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çaise de l’action, de la contingence et de l’intuition, la philosophie allemande des valeurs (p. xxxiii). Il proclame sa foi dans « le triomphe d’un réal-idéalisme téléologique renouvelé du criticisme ». C’est dire que s’il s’est efforcé de donner de la pensée de Lotze un exposé « fidèle, clair, précis, complet et impartial » qui manquait dans la littérature philosophique italienne, la note dominante dans son livre est une chaude sympathie pour la personne et la pensée de son auteur. Ce premier volume contient, outre une introduction biographique dont les notes (p. lxi-xcvi) constituent une bonne bibliographie lotzienne, la logique pure, la logique appliquée et la théorie de la connaissance, c’est-à-dire en somme la matière du premier volume du System der Philosophie de Lotze. (Notons au sujet de l’introduction que M. Ambrosi y donne par deux fois Weisse pour un hégélien, un seguace dello Hegel, p. ix, l’antico maestro e amico hegeliano, p. xx : Weisse est bien plutôt un adversaire de l’hégélianisme : il se montre tel dès sa dissertation de 1828 sur la Mythologie et son écrit de 1829 sur l’État de la philosophie ; il oppose au panthéisme idéalisme de Hegel un théisme éthique inspiré de l’esprit chrétien, et il a exercé de ce point de vue sur Lotze une influence considérable que M. Ambrosi ne met pas assez en lumière). Le livre de M. Ambrosi, d’une lecture un peu austère, constitue un résumé très fidèle et par endroits (notamment en ce qui concerne la théorie lotzienne du jugement et du raisonnement et, p. 146-163 les schèmes et les symboles) un commentaire intelligent de la Logik : peut-être aurait-il gagné à se dégager un peu plus du texte. À la fin de ce premier volume M. Ambrosi nous laisse au seuil de la Métaphysik. Nul doute qu’une fois achevé son ouvrage ne constitue la meilleure introduction à la lecture des œuvres de Lotze.

L’Etica del Positivismo, par F. Jodl et F. P. Fulci. 1 vol. in-12 de xx-320 p., Messine, Ant. Trimarchi, 1909. — F. P. Fulci, positiviste fervent, a extrait et traduit de la grande Geschichte der Ethik de Friedrich Jodl les trois chapitres relatifs à la morale positiviste chez Feuerbach, chez Bentham et Mill. On sait la profondeur, l’érudition et l’élégance des ouvrages de Jodl, et M. Fulci a rendu service par son travail à tous ceux qui en Italie et même en France ne peuvent lire l’ouvrage de Jodl dans le texte. De plus M. Fulci a complété le travail de Jodl sur le positivisme allemand, anglais et français en y joignant une très neuve et forte étude sur le positivisme italien, ou plus exactement sur son initiateur le philosophe et juriste Romagnosi. M. Fulci, très au fait de l’histoire de la philosophie (même de la plus récente, comme le montrent ses remarques sur Kohler et Durkheim à la fin du volume), met bien en lumière les rapports de la pensée de Romagnosi avec les grands systèmes philosophiques, avec l’évolutionnisme spencérien, avec la philosophie comtienne de l’histoire (Romagnosi pose une loi des quatre états, mais le second et le troisième ne sont que des subdivisions du stade qu’Auguste Comte appelle métaphysique), avec la méthodologie comtienne (par exemple Romagnosi croit que l’étude de l’esprit humain doit d’abord être sociologique), etc. Romagnosi est poussé par le spectacle de l’anarchie infinie, engendrée par la pensée rationaliste à se retourner vers la nature (au sens large où ce mot comprend aussi l’histoire des faits humains) : mais il est vain d’en vouloir pénétrer les essences réelles et les causes premières. Pourtant il est remarquable que selon Romagnosi l’étude positive du monde suppose la démonstration de la réalité du monde intérieur et de sa correspondance avec notre esprit (voir cette démonstration curieuse p. 212). Le moi n’est qu’un milieu au travers duquel opèrent les forces de la nature ; l’humanité fait la morale, mais ne le fait qu’en traduisant en art la nature (p. 221). Les lois de l’être se transforment en normes pratiques, « la loi antécédente d’évolution en loi conséquente », l’enchaînement des causes et des effets en enchainement des moyens et des fins (p. 223). Par la connaissance des lois statiques et dynamiques de la nature, jointe à une critique de celle réalité, l’humanité est maitresse de ses propres destinées (p. 235). La philosophie morale de Romagnosi mérite d’être examinée avec soin, et l’étude de M. Fulci peut grandement servir à faciliter cet examen.


REVUES ET PÉRIODIQUES

Journal de Psychologie Normale et Pathologique. Directeurs : D Pierre Janet et Dr Georges Dumas. Secrétaire de la rédaction : Jean Dagnan-Bouveret. Huitième année, 1 vol. in-8 de 572 p., Paris, Alcan, 1911.

Louis Lapicque : Essai d’une nouvelle théorie philosophique de l’émotion (n° 4, p. 1-8). Les conclusions de cet intéressant travail sont les suivantes :

1° Le système nerveux est discontinu.