Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1908.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

votre thèse des maladresses d’expressions. Quand vous parlez des ἀσ




de 

Platon, vous semblez prendre à votre




compte une interprétation qui n’est pas assurée. Le mot ào-tijjiaTov, pour vous, est venu aux stoïciens d’Antisthène? M. Bréhier. Le mot vient d’Antisthène Platon ne se sert de ce mot que lorsqu’il s’agit de combattre la doctrine de ce philosophe. M. Delbos. Oui, mais Platdb l’emploie justement pour opposer aux cyniques ce qu’ils n’admettent pas: Aussi la source de ce mot, pour les stoïciens, serait peut:être plutôt venue de la critique d’Antisthène par Platon que d’Antisthène luimême. Sur la thèse générale que vous soutenez, je serais assez de votre avis. La logique stoïcienne consiste non pas à rapprocher les conditions de la pensée logique de l’existence, mais à pousser jusqu’au bout la distinction de la pensée logique et de l’existence. Il. Les idées philosophiques et religieuses de Philon d’Alexandrie. M. lirëhier. Philon est-il ’un simple doxographe? A-t-il été guidé dans son oeuvre de commentateur par une idée générale? .Ses ouvrages sont des commentaires des Lois de Moïse. Il emploie une méthode exégétique qui lui permet de prendre dans les diverses œuvres philosophiques de quoi donner plus de poids aux Lois de Moïse. Sans doute un des grands intérêts de l’œuvre de Philon est de nous fournir des rédactions très complètes et étendues de passages de philosophes grecs, d’Enésidème par rexemple, et elle est une source importante .pour la morale pratique. Mais n’y a-t-il pas aussi une unité d’inspiration dans cette œuvre.*? Sa méthode d’exégèse imiplique une certaine doctrine. II ne veut ïpas retrouver dans Moïse la philosophie grecque, mais bien l’histoire de l’âme .humaine, qui, après des chutes et des .r.epentirs, arrive à la perfection. La Genèse est l’histoire morale d’une âme. L’emploi des doctrines est subordonné à ce but, et c’est par laque le Philonisme marque un tournant de l’histoire. Philon répète ce qu’il a appris des Grecs, comme un bon écolier, mais ’.c’est par la portée et la signification qu’il donne à ces doctrines qu’il est original. Cette originalité .se .marque par deux transformations principales qu’il fait subir à la pensée grecque. i" Les doctrines grecques ont ipour Philon une signification essentiellement morale ilne se propose nullement la .recherche désintéressée de la vérité, il cherche des explications morales là où il y a principe d’explication des êtres, (Dieu, k6yos, OTvéOfiœ). L’exposition dialectique des œuvres grecques est interrompue chez Philon par l’effusion, la prière. 2° Les doctrines grecques, principes d’explication, étaient exclusives les unes des autres; pour Philon, au contraire, ce ne sont que des aspects de l’état moral de l’âme. Cette façon de penser se manifeste par l’horreur de toute pensée spéculative pour elle-même. Sophistes tous ceux qui aiment la » spéculation pour la spéculation. De ces conceptions générales, découle une classification neuve des doctrines grecques. Chaque doctrine correspond à un stade de développement moral. Au plus bas degré, la doctrine épicurienne, qui disperse la causalité dans les atomes, et la doctrine de Protagoras qui divinise l’homme. Un peu plus haut, la doctrine péripatéticienne, qui admet l’existence de biens de l’âme, – doctrine tortueuse, mi-partie matérialiste, mi-partie spiritualiste. Puis.vient la cosmologie stoïcienne, acceptée par les Ghaldéens, qui cherche encore l’être suprême dans le monde sensible. Enfin, la doctrine spiritualiste des stoïciens, qui identifie le bien et l’honnête, et celle des Platoniciens, qui fait sortir l’âme du monde sensible. Cette classification repose sur la distinction des doctrines matérialistes et des doctrines spirituatistes. Le passage des unes aux autres se fait par la doctrine sceptique l’héraolitèisme, avec le flux continuel des choses et l’identité des contraires, Enèsidème, qui essaie de montrer que la vérité ne peut être connue par l’homme, – enfin Socrate, chef des sceptiques, avec son yj&ii <rs«ut<5v. Ces doctrines donnent à t’homme le sentiment de son impuissance. Philon considère les doctrines comme des moyens ou des obstacles au développement de la vie spirituelle. Qu’est-ce donc que cette vie spirituelle, dont la conception est ainsi au centre des pensées de Philon? 1° Elle n’est pas la contemplationd’un objet; elle estuneprise de possession de l’âme par des êtres intelligibles. 2° Cette prise de possession se fait par degré, par les puissances divines, par le Myoç, par Dieu lui-même. Cette ascension lui permet d’admettre toutes les religions possibles, de donner un sens même à la mythologie grecque, sens humble et inférieur, il est vrai. Audessus, le culte astrologique, le culte des puissances divines et du lôyoq. Enfin le culte de t’être suprême. Sur cette prise de possession, Philon oscille entre une