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que, partie à cause de sa méthode, qui est de traiter en bloc des questions très complexes, partie à cause de la forme même de causerie qu’il a adoptée, son livre manque un peu, dans l’ensemble, de clarté et de netteté. Le plan en est assez confus, et l’on se perd au milieu de la diversité des questions traitées. On souhaiteraît aussi que M. Mitchell exposât de temps à autre les idées de ses adversaires d’une façon plus complète et n’eût point l’air de présenter ses idées — intéressantes certes, mais personnelles — comme constituant le seul système concevable. Ces réserves faites, on ne saurait que louer l’auteur de la pénétration et la finesse dont il a fait preuve dans le détail de ses analyses, et de la forme aisée, souvent même agréable, qu’il a su donner à des matières si difficiles.

Principij di Psicologia Moderna, par A. Faggi, professeur à l’Université de Pavie. 2e édition, 1 vol. in-12 de viii-393 pp., Palerme, Reber, 1907. — Ce livre n’est pas proprement un manuel ou un traité de psychologie, mais plutôt une exposition des lignes fondamentales (Leitfaden) et une discussion critique des principaux problèmes. Après quelques généralités sur la psychologie et l’histoire de la psychologie, dans laquelle distingue trois périodes (période métaphysique, période descriptive, période explicative) l’auteur aborde successivement la Sensation (intensité et qualité), la Perception, l’Association, le Sentiment et la Volonté. Dans chacun de ces chapitres, il ne se préoccupe pas tant de poser des problèmes particuliers que de résoudre les grandes questions de principe qui se posent à propos de chacune d’elles : il examine, par exemple, à propos de l’émotion, la théorie de James, et ainsi de suite. L’auteur est en général très bien informé. Les grandes théories de la psychologie contemporaine, aussi bien allemande qu’anglaise ou française, lui sont familières, et il a le talent d’en donner un exposé large et synthétique, sans se perdre dans le détail. À signaler particulièrement les chapitres qui traitent de l’intensité de la sensation (discussion de la psycho-physique), de la théorie des émotions de William James, et du Monde extérieur et du moi.

M. Faggi est un partisan du parallélisme. Pour lui l’adoption de ce principe a fait entrer la psychologie dans la période vraiment explicative. Si les phénomènes, psychologiques considérés du dedans ne peuvent donner lieu qu’à une description, connus de l’extérieur, ils sont comme tous les faits externes en général, susceptibles d’être disposés en une série causale. La psychologie est donc une science à double face. En tant que psychologie des phénomènes purement internes, elle sera descriptive, mais il y aura à côté d’elle une psychophysiologie. Ces deux sciences étant d’ailleurs inséparables, les progrès de l’une contribuent aux progrès de l’autre. Si la psychologie physiologique est obligée de se borner aux faits simples, l’usage du principe d’association permet d’espérer qu’on parviendra, à l’aide de ces faits simples, à expliquer les faits les plus compliqués. À ce principe de l’association, il faudra d’ailleurs ajouter le principe de Wundt, celui de l’aperception. Telles sont les idées directrices qui inspirent M. Faggi. Clair et précis, quoiqu’un peu superficiel, ce livre pourra rendre de grands services aux étudiants.

La Varieta infinita dei fatti e la libertà morale, par Giuseppe Tarozzi, prof. di filosofia morale nella Reale Università di Palermo, 1 vol. in-16 de 141 pp., Milan, Palerme et Naples, Sandron, 1907. — Ce petit travail fait suite à une série d’ouvrages dont l’auteur nous donne la liste dans la préface (p. 3). La méthode rappelle à certains égards, la méthode de M. Fouillée. Il s’agit de trouver, dans une doctrine qui se donne pour un positivisme, ou mieux encore, pour un « naturalisme », une traduction des thèses de la philosophie et de la morale idéalistes, de concilier, sur la base de l’expérience scientifique, le déterminisme et la liberté. Et, réduite à ses éléments essentiels, voici en quoi consiste la théorie de M. Tarozzi. La nature se présente à nous sous deux aspects : d’une part « uniformité de répétition », et, d’autre part, « variabilité infinie dés phénomènes ». Le premier aspect répond à notre besoin de nécessité ; le second à notre besoin de liberté. Et le second aspect est véritablement irréductible au premier. « Ou bien l’on confond la causalité pure et simple, qui, réduite à son acception la plus rigoureuse, n’est que la possibilité de production d’un fait nouveau, avec le déterminisme qu’implique le dogme de la répétition réelle des effets, ou bien il faut dire que le choix entre ces deux données, variabilité et répétition uniforme, est la manifestation d’une tendance spéculative dont il ne faut rapporter ni la faute ni le mérite à la science expérimentale, envisagée dans sa pureté originelle » (pp. 16-7). Est-ce à dire que M. Tarozzi se rallie au contingentisme de MM. Boutroux et Bergson ? Il s’en défend expressément. Il n’admet pas, avec M. Boutroux, que l’effet soit une qualité nouvelle, absolument irréductible à la cause, et inexplicable par elle. Lors-