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coexistence de couleurs simples ; il assimile les lumières de diverses couleurs aux sons de diverses hauteurs et relie les différences de couleur ou de hauteur aux différences de période des mouvements vibratoires.

M. Bloch. Le langage de Malebranche paraît se ressentir des communications de Huyghens à l’Académie de Paris.

M. Lalande. Il est très bon que nous ayons des philosophes qui passent des thèses d’histoire des sciences et de la philosophie. Mais, en vous félicitant de l’avoir fait, il faut aussi prémunir certains candidats contre la tentation – déjà manifestée – de se servir des mêmes connaissances pour présenter au doctorat des vues synthétiques de philosophie des sciences. Il ne faudrait pas confondre ces deux choses bien différentes. – Vous avez fait pour l’explication de la théorie de l’éther une synthèse très intéressante, rapprochant des points de vue généralement trop séparés. Je vous ferai la même critique que mes deux collègues : vous n’êtes pas historien. Vous citez sans références : vous ne prévenez pas toujours que vous citez. De la page 4 à la page 13, tout est fait avec un résume de Rosenberger.

M. Bloch. Ce travail n’est pas seulement un travail de seconde main. J’ai étudié Fermat et Grimaldi directement, mais non Kepler et Galilée.

M. Lalande. Il n’y a pas de mal à travailler de seconde main en histoire, c’est souvent nécessaire, mais il faut dire avec précision : ces renseignements, je les prends à Rosenberger. Vous laissez ainsi à cet auteur la responsabilité de ses affirmations, puisque aussi bien certaines peuvent paraître inexactes.

M. Bloch. Je ne l’ai pas fait, parce que je ne me suis pas borné à résumer Rosenberger. J’ai contrôlé comment Rosenberger travaillait, et j’ai même corrigé des inexactitudes de cet auteur.










M. Lalande. L’éther est-il matériel ou immatériel ? Pour Huyghens, il est matériel, il le dit expressément :.on ne peut donc pas faire de cette immatérialité un caractère commun des conceptions de l’éther. D’ailleurs Newton lui-même semble déclarer aussi dans deux passages que l’éther est matériel. M. Bloch. Parce qu’il est rarissimum, ce milieu offre par rapport ait milieu ordinaire une différence incontestable. Une matière tellement ténue, qui offre une résistance incomparablement plus faible que la matière ordinaire, mérite un autre nom. M. Lalande. En ce qui concerne l’usage ï&s "hypothèses, vous présentez d’une part l’hypothèse chez lui comme quelque

hose : d’arbitraire, justifié par sa fécondlité

et ifjùî se détruit par son succès même ; et d’autre part vous dites que certaines hypothèses sont définitives, deviennent des lois. Comment concilier ? C’est qu’Hypothèse a deux sens à son époque i" le sens mathéujiatiqne, ce (lu, on pose librement comme principe de déduction ; 2° l’anticipation de quelque chose de réel, d’un mécanisme, conception de Descartes et de Bacon deviner la si ructure d’un phénomène. Les deux choses sont réunies chez Descartes. De là vient que Newton ne les distingue pas bien ; mais ce qu’il veut condamner est très dénnij’et, en somme, restreint. Il né veut pas qu’on fasse des hypothèses de structure prématurées. Mais il ne s’interdit pas par là l’usage de l’hypothèse^ il fait lui-même des hypothèses, et, en cette mesuré ou il les fait, les hypothèses peuvent devenir par après des lois de ta science. M. pL-irœai-ê. Votre exposition de la théorie de la lumière de Newton est très exacte ; mais un lecteur non prévenu peut en tirer des conclusions inexactes, & savoir que Newton était sur la voie des théories modernes de l’ondulation. Ce qui me parait inexact. Les ondulations qu’il étudie dans les lanies minces ne sont pas la cause de la lumière. Pour Newton les ondulations d’éthêr sont un phénomène secondaire, provoqué par le choc des corpuscules la lumière est constituée par l’émission de ces corpuscules. L’éther de Newton n’a rien de commun avec l’éther actuel pour s<53 propriétés. • M. Bloah. Dans mon trayait, j’ai cherché à faire voir comment Newton pouvait faire pressentir là théorie moderne ; je n’ai pas dit qu’il la contenait en germe, Su ; r ; ̃’ ce que vous appelez des lames minces, il y aurait une distinction à faire dans la deuxième phase’de son optique, il parle de quelque chose de périodique’même avant la rencontre des corps. iiii Q.La Philosophie de Newton. Exposé de la iKèsé. – Ce livre veut être un ouvrage d’histoire de la philosophie. Les grands systèmes de philosophie ont fait l’objet de recherches de l’école historique française Descartes, Spinoza Leibniz, etc., ont été l’objet d’importants travaux de critique, d’histoire et d’érudition. Il n’y a plus de grosses difficultés sur ces philosophies. Mais, si nous ouvrons un livre de science de l’époque de Descartes, puis ensuite la Mécanique