, que réclament les philosophes désireux de connaître le mouvement scientifique contemporain.










Les trois premiers chapitres sont historiques. Harvey (1628), Kielmeyer (fin ciu ïtui’siècle), Etienne Geoffroy SaintH Maire (des 1196) apparaissent à l’auteur comme les précurseurs de la théorie qui assimile les stades embryonnaires de l’individu aux série » de l’anatomie comparée. Mais c’est le médecin allemand J.-F. Meckel qui a le’premier clairement affirmé ce parallélisme, d’abord dans un mémoire spécial (1811), puis dans son Manuel d’aftatamie Impudife. Les travaux de Serres, les fortes critiques de von Baer, les arguments nouveaux apportes par Darwin et très habilement repris par Fritz Millier, l’, puis les doctrines de Hœc’kèl dans sa Morphologie générale des organismes, les théories de Giard sur les embryogénies condensées et les embryogénies dilatées, d’Ed. Per-rier sur la tachygenise sont exposés avec une netteté et une exactitude qui peuvent presque dispenser le lecteur de la lecture des textes originaux. Abordant à son tour le problème. l’auteur dont la compétence en embryologie et en histologie esteonnue, étudie d’abord les prétendues séries d’organes analogues que fournit J’anatomie comparée. Avec Oscar Hertwig dont il partage les idées, il remarque que ces séries sont arbitraires. subjectives, dépendant de l’état momentané de la science et des préoccupations du chercheur (p. 79). L’anatomiste range en somme ces formes comme il veuf, soucieux avant tout de les disposer dans un ordre qui facilitera la comparaison avec les phases d développement embryogénique. Il arrive même que les séries anatomiques les mieux faites ne prouvent pas une descendance réelle. On peut suivre toutes les formes intermédiaires de pattes entre le Palœothérium et le Cheval actuel ; or Depèret a montré que ni le Palœotbérium,. ni l’Hipparion, ni sans doute l’Anchitêrium ne sont les ancêtres du cheval. En outre beaucoup d’organes très compliqués (œil, arcs branchiaux) ne donnent aucun exemple de formation progressive (p. 82 —85). Enfin c’est une erreur de croire