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logy, and Scientific Methods, vol. VIII, n° 20 ; IX, n° 20. — Les théories réalistes continuent à être le principal sujet de discussion dans le Journal of Philosophy. M. Marvin (IX, 12) définit le réalisme un retour au dogmatisme. S’opposant au criticisme, le néo-réalisme soutient que la théorie de la connaissance n’est pas logiquement fondamentale, qu’elle ne peut pas nous indiquer les limites de la connaissance, ni nous dire quelle connaissance est possible, enfin qu’elle implique, mais ne fournit pas une théorie de la réalité. Pour l’idéaliste, l’univers n’existe pas en dehors de l’intelligence, ou, s’il existe, il est impensable. Pour le réaliste, le monde extérieur est plus connu que celui de la conscience ; le réaliste prend les résultats de la science comme données et médite sur eux ; et si la science ne donne pas encore de réponse à toutes les questions qu’il pose, il essaie, au moyen d’une analyse logique analogue à celle du savant, de découvrir ce que la science actuelle présuppose. — M. Sellars (IX, 9) veut montrer que, dans la connaissance, il n’y a pas à proprement parler relation d’un objet et d’un sujet, qu’il n’existe pas de relation cognitive ; car la nature même de la connaissance est de reconnaître l’indépendance de l’objet ; il est donc faux de dire qu’il n’y a pas d’objet sans sujet. — M. Morris Cohen (VIII, 20) établit qu’aucune des trois explications, empiriste, criticiste, pragmatiste, ne donne raison du double caractère, déductif et productif, des mathématiques, et qu’il faut concevoir les implications logiques comme des faits objectifs à leur façon, et faire du raisonnement démonstratif une série d’intuitions intellectuelles. M. Henry Rutgers Marshall (IX, 18) développe une théorie analogue à celle de James, d’après laquelle il existerait plusieurs mondes qui se correspondraient plus ou moins : monde de l’esprit, monde du corps, monde des rêves, monde de l’expérience, etc. Entre le monde du corps et le monde de l’esprit, par exemple, il ne faut pas admettre d’interaction ; en effet d’une part le concept d’action ne peut s’appliquer au monde des corps et d’autre part le concept de causalité ne peut s’appliquer au monde de l’esprit. M. Perry (VIII, 25, 26) critique du point de vue du néo-réaliste les théories bergsoniennes, dans un article auquel répond John E. Russell (IX, 5).

Tous ces auteurs sont partisans, dans des sens un peu différents, des théories réalistes ; mais il semble que les critiques adressées au néo-réalisme deviennent plus fréquentes que les exposés de la doctrine. Pour M. Dewey (VIII, 20), la question pendante entre le réalisme et l’idéalisme ne peut se décider que par une méthode d’observation ; et cette méthode amène à concevoir la connaissance comme un type de relation analogue à d’autres ; M. Dewey s’oppose donc aux « réalistes épistémologiques » comme il appelle Perry et Spaulding, et se prononce pour un réalisme pragmatiste ; la connaissance, dit-il, est une transformation qu’éprouvent les choses dans le cours naturel de leur existence, et non pas l’introduction d’un type de relation sans analogue et transcendant. M. Spaulding (VIII, 21) répond que, là où l’expérience ne peut rien donner, il faut partir de certaines propositions tenues pour vraies, voir ce qu’elles impliquent, et par là définir la réalité ; d’ailleurs pour le réaliste, il y a des expériences mentales que M. Dewey semble ne pas reconnaître. M. Spaulding donne à la suite de sa réponse le résumé d’une discussion qu’il eut avec Dewey sur la question du réalisme, en indiquant les points où ils se sont trouvés d’accord. M. Bode (IX, 19) insiste sur le fait que, tout en reconnaissant que la conscience forme un centre, un point de vue unique, le réaliste tâche d’ignorer l’action de la conscience ; il suffit de se dire qu’une chose, par là même qu’elle est connue, acquiert un nouveau caractère, pour voir l’insuffisance du réalisme actuel. — M. Durant-Drake (IX, 6) oppose aux néo-réalistes l’existence de l’intervalle entre l’excitation et la sensation, l’existence des faits cérébraux dont le réaliste n’explique pas le rôle, l’impossibilité d’identifier complètement l’objet et son image psychique. M. Lovejoy (VIII, 22) soutient que tout réaliste est nécessairement dualiste, sous peine de ne pouvoir expliquer les erreurs et les illusions ; et il voit là une réfutation du nouveau réalisme qui veut, dit-il, être un monisme, et qui insiste sur l’identité de l’objet et de l’idée. — M. Royce (IX, 4) attaque la définition que les réalistes ont donnée de la perception : un objet perçu, disent-ils, est un objet donné dans un acte de perception particulier et actuel, il montre que tout acte de perception implique la vérité de certaines propositions qui ne peuvent être données à aucun moment dans l’expérience d’un être humain.

Parmi les articles sur le pragmatisme, il faut signaler celui où M. H. M. Kallen (dont les études sur les livres de M. Boutroux et de M. Ménard sur James, sur les Essais de Royce, sur le Rire de Bergson,