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30:*– M. Gilson. Je l’ai dit, moins clairement. J’avoue, d’ailleurs, qu’il est nécesv saire de partir de l’hypothèse de..la cohérence d’un philosophe avec luimi’ine. Mais j’ai été très frappé-par-l’aspect de la quatrième Méditation elle n’a rien de très original, de très particulièrement cartésien..̃•̃̃jultM. Lévy-Brillil. Autre point. Vous avez l’air de dire que la doctrine des vérités éternelles est bâtie dans l’intérêt de la physique. Mais considérez que-Descartes l’a surtout exposée dans des lettres à Mersenne de 1030. et qu’il n’y-est. pas revenu. M. Gilson. Lorsque Descartes a proposé la théorie de la création des rérités éternelles par Dieu, il était sous l’influence du cardinal de Bérulle, qu’il a quitté vers lfiSy. Il rencontra, à ce moment-là, une grande résistance de la part de Mersenne.Or, quand il en est venu à rédiger les Méditations, il a presque complètement passe sous silence sa pensée, et ne l’a introduite que dans les Réponses aux Objections. ̃ M. Lévij-Hrilkl. Et personne p’a protesté. –M. Gilson. – C’est vrai. Mais, je le répète, c’est à cause de la résistance de Mersenne que la théorie n’a pas été introduite._dans les Méditations. Elle était, .pour lui, essentielle. M. Lévy-Brtlhl. Je garde une défiance contre une interprétation basée sur des intentions présumées. M. Gilson. Je constate simplement que Descartes a proposé, à un certain moment, une doctrine des vérités éternelles. Puis il a proposé autre chose, qui; pouvait se justifier à son point de vue. Descartes a toujours présenté ses .idées sous la forme la moins révolutionnaire, mais sans jamais fausser absolument sa pensée. – M. Itebelliau. Je suis d’accord sur la méthode de votre ouvrage vous vous êtes bien rendu compte de l’intérêt dramatique des choses religieuses pour.Jes hommes du xvii’ siècle. Je vous demanderai seulement des précisions sur quelques points. Et aussi pourquoi vous n’avez pas élargi votre thèse on pouvait étudier le rapport avec la théologie antérieure. M. Gilson.Je n’ai pas voulu faire intervenir un théologien dont je ij<r fusse pas sur que Descartes connut les doctrines.

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M. Rebelliau. – Que pensez-vous du De Ubero arbitrio du P. Schlemann? M. Gilson. Son interprétation ine semble forcée. M.. Rebelliau.. Les, délibération des congrégations romaines sur la liberté de la grâce n’ont-elles pas été connues de Descartes ? M. Gilson. – Je n’ose l’affirmer. Descartes n’a guère pu les connaître. •M. Rebelliau.– Le P. Véron vivait au milieu des préoccupations de son siècle. Il a pu informer Descartes. – Autre ques-tion, relative au cardinal de Bérulle le début de ses relations avec Descartes ne peut, dites-vous, être, postérieur à 1626. Qui le prouve? M. Gilson. Je n’ai pas eu à l’établir, M. Adams’en est chargé. ’M. Rebelliau. Que pensez-vous des circonstances dans lesquelles Descartes fut mis en rapports avec le cardinal de

Bérulle?-M. 

Gilson. ̃– Le passage dans lequel Baillet les raconte ne me parait pas devoir être accepté sans réserve. Le récit qu’il donne est en effet trop, riche de détails qui sont sans doute imaginaires. J’ai d’ailleurs souvent pris Baillet en flagrant délit d’inexactitude. Je considère cependant comme vraisemblable la grande scène .qu’il rapporte. ̃ M. llebelliau. ̃ – -Vous tirez d’importantes conséquences du fait que Descartes choisit le cardinal de Bérulle comme directeur de conscience. Le pénitent doit en effet rendre des comptes et subit plus ou moins l’ascendant de son confesseur. Or comment de..Bérulle procédait-il avec Descartes? Que pouvait être sa direction? ’f Ne pouvant rien dire de. précis, faute de documents, vous auriez pu montrer comment d’habitude le Cardinal remplissait ce rôle de directeur de conscience. M. Gilson. – ̃ Même, si. je l’avais montré, un doute subsisterait.- Car le cardinal de Bérulle, très fin, très.adroit, a pu fort bien ne pas appliquer sa- méthode habituelle avec quelqu’un aussi difficile à diriger que Descartes. Je reconnais néanmoins que la recherche aurait été intéressante. M. Rebelliau. – Nous savons que de Bérulle’ était tenace.: 11 cherchait avant tout la réforme intérieure et conduisait par conversions successives jusqu’au mysticisme. Vous auriez pu chercher à déterminer quelle dose de mysticisme Descartes a reçue de son directeur de conscience. Vous passez rapidement sur les ouvrages de Bérulle, vous n’en avez retenu qu’un seul, le Discours de l’État et des Grandeurs de Jésus. M. Gilson. Je l’ai lu et relu, mais je n’y; ai rien trouvé de systématique. M. Rebelliau. • – Peut-être en l’examinant avec soin auriez-vous pu en tirer