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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE MAI 1914)



LIVRES NOUVEAUX

La Vie Inconsciente et les Mouvements, par Th. Ribot. 1 vol. in-16, de 172 p., Paris, Alcan, 1914. — Cette étude a pour objet les rapports de l’activité inconsciente avec les mouvements. L’activité motrice pénètre et enveloppe notre vie psychique, elle en est la portion solide. Physiologiquement, elle dépend du système nerveux périphérique ou central, agissant par impulsions spontanées ou volontaires, et, de plus, du système nerveux sensitif qui transmet à la couche corticale du cerveau les impressions kinesthésiques. Psychologiquement, sous la forme de présentations ou de représentations, elle contribue à la formation de chaque état de conscience, à leurs associations, enfin elle constitue ces dispositions générales et momentanées qu’on nomme des attitudes. Les mouvements ont un rôle aussi bien dans la formation des états affectifs que dans les états intellectuels, dans l’invention en particulier. La théorie générale que soutient M. Ribot, c’est que le fond, la nature intime de l’inconscient ne doivent pas être déduits de la conscience, mais qu’ils doivent être cherchés dans l’activité motrice, actuelle ou conservée à l’état latent.

L’auteur est conduit à examiner incidemment des problèmes très importants de psychologie : le problème de la pensée sans images et sans mots. Pour M. Ribot, cet état n’est en réalité qu’une limite idéale qui s’évanouit au moment où elle est atteinte. Ce n’est pas une véritable réalité psychologique. Une autre question se rattachant au même ordre d’idées est celle de la psychologie du repos que l’auteur étudie dans le dernier chapitre de son volume. Faut-il croire que la loi de moindre effort domine l’activité humaine ? M. Ribot pense avec Spencer que « l’amour du travail, étant une des formations les plus récentes de l’évolution psychique, est aussi une des premières à disparaître ». Dans la psychologie humaine, selon l’auteur, la tendance au moindre effort est la règle. En un sens, on peut dire que cette tendance est une loi. Les actifs supérieurs sont en réalité des surhommes, des génies d’une nature spéciale. L’amour du travail est une tendance acquise et, comme telle, instable et précaire en comparaison des tendances naturelles. La répugnance à l’effort est primitive, instinctive, spontanée. Mais, par le fait de l’expérience, sous elle devient réfléchie : l’effort est évité parce qu’il est pénible ou douloureux. Certains penseurs ont même construit une philosophie du repos, la religion du nirvana. Pourtant du point de vue objectif, qui est celui du biologiste, l’idéal est un équilibre parfait entre les recettes et les dépenses, l’activité et le repos. Si, au lieu de n’être qu’un moment et un moyen, le repos devient un envahissement, il est le signe d’une régression.

Les Origines de la Connaissance, par R. Turrô. 1 vol. in-8o de 274 p., Paris, Alcan, 1914. – L’auteur est un physiologiste qui, étudiant l’origine et la nature de la sensation de la faim, a cru y trouver le principe essentiel de toute connaissance. Il y a donc en son livre deux éléments à distinguer : une étude psycho-physiologique de la faim, une théorie de l’origine de la connaissance humaine. C’est ce dernier point seul qui peut ici nous intéresser. — L’originalité de la thèse consiste à affirmer que la connaissance des choses ne commence pas, comme il pourrait le sembler, avec les données des sens externes, mais avec le premier exercice de la fonction de nutrition. On a tort de