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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE MARS 1908)



LIVRES NOUVEAUX

Le Droit et l’Esprit démocratique, par J. Charmont. 1 vol. in-8 de 243 p., Montpellier, Coulet, 1908. — M. Charmont réunit dans ce volume une série d’articles ou de conférences sur des matières assez diverses (L’Esprit juriste. — L’armée et la démocratie. — Les Analogies de la jurisprudence civile et administrative). Deux de ces articles (Les Sources du Droit positif à l’époque actuelle, La Socialisation du Droit) sont bien connus des lecteurs de cette Revue, et cela nous dispensera d’insister longuement sur l’intérêt et la valeur du livre. Ce sont en effet les mêmes qualités qui distinguent toutes ces études, — qualités de simplicité, de probité, de parfaite clarté, — qui en rendent la lecture très vivante et très attachante.

À travers tout l’ouvrage, se manifeste une même tendance fondamentale, — une large inspiration humaine et généreuse, dont on sent à chaque page toute la profondeur et toute la sincérité. — M. Charmont voit très clairement les iniquités du régime instauré par le Code civil ; en face de ce régime, il pose hardiment un idéal juridique de justice et d’égalité croissante ; idéal dont il nous fait voir que la réalisation, depuis longtemps commencée, s’accélère sans cesse de nos jours dans les faits et dans la doctrine. — Cet état d’esprit « démocratique », cette attitude nettement réformatrice, sont encore choses trop rares dans le monde des juristes et surtout des civilistes, pour n’en pas savoir grandement gré à M. Charmont.

Malheureusement, en dehors de cette notion un peu vague du perpétuel devenir qui emporte nécessairement les idées et les systèmes juridiques les plus solidement construits, il semble que M. Charmont ne cherche à démontrer aucune thèse précise, à mettre en lumière aucun principe bien nouveau. De là, un certain flottement, qui donne souvent à ces études une allure indécise. À lire ces courts exposés historiques ou juridiques, on a l’impression que l’auteur se promène à travers les questions qu’il étudie, allant quelque peu au hasard, sans but défini sans direction bien déterminée, ne sachant trop où s’arrêter ni comment conclure, se plaisant surtout à signaler, en cours de route, quelque progrès récent vers l’adoucissement ou l’élargissement du droit et de la jurisprudence.

D’autre part et surtout, pourquoi M. Charmont se montre-t-il si sobre en développements étendus, pourquoi cette volontaire insuffisance ? Craignant sans doute d’alourdir son livre, M. Charmont met une sorte de coquetterie à nous donner en passant quelques indications sommaires, sans approfondir aucun des sujets qu’il entreprend de traiter (par exemple la notion si complexe de l’abus du droit, ou encore le problème de la propriété corporative).

Cet excès de discrétion est d’autant plus fâcheux qu’il nous prive bien certainement de pages très intéressantes, et qu’il nous empêche de trouver dans ce livre beaucoup des qualités extérieures que nous avons pris l’habitude d’exiger de tout travail sociologique vraiment scientifique. N’est-il pas regrettable que M. Charmont, qui pouvait si aisément faire œuvre de science, ne nous ait donné qu’une œuvre de vulgarisation ?

L’Individualisme économique et social, ses origines, son évolution, ses formes contemporaines, par Albert Schatz, professeur agrégé à la Faculté de Droit de l’Université de Dijon. 1 vol. in-18 de 590 p. ; Paris, A. Colin, 1907. — En réaction contre le socialisme à la mode, M. Schatz veut réhabiliser la tendance, ou la « doctrine », individualiste. Il adopte