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elle, pour des raisons de méthode, porter toute son attention sur les phénomènes psychiques que présentent les collectivités (psychologie des foules, Völkerpsychologie) ? Enfin, en ce qui concerne la méthode, celle-ci doit-elle être directe et introspective, ou doit-on donner la préférence aux procédés d’investigation indirecte (expérimentation psychophysique, enquêtes, etc.) ?

Ce questionnaire peut être considéré comme la table des matières de l’étude de M. Geijer : son livre en donne une illustration intéressante et instructive et pourra servir de guide dans la vaste littérature psychologique. Bien que M. Geijer nous annonce à la dernière page qu’il a pour sa part choisi son parti et qu’il se propose dans un prochain ouvrage d’exposer et d’interpréter le témoignage de l’expérience interne pour l’existence de l’âme, son spiritualisme n’est point venu troubler la sérénité de ses classifications. Il ne serait certes pas impossible de discuter et parfois de critiquer son travail : pour éviter de se perdre dans la multiplicité des nuances évanescentes, des compromis et des tentatives de médiation, M. Geijer s’est en effet tenu en principe à un petit nombre d’exemplaires typiques de chacune des tendances qui divisent les psychologues : or la constitution des types présente dans l’histoire de la philosophie la même difficulté qu’en sociologie et dans les sciences de la nature. Opposant, par exemple, le substantialisme psychologique aux doctrines qui croient possible et désirable une « psychologie sans âme », M. Geijer, se rend compte lui-même de l’ambiguïté de cette notion de « substance » dont il veut faire le critère de sa classification, et il prend soin d’avertir que, par substance, il ne faut pas entendre l’ens metaphysicum de Descartes ou de Herbart, mais « bien plutôt » la monade leibnizienne ou la substance au sens de Lotze (p. 7). Il était naturel que les imprécisions de la terminologie philosophique constituassent pour un travail comme celui-ci une difficulté notable ; mais des obstacles de cette nature, auxquels M. Geijer a eu raison de ne point s’arrêter, s’ils rendent plus délicat le travail de classification des doctrines et plus considérable l’effort pour les caractériser exactement, n’empêchent pas de tracer une sorte de carte d’ensemble d’une région scientifique. Ce relevé général, qui demande à être fait périodiquement, peut et doit être rectifié sur certains points par des études plus poussées ; mais son utilité est incontestable, et il est infiniment plus aisé de le compléter que de s’en passer.

Der Gottesgedanke in der Geschichte der Philosophie, par Hermann Schwarz, Erster Teil, von Heraklit bis Jakob Böhme. 1 vol. petit in-8 de viii-612 p. (Collection Synthesis ; Sammlung historischer Monographien philosophischer Begriffe), Heidelberg, Carl Winter, 1913. — L’auteur part de l’opposition entre la conception juive d’un Dieu personnel en relations directes avec l’homme et la conception grecque d’un Dieu organisateur de la nature et étranger en fait à l’humanité. Il suit d’abord en Grèce les différents essais pour déterminer un rapport entre l’humanité et Dieu (Pythagore, Héraclite, Xénophane, Parménide, Platon, Aristote, les Stoïciens, Philon, Plotin). Puis il examine les notions théologiques impliquées dans le christianisme primitif, les doctrines d’Origène, de saint Augustin, Duns Scot, Eckhardt, Tauler, Luther, Nicolas de Cusa, Giordano Bruno, Jakob Böhme. Les analyses fort inégales qu’il consacre à ces différentes doctrines sont, pour l’ordinaire, composées d’après des ouvrages de seconde main. Elles manquent de lien entre elles et les indications historiques sont partout très insuffisantes. Il faut aussi regretter que M. Schwarz utilise un vocabulaire tout à fait étranger aux philosophes dont il expose les théories. Enfin on signalerait sans peine de nombreuses lacunes, particulièrement en ce qui touche les sources juives de la notion moderne de la divinité.

Der Phaidros in der Entwicklung der Ethik und der Reformgedanken Platons, par Victor Potempa. 1 vol. in-8 de vii-58 p., Breslau, 1913. — Ce travail est divisé en quatre parties. Un premier chapitre très court s’efforce d’établir que l’interprétation du Platonisme en général doit être entreprise du point de vue moral. Platon a été avant tout préoccupé du problème moral (p. 6). Cela est vrai particulièrement du Phèdre, qui est probablement un ouvrage de la vieillesse de Platon. Le second chapitre contient une brève histoire du développement des théories morales de Platon (Hippias II, Lachès, République 429-430, Ménon, Charmide, Hippias I, Euthyphron, Apologie, Criton, Gorgias, Ménon, Euthydéme, Cratyle, Menexène, Lysis, Banquet, Phédon, République 518-539). Vient ensuite une analyse du Phèdre (p. 29-50). Le dernier chapitre donne les conclusions. Dans son ensemble le dialogue est relatif à la rhétorique. Le problème de la nature de l’amour y est traité à titre d’exemple de