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de la Science grandit » (p. 133). Passons sur la conception de la loi, obtenue en créant une discontinuité abstraite dans le complexus des phénomènes, qui ne peut donc avoir qu’une exactitude relative et ne représente qu’une vérité moyenne, – sur la conception du fait, qui n’est jamais quelque chose de simple, mais consiste toujours dans une synthèse d’éléments plus ou moins nombreux, — sur les méthodes d’observation et de raisonnement, où l’auteur signale avec justesse l’importance de l’analogie comme processus de connaissance. Venant au rôle de l’analogie mathématique et physique, l’auteur tend certainement à en restreindre le plus possible l’importance, en contestant la fécondité et mettant en garde contre le prestige des formules, qui semblent transformer en certitudes les incertitudes », et il appuie son opinion sur celle de Chwolson, qui constate que l’importance de la physique mathématique a diminué : 1o parce qu’elle n’est en état de résoudre que des problèmes relativement très simples ; 2o parce que même dans ces problèmes simples « les formules finales de la physique mathématique sont souvent si extraordinairement compliquées que leur utilisation est pratiquement impossible ». La fécondité que n’a pas l’analyse mathématique, c’est aux grandes théories qu’il faut l’attribuer : en effet, le progrès de la science se fait par un double processus, les théories ordonnant les faits connus et en enfantant de nouveaux, les nouveaux faits forçant les théories à se transformer et à s’élargir.

8 février 1908. P. 161-166. De Cyon. La réfutation scientifique de l’apriorisme kantien. – Cet article est la préface d’un ouvrage de M. de Cyon : « Das Ohrlabyrinth als Organ der mathematischen Sinne für Raum und Zeit. » M. de Cyon a été conduit par ses recherches expérimentales sur l’oreille et le labyrinthe à cette conclusion : « Le labyrinthe doit être considéré comme le siège de deux organes sensoriels : un organe du sens géométrique, grâce aux sensations des trois directions des canaux semi-circulaires, et un organe du sens arithmétique, grâce aux sensations sonores. À l’aide de ces deux sens mathématiques, nous parvenons à la représentation d’un espace tridimensionnel et nous formons nos concepts de temps et de nombre. » M. de Cyon énumère les principales conclusions de son livre : « 1o L’orientation dans le temps et la formation de nos concepts de temps dépend principalement, comme l’orientation dans l’espace et la formation des concepts d’espace, des fonctions du labyrinthe… 4o La continuité de nos perceptions de temps résulte du fait qu’il n’existe pas d’intervalles libres ou d’interruption, dans les excitations de notre système nerveux sensible… 5o Les parties du labyrinthe qui règlent dans l’espace toute notre activité motrice par la mensuration et la graduation de l’intensité des innervations transmises des centres cérébraux aux muscles, dominent aussi ses mouvements dans le temps par le fait qu’elles règlent et mesurent exactement la successivité et la durée de ces innervations… 6o La connaissance du nombre indispensable à la mensuration des processus dans le temps de l’ordre sensitif ou moteur nous est donnée par les excitations sonores arithmétiquement déterminées des ramifications nerveuses dans le limaçon. 7o C’est dans les centres cérébraux où ces excitations des terminaisons nerveuses sont transmises et utilisées par mensurations, que nous possédons de véritables appareils à calculer. Le limaçon doit donc être désigné comme l’organe du sens arithmétique, analogue au sens géométrique de l’appareil semi-circulaire. Les sensations sonores remplissent pour un organe le rôle que les sensations de direction remplissent pour l’autre. — On voit que, dès à présent, on peut affirmer avec certitude que, pas plus pour le temps et le nombre que pour l’espace, il ne saurait être question d’une origine aprioristique. » Voilà la nouvelle réfutation de Kant : au lecteur d’en juger ! — Ajoutons que M. de Cyon prévoit des conséquences d’une portée incalculable, pour la philosophie et les mathématiques, de sa théorie, parce que par elle « l’origine de la géométrie et de l’arithmétique est ramenée à l’expérience sensorielle », et on s’explique par là pourquoi « les mathématiciens se voient forcés de reconnaître que la géométrie euclidienne, théoriquement la plus simple, est seule confirmée par l’expérience ».


THÈSES DE DOCTORAT

Thèses de M. Robin, agrégé de philosophie, professeur au lycée d’Angers.

I. La théorie platonicienne de l’Amour.

M. Croiset invite M. Robin à présenter un court exposé de sa thèse, et d’en indiquer à la Faculté la méthode et les conclusions.

M. Robin. On n’a jamais étudié la théorie platonicienne de l’Amour dans ses rapports avec les théories centrales de la philosophie platonicienne. Or ces rapports