conscience par le choc du réel, en supposant réduite au minimum la réaction du sujet. La déduction est une construction qui va de l’élémentaire au complexe : l’élément est une donnée immédiate ; déduire, c’est identifier ce qu’on ne connaît pas à ce qu’on connaît : ce n’est ni une tautologie, ni une chasse aux analogies, la déduction combine les éléments d’après les suggestions de l’expérience réelle. La synthèse à laquelle on aboutit est l’intégrale des propriétés élémentaires, comme les propriétés du triangle sont celles de trois droites qui se coupent. Par la combinaison, des éléments s’annulent, comme en mécanique deux résultantes égales et opposées.
La pensée progresse par la multiplication
le raisonnement du plus au moins
permet la prévision. La déduction généralisante
laisse indéterminée la loi de la
construction ; la déduction qui aboutit à
une synthèse historique est telle que chaque
anneau est la conclusion du précédent,
la condition du suivant cette déduction
est l’histoire même de l’évolution.
D’après ma théorie des symbolismes sensoriels,
les éléments de la déduction doivent
être élémentaires et identiques ;
chaque ordre de sensations représente
l’action du réel, chaque système symbolise
un ordre ; il y a un système moteur (méca^nique,
mathématique, biologique), et un
système affectif (psychologique).
La méthode consiste en l’analyse d’un
certain nombre d’expériences privilégiées
choisies par élimination. L’expérience ne
porte pas sur les éléments, mais sur des
systèmes complexes, ce qui ne l’empêche
pas de révéler des propriétés élémentaires.
Toutes les résultantes complexes
doivent être éliminées chaque fois que
la division matérielle ne modifie pas le
système, il n’y a pas complrxus de forces
alors l’expérience est incertaine (méthode
du rabatteur). @
L’apriorisme règne dans la science, qui
suppose tout un système d’idées préconçues,
11 ne s’agit pas de déduire, comme
Hegel, d’une forme vide tout le contenu
de la réalité, mais de trouver un système
de critères pour déterminer des valeurs
scientifiques.
M. Boutroux loue la cohésion et l’harmonie
de ces vues.
M. Lalande loue, outre.les qualités de
sincérité et de passion des idées, la conception
générale, la confiance, qu’a M. Maugé
dans les services que peut rendre la philosophie
aux savants. Il est certain qu’avantde
se mettre au travail, il faut savoir
ce que l’on veut faire, ce qui détermine
déjà la tâche. Il trouve utiles et intéressantés
la génêrafisaion qu’a faite M. Mangé
dir point de vue mathématique selon
lequel on va de l’individuel au spécial,
du spécial au général, des composantes
à la résultante (et non l’inverse) ; sa réhabilitation
de la psychologie constructive
avec la tendance comme élément unique
et observable ; sa détermination de couples
psycho— physiologiques parallèles.
M. Lalande loue les qualités littéraires de
M". M auge* dont il lit une belle page ; seulement
le. style a souvent des inexactitudes
et des obscurités qui nuiront à la
communieabilité de l’ouvrage à l’égard
des savants.
D’autre part M. Maugé fait des constructions
fragiles et arbitraires, s’appuie
sur des hypothèses (cristallisation ramenée
à la gravitation) qui ne sont que telles.
La méthode même est contestable Je
pose ceci, parce que la méthode l’exige.
M. Maugé. C’est le problème de la connaissance
que je veux résoudre. Je dis ce
que doit être la nature pour.êtreinteliigible..
Kl. Lalande. Vous multipliez les hypolhèses
que vous insérez entre votre
théorie et les faits, ce qui vous permet de
les faire toujours « coller » ensemble. Vous
seriez plus fort si vous aviez montré
votre méthode pratiquée dans l’histoire
de la science avec plus de succès que
toute autre (ce qui n’est pas).
M. Maugé élimine par sa méthode des
tâtonnements qui, sans être stériles, allongent
inutilement la tàehedti savant. Cette
méthode, pour n’avoir pas été appliquée,
peut être plus rapide, donc supérieure,
On peut atteindre un but avec l’arc on
l’atteint mieux avec le fusil Lebel.
M. Lalande. Pour vous, on arrive à la
science par la répétition— de l’identique
individuel, lequel est le même dans tous
les éléments composants, et que l’on
trouve dans l’intuition. Ainsi vous supposez
l’électron qui ne peut être isolé que
par la pensée, non dans l’expérience
c’est l’abstraction intellectuelle de Mill,
non l’abstraction matérielle, que vous préconisez.
D’autre part, à quoi reconnaissezvous
les influences perturbatrices que
vous voulez éliminer ?
M. Maugé. Les influences perturbatrices
font des interférences.
M. Lalande. Vous— ne les reconnaissez
qu’après avoir posé d’une manière arbitraire
une loi vous éliminerez difficilement
l’idée préalable de loi naturelle que
ceci suppose.
M. Maugé. Ma théorie des systèmes sensoriels
répond à cette difficultél Le critérium
des interférences est le fait du complexus.
M. Egger reproche à M. Maugé de faire