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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE

SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(No DE MARS 1907)

LIVRES NOUVEAUX

Psychologie du Libre Arbitre, suivie de Définitions fondamentales, par Sully Prudhomme, de l’Académie française, 1 vol. in-16 de 175 p., Paris, Alcan, 1907. — Signalons d’abord les définitions qui terminent l’ouvrage (p. 85-172) et qu’une table alphabétique permet de consulter aisément. (Être. Exister. Chose. Condition. Analyse. Différence et ses dérivés : changement, événement, modification, variation, diversité. Sujet. Objet. Unité. Identité. Tout. Univers. Égalité. Équivalence. Essence. Rapport. Quantité. L’intrinsèque et l’extrinsèque. Évolution. Cause. Effet. Force. Processus. Synthèse. Substance. Nécessité. Absolu. Âme. Esprit, etc.). Ces définitions, comme bien on pense, sont de nature à soulever plus d’une discussion : aucun lexicographe ne devra les ignorer.

Aussi bien les lecteurs de la Revue de Métaphysique et de Morale connaissent déjà ces définitions, comme ils connaissent aussi l’essai sur le libre arbitre, qui occupe les quatre-vingt-cinq premières pages de ce petit livre. Cet essai est intéressant comme application de la méthode introspective pure. Non que la dialectique en soit bannie, mais parce que la dialectique est uniquement employée à se ruiner elle-même. La thèse de l’auteur est que nécessairement les jugements qui portent sur l’objet métaphysique sont contradictoires. « L’esprit humain, qui déduit de l’être métaphysique les propriétés de celui-ci… ne saurait former une idée adéquate d’aucune d’elles, car il est dépassé par chacune. Aussi n’essaie-t-il pas de les comprendre ; il se contente de les définir par négation, en supprimant de ce qu’il comprend ce qui le lui rend compréhensible, la mesure qui le met à sa portée. Quand il raisonne… sur l’une quelconque de ces prémisses négatives, il raisonne donc sur ce qu’il ne comprend pas… ; forcément les conclusions lui sont aussi incompréhensibles que les prémisses » (p. 55). L’on voit assez que M. Sully-Prudhomme se montre ici disciple de Kant ; mais ce qu’il y a de pénétration personnelle dans ce travail critique, le lecteur seul peut s’en faire une juste idée ; car c’est dans le détail qu’est l’originalité d’un penseur.

La conclusion de cet essai, c’est que les objections élevées contre le libre arbitre ne sont après tout que des objections, tandis que le libre arbitre est un fait. Et ce travail fait voir, une fois de plus, comment le principal de la méthode introspective pure est une dialectique. Mais qui donc dira pourquoi ?

Études de Morale positive, par Gustave Belot. 1 vol. in-8 de VII-523 p. Paris, Félix Alcan, 1907. — Dans ce volume sont réunies un certain nombre d’études (En quête d’une Morale positive. — L’Utilitarisme et ses nouveaux critiques. — La Véracité. — Le Suicide. — Justice et Socialisme. — Charité et Sélection. — Le Luxe. — Esquisse d’une Morale positive), dont la plupart sont déjà connues des lecteurs de cette Revue. On peut regretter que l’auteur ait conservé à son livre l’aspect d’un recueil d’articles, d’autant que ce livre présente en réalité une rigoureuse unité de doctrine, et un plan très net. Après une importante introduction concernant la méthode, viennent les exemples et après, l’analyse des exemples vient l’esquisse du système, qui termine heureusement l’œuvre. Ainsi sont exposées et expliquées, à différents points de vue, deux idées importantes 1o « Il n’y a de conscience véritable que celle qui requiert une justification de ses décisions et la tire, non de l’opinion d’autrui, mais de la considération directe des choses ». La moralité suppose donc autonomie et rationalité. 2o La moralité est un donné,