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Dans le n° de décembre 1910 nous signalons l’Introduction de M. Annibale Pastore à son nouveau cours à l’Université de Turin, sur La valeur théorique de la logique, qui se place délibérément au point de vue du panlogisme néo-hégélien ; et dans le n° de mars 1911, le discours inaugural de Giorgio del Vecchio, successeur de Fragapane à Bologne, Sur la positivité comme caractère du droit. « Le simple fait de la positivité, dit-il (p. 46), ne nous donne aucun critère distinctif, si de là nous ne remontons pas à la signification intrinsèque des normes posées ou suivies. En considérant cette signification, nous voyons que le droit et la morale sont bien, chacun à sa façon, une manière d’être, ou mieux d’apparaître, dans la sphère de l’expérience ; mais en soi, comme formes d’appréciation de la conduite, ils sont tous deux superposés à cette sphère, et ils dénotent un devoir être, une exigence déontologique… L’analyse du processus qui conduit à la position historique du droit, en obligeant à reconnaitre dans le processus même un fait consécutif à l’idée qui se pose, confirme indirectement, mais irréfragablement, la légitimité d’une déduction pure du droit comme idéal. »

M. Al. Levi a assumé la tâche très méritoire de publier une Bibliographie de la Philosophie italienne ; on trouvera dans le n° de décembre 1910 la continuation jusqu’en 1910 de la Bibliographie générale (du commencement de 1901 à moitié de 1908) présentée au Congrès de Heidelberg, puis dans le n° de juin 1911 la Bibliographie de l’année 1910. Nous notons dans le plan adopté certaines particularités intéressantes : les comptes rendus forment un paragraphe spécial à la fin de chaque section ; l’histoire de la philosophie suit un ordre rigoureusement alphabétique, d’après le nom des auteurs étudiés.

La Cultura Filosofica. — Dans les n° 5 et 6 de 1910, M. de Sarlo étudie Les problèmes gnoséologiques dans la Philosophie contemporaine. Cherchant à déterminer l’essence de la connaissance, il passe en revue le phénoménisme, l’idéalisme et enfin l’objectivisme, auquel il se rattache. « Les représentations, dit-il, sont les signes d’après lesquels l’intelligence peut saisir la réalité, non par un acte d’inférence, mais par un acte d’appréhension, à travers les processus psychiques, de ce qui est donné hors de l’esprit. » Puis considérant le développement de la connaissance, il examine la conception économique, la conception l’idéaliste, et enfin la conception sémiotique qui est la sienne ; et il conclut ainsi : « Ne pas tenir compte de l’hétérogénéité irréductible qui domine dans le monde et qui se reflète nécessairement dans la connaissance, poser une science particulière, quelle qu’elle soit, comme type auquel tout doit se conformer, attribuer à une forme de savoir la prérogative de révéler l’intime essence de la réalité, c’est la plus grave erreur où puisse tomber une théorie de la science. »

Dans le n° 2 de 1911, M. de Sarlo étudie encore Le Psychologisme dans ses principales formes, en ayant soin de distinguer son domaine légitime de ses envahissements injustifiables.

Dans les n° 3 et 4 de 1911, M. A. Aliotta étudie Le problème de l’infini, dans l’histoire de la philosophie et dans la mathématique, pour conclure, avec Cohen et Natorp, à la valeur purement méthodologique de cette idée. « L’infini et l’infinitésimal, dit-il, sont des concepts que notre pensée a construits pour transformer le monde empirique en un monde intelligible, et qui expriment au fond son exigence d’universalité et de continuité. »

Rivista di Filosofia Neo-Scolastica. — Cette Revue continue avec succès sa fonction d’assimiler la pensée moderne au profit de la pensée catholique. Encouragée par l’approbation du Pape, elle institue un concours pour un Manuel de Pédagogie, qui doit être à la fois bien moderne et bien pensant ; ce concours fut suscité par la publication d’une conférence de Guido della Valle sur la Pédagogie expérimentale (février 1911).

Dans les nos de juin et d’octobre, A. Gemelli expose l’état actuel de L’étude expérimentale de la pensée et de la volonté, en rappelant les recherches de Wett, Messer, Bovet et Bühler.

Cœnobium. — Cette Revue, toujours vivante et variée, est devenue mensuelle. Dans le n° de juillet elle a lancé un Questionnaire sur les conceptions religieuses de ses collaborateurs ; les réponses seront publiées dans l’Almanach du Cœnobium 1912.

Il faut noter au moins une importante étude de Friedrich von Hügel, traduite de l’anglais en italien, sur « Religion et illusion », dans le n° de janvier. L’auteur réfute l’idéalisme immanentiste et subjectiviste des modernistes extrêmes, et il soutient une thèse ontologique et transcendante, capable de satisfaire à toutes les données de la science et de l’expérience.

Dans les nos de mars et d’avril, un intéressant exposé de Guis. Rensi : Les tendances modernes de la Philosophie du droit