tation sur le hors-d’œuvre, sur le théologique, est bien insuffisante : vous auriez dû vous occuper uniquement du cas Monod. Tous les initiateurs n’ont pas été des fous. Vous avez négligé chez Jésus et Mahomet le côté psychologique qui les rapprochait de Monod. Jésus ne semble pas avoir été un délirant ; en tout cas, il n’y a pas de textes. Je soutiens que Monod au contraire a gagné ses titres à l’internement. Pourquoi le christianisme n’est pas une folie ? demandez-vous. Tout d’abord il est plus difficile de définir le christianisme que le monodisme. La question de folie ne peut se poser que pour le fondateur, et non vis-à-vis d’une œuvre collective comme le christianisme. Pour le modernisme, je vous dirai : il est normal, en tant qu’il marque un effort pour s’adapter à l’état de civilisation actuelle ; il est anormal, en tant qu’il s’oppose à une dogmatique existante. Vous vous faites des illusions, je crois, sur la valeur de la théologie de Monod, Monod ne peut être pris au sérieux par un théologien, parce que la venue du Christ est bien réglée pour ce théologien. Pour la comparaison des inspirés et de Monod, je ne vois pas les points de contact. Pour les inspirés juifs, vous ne vous êtes guère servi que de l’Histoire des Juifs, de Grætz, qui n’est qu’un livre de vulgarisation. Sur Jean-Baptiste, vous apportez un ensemble d’erreurs un peu plus incohérent que le reste. Ce n’est pas un messie. Est-ce un essénien ? Rien ne le prouve. Selon vous, il commençait par dire que le messie ne manquerait pas de paraître si le peuple pratiquait le rite des esséniens. Jamais il n’a dit cela. C’est une hypothèse abandonnée aujourd’hui. Il aurait mieux valu ne rien dire que de dire des choses spécifiquement inexactes.
M. Revault d’Allonnes est déclaré digne du grade de docteur avec la mention « honorable ».
Thèses de M. Bloch. – 14 février 1908.
I. Les origines de la théorie de
l’éther et la physique de Newton.
Exposé. Cette thèse se rattache étroitement
à mon grand ouvrage dont elle ne
constitue à vrai dire qu’un chapitre
détaché. Dans le grand ouvrage, j’ai
étudié les idées de Newton’ sur les
théories et les lois physiques. Pourquoi
ici ai-je choisi la théorie de l’èther? Pour
deux raisons 1° Lorsque j’ai commencé,
il y a six ans, la lecture de Newton, je
savais que les Principes me réservaient
des vues riches et instructives. Mais je
ne me doutais pas que la Theoria nova
de luce et coloribus n’avait pas une
moindre envergure sous une forme moins
magistrale. L’impression qu’on éprouve
en lisant cet ouvrage, c’est l’étonnement
qu’un tel géomètre ait pu être un pareil
expérimentateur. 2" La deuxième raison,
c’est que l’évolution, des notions philosophiques
est sous la dépendance étroite
des notions scientifiques. Toute l’histoire
de la philosophie est une confirmation de
cet axiome. A l’époque de Newton, l’his-"
toire des idées scientifiques arrive à un
point critiqne après les efforts du Moyen
âge et le renversement des anciennes
catégories, l’esprit humain veutintroduire
de l’ordre dans ses nouvelles richesses.
Il éprouve un vif besoin de coordination
et d’organisation. Autour, de quelle idée’
cette organisation va-t-elle se faire?
Autour de l’idée d’espace, comme dans le
cartésianisme? Mais le Moyen âge contenait
des germes de dynamisme. Entre
l’espace et la force, quel rapport y a-t-il?
Tel est le problème qui se pose au début du
xvhi° siècle. Newton en donne une solution
célèbre cette solution serait incomplète,
si Newton n’avait pas analysé la notion
de l’éther, milieu intermédiaire, siège du
transport de l’énergie. Quel usage doit-on
en faire en physique? Quelle existence
doit-on lui attribuer? Voilà des questions
essentielles. L’éther de Newton n’est pas
Tétherdes modernes; mais il contient en
germe tout ce qui se trouve dans la
notion moderne d’éther.
Les sources auxquelles j’ai puisé sont
les ouvrages de Newton lui-même. Je me
trouve généralement d’accord avec les
commentateurs les plus autorisés, en
particulier Rosenberger. Je me sépare
cependant de ce dernier sur l’interprétation
à donner de l’éther. L’idée de Rosenberger
est que Newton- est partisan de
l’émission et opposé à la théorie de l’ondulation.
Il n’y aurait que deux hypothèses
émission ou’ondulation, et il faudrait choisir.
La théorie de l’émission suppose l’émission
de particules lumineuses provenant
des corps matériels. Elle, se trouve déjà dans
l’antiquité. Cette théorie présente de gros
avantages elle explique immédiatement
la propagation rectiligne de la lumière,
elle explique aussi la réflexion et la
réfraction, satisfait notre logique mécaniste,
en permettant de rapprocher les
lois de l’optique et les lois du choc. Il
serait téméraire de nier l’utilité d’une
telle théorie, au moment où les physiciens
étudient de nouveaux phénomènes
où est mise en évidence l’existence de