Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 3, 1913.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

– zo – – du choix de ce sujet, qui, de bonne heure, a éveillé votre curiosité. Je le louerai pleinement, car il attire l’attention sur beaucoup de problèmes intéressants. L’histoire de la philosophie peut se. concevoir de plusieurs façons, dont sans doute’aucune n’est sans valeur. Mais ces conceptions différentes ne sont pas équivalentes on peut considérer la philosophie comme fermée sur elle-même, sans relation avec la vie du dehors; on n’y voit qu’une chaîne de concepts qui se sont déduits les uns des autres par une loi interne, et l’on tâche de retracer cet enchaînement .logique. Mais il est permis de-penser aussi que les systèmes philosophiques sont solidaires de l’époque dans laquelle ils ont -’été créés. Et en effet il est impossible, par exemple, de séparer la philosophie au xvn° siècle du mouvement scientifique d’une part, du mouvement religieux, d’autre part. Plus on examine les doctrines, plus on s’aperçoit qu’il faut les replacer dans leur milieu. Or, cette vérité est reconnue pour les rapports de la philosophie et des sciences. Elle est de même acceptée en principe -pour les rapports de la philosophie et de la théologie. II. ya.tout intérêt à passer du principe à l’application. La question est.de- savoir dans quelle mesure la spéculation théologique, jointe à la tradition philosophique, a influé sur les doctrines. A cette question .votre .travail nous apporte une réponse sur deux points particuliers. Vous montrez les rapports de Descartes avec les théologiens de son temps Descartes-par là devient plus vivant. Nous le voyons en contact perpétuel avec son temps, déterminé à choisir tel ou tel parti parce que telle autre personne a choisi tel parti par exemple, son opinion sur la liberté humaine nous apparaît modifiée par la crainte d’être pris pour un janséniste. Bref, je dirai que votre thèse, est ,_neiwe et c’est là un mérite rare, après tout ce qui a été écrit sur Descartes. Quant à la forme de votre étude, elle est agréable; le style est rapide, courant, il a du mouvement. Ses défauts tiennent de ces qualités mêmes il est hâtif, pas toujours soigné. C’est du style parlé: il a la souplesse,, l’humour, l’esprit de la conversation, il en a les négligences. Défaut pour défaut, j’aime encore mieux celui-là que celui qui consiste à parler comme on écrit. La composition est bonne; sauf sur un point, cependant. Dans le premier chapitre, « Descâf tesà la Flèche », vous exposez l’essentiel de ses études. Et puis (p. 13), qui pouvait les blesser, la critique de la liberté d’indifférence ce qui était: attaquer Molina. II y avait de plus à ce retrait d’autres motifs. Pour les trouver, il faut faire l’histoire de la liberté d’indifférence. Chez Gibieuf, elle se trouve liée à la critique de Molina et à la défense. de la thèse thomiste. Mais Gibieuf inclinevers le jansénisme, et Jansenius prépare son livre, où nous rencontrons une critique de la liberté d’indifférence. Mersenne écrit à Descartes de se méfier de paraître janséniste. Mais Descartes répond à Mersenne qu’il n’a aucune inquiétude sur ce point Mersenne l’a donc prévenu, et nous avons la réponse de Descartes, si nous n’avons pas la lettrede Mersenne. ̃ Descartes dut faire une rétractation de sa critique de la liberté d’indifférence. Le père Mesland lui avait, d’ailleurs, demandé des explications sur ce point. Descartes écrivit en latin un factum, oùil tâchait d’accorder avec la théorie du P. Petot les idées exposées dans, les Méditations. Dans ma conclusion, j’ai été conduit à expliquer que l’on ne peut déterminer en général la place de la théologie chez Descartes, mais que le problème- semble, devoir être morcelé. C’est ainsi que la doctrine de la liberté divine m’a paru plus originale que celle de la liberté humaine, – Dans la quatrième Méditation, Descartes reprend, en assez grand nombre, des explications scolastiques, et, comme il les fait entrer dans son ouvrage sans les élaborer suffisamment, il en résulte une certaine confusion. M, Léuij-Briïkl. Je vous remercie, monsieur, de cet exposé, remarquablement net, et qui met en lumière tous les points intéressants de votre -.travail, ̃. Ce travail est une étude d’un caractère si particulier que j’ai dû, pour en faire l’examen, appeler à mon aide un homme qui est notre maitre à tous dans;- les études de ce genre, je veux dire M. Rebelliau. De sa critique sagace un "ouvrageaussi consciencieux que le vôtre n’avait rien il redouter. Depuis longtemps.. le sujet que vous nous présentez aujour-d’hui retenait votre attention; vous aviez conçu l’idée de votre thèse après une première esquisse, ébauchée à l’occasion d’un diplôme d’études supérieures* car.je suis heureux de rappeler que nous:vous connaissons depuis longtemps; nous avons pu assister aux progrès constants^de votre réflexion, à votre acquisition de plus en plus sûre des méthodes scientifiques. Permettez-moi de dire quelques mots