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– 28 – M. Rauh. Vous critiquez des expériences de vos adversaires, par exemple l’expérience de Lherringtoo. J’avoue qu’il est difficile de savoir ce qui se passe dans l’âme des chiens, et peut-être n’y avait-il pas lieu d’insister autant sur cette expérience. Je crois qu’on n’en peut rien tirer ni d’un côté ni d’un autre. M. d1 A lionnes. Sherrington a cru renverser la théorie de James et toutes les théories physiologiques de. l’émotion, et attribue une très grande importance à cette expérience. C’est pourquoi je la discute. M. Bauh. Le caractère émotif, chez votre malade, tient à des conditions viscérales. li’èmotivité viscérale est troublée chez elle: toutes les fonctions se font en elles sans être senties. Mais est-ce que ça prouve que la causalité vraie, ce soient des troubles viscéraux? L’état d’indifférence est symptomatique de troubles graves. Pourquoi cela ne résulterait-il pas de troubles cérébraux fonctionnels. d’infections ? Votre malade présente des troubles viscéraux concomitants. Ces concomitants sont-ils des causes I M. d’Allonnes. Cette, objection porterait contre une thèse qui n’est pas la mienne. J’admets un organe central dans le cerveau, en même temps qu’un appareil périphérique. M. Rauk. Mais ce qui déelanehe les troubles de l’èmotivité, ce sont les troubles viscéraux pour vous. Or c’est de cela dont je ne suis pas sûr. L’origine pourrait bien être des troubles cérébraux fonctionnels. M. d! A lionnes, le n’ai pas de preuves certaines, mais de bonnes analogies. Par exemple, dans la neurasthénie, ou les symptômes s’ont Ie le casque; 2* la fatigue au réveil; 3° troubles gastriques; les troubles gastriques semblent bien • cause. M. Rauk. Son t-ce les troubles gastriques qui commencent"? M. cFAllonnes. On commence par soigner l’estomac. M. d’Allonnes. Mon hypothèse est une hypothèse. J’ai des vraisemblances. M. Rauh. Pour votre malade, elle doit se souvenir d’avoir été gaïe. Or des souvenirs d’émotions, ce sont des émotions commençantes. Votre malade a l’air de souffrir de son inémotivité. e II vaudrait mieux souffrir que d’être ainsi. Elle a donc un regret. cipal défaut de James, c’est que c’est un littérateur et qu’on trouve chez lui toutes les théories. Par exemple, il admet ma théorie viscérale de l’inclination mais c’est en passant. M. Rauk. II y aussi la psychothérapie. M. Egger. Votre malade n’est pas indifférente à ’son indifférence. M. d’Allonnes. C’est une préoccupation intellectuelle qui n’est peut-être pas émo-i ̃ tive. Il y a des gens qui se rappellent 7!; émotionnellement: il y a des gens qui r n’en sont pas capables et en sont ’réduits i î à une mémoire symbolique des émotions. 7 M. B.auà. Je crois très commune la me- ̃̃̃:̃̃ moire affective des sentiments courants. Par exemple,, ua Racine avait certainement une imagination sentimentale affective. 7 M. d’Allonnes. Je ne nie pas cette imagination. Mais ce n’est pas le cas pour ma malade. Je crois qu’elle n’a que des souvenirs symboliques de ses émotions pas- i sées. M. Egger. Je,n’examinerai pas les vues générales de votre thèse, je vous ferai 77 seulement quelques critiques de détail. Et d’abord, il y a des négligences de rédae- :7 tion, et le stylo parfois n’est pas assez soigné. Vous avec appelé un de vos ad versaircs idéaliste. C’est polir lui faire de la peine, sans doute Votre thèse porte sur 7 les inclinations et la psychologie des sentiments. Qu’entendez-vous par sentiment"? ̃̃̃̃̃̃̃̃. J’ai vainement cherché un: critérium du sentiment. Je vois bien ce qu’est une inclination un ensemble d’habitudes. Mais pour le sentiment, je ne vois pas. M. d’Allonnes. Par sentiments, j’entends les émotions, les inclinations et les passions, et j’oppose .les sentiments aux représentations et aux actes. M. Egger. Nos actes sont des interpré- v tations de nos représentations. "̃̃ M. d’Allonnes. Non, l’idée de nos actes. M. Egger. On trouve dans les sensations l’opposition du plaisir et de la douleur, et c’est ce qui est caractéristique du sentie 7: ment. M. d’Allonnes. Toute ma thèse essaie de démontrer qu’il y a d’autres, émotions que le plaisir et la douleur, dés états ’in ter- ’̃̃’ mèdiaires. ̃̃̃ M. Eggpr. Il me semble qu’il n’y: a pas 7: de milieu. “; Vous ramenez inclination à habitude et caractère. Mais qu’est-ce que le caractère? un ensemble d’habitudes. Toutes les inclinations sont donc des habitudes ou des éléments du caractère. Vous introduisez ̃ 7 un problème, en donnant votre solution le problème du caractère, sans lumières sur la solution à lui donner. M. d’Allonnes’. Je croyais apporter une certaine lumière et préciser les notions ̃̃̃̃ confuses de la psychologie courante. M. Egger. Vous avez une psychologie du temps qui ne m’a pas’eonvaineu.’Votre malade a perdu son horloge viscérale et