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– SQ-– M. Burkheim. – Comment nous comprendrons-nous? Vous eomprendrez-vous, vous-même? Qu’entendez-vous au moins par « nature »? La nature sociale en faitelle partie?. Toute la question est la si le social est dans la nature. le moral, dont le social est pour le moins une expression, est lui aussi dans la nature donc libre aussi et indéterminé. H. Prêtâmes. – J’entends par nature la nature sensible. M. B.ia-kfieitn,. – Oîi placez-vous le Social? ’l l’ayez contemplée comme une image étrangère il votre personnalité. Cette contemplation exclusivement ’intellectuelle rend compte dé ces idées vues par • masses » que Rauh signalait, et aussi de ces « phrases fulgurantes ». Je veux oublier votre talent et juger votre œuvre comme on doit juger tout travail philosophique, en l’objectivant. Je n’opposerai pas une méthode a une autre c’est à toute méthode que se dérobe votre pensée. – Le but de toute méthode c’est de îaire penser droitement; or je ne vois pas que vous ayez soumis votre raison à un contrôle, quel qu’il soit. Celui des faits? J’ai vainement cherché dans tout votre livre le moindre exemple tiré même de l’expérience commune ou de l’expérience personnelle. Laissons ce point vous n’êtes pas un savant, mais un dialecticien. Je ne dédaigne pas la dialectique, mais je veux qu’on se comprenne soi-méme, et qu’on se fasse comprendre. Que penser d’un dialecticien qui ne définît pas les notions dont il Joue, qui parle <Ie Nature et de Raison sans se souvenir que de bons esprits mettent la Raison dans la Nature, qui oublié de délimiter le sens des termes: loi, bien, obligation? La même imprécision se retrouve dans vos allusions aux doctrines morales. De sorte que vous paraissez avoir non seulement contemplé, mais rêvé votre pensée; aussi la résumez-vous en formules tranchantes mais vagues, peu convaincantes, qui justifient ce que me disait un jour Juste! de Coulanges « Philosopher, c’est penser ce qu’on veut, » M. Pradïnes. Vous trouverez dans la première partie de mon ouvrage la définition de certains mots que j’emploie sans commentaire dans la deuxième. Je crois d’ailleurs qu’il es"t des idées qu’on ne peut définir que par des exemples, des antithèses leur sens trop riche déborde les cadres logiques tels les termes antithétiques de raison el de nature. ÎI. Duriiheîm. – Toulez-vous dire qu’il ne ’faut pas les définir? Al. PnkUnes. Oui. M. Prailn^s. – Je crois que dans une certaine mesure la société peut imposer des lois à la nature sensible. M. Durkhetm. Voilà donc une forme de la nature, la nature sociale, participant de la nature et de la raison. Que devient votre anUtitese? Vous avouez qu’il y a interpénétration des deux concepts que Sowi aviez séparés artificiellement. Que dire de votre idée de !a.« loi »? Je crois que vous entendez par là la loi générale. Or toi et généralité peuvent se dissocier Hamelin l"o montré. N« pensez-vous pas qu’il peut y avoir loi du particulier? "1 M. Pralines. – Certainement. . Durkhclm. J’attendais cette volteface. Tantôt vous opposez au particulier la loi en tant que générale, tantôt vous croyez qu’il n y de loi que du particulier. ST. Pradtt.es. Toute, loi est générale 1 mais son objet est le particulier. M. Duikheim, – La question est le particulier comme tel est-il Intelligible? ou existe-t-il en lui quelque élément irréductible qui échappe, à la loi? le terme de loi, si mal défini, sert de base à votre dialectique. Voici en effet votre thèse essentielle la loi exprime ce qui est; l’action est ce qui n’est pas encore; donc la loi tue Faction- Je ne comprends pas cette logique d’après laquelle la loi exclurait l’action- vous n’obtenez ce résultat que par un sophisme. Il y a deux sortes de lois. Si la loi physique exprime ce qui est, on doit dire de la loi morale qu’elle exprime ce qui n’est pas encore; L’extension îllpsritimo de ce qui concerne la loi à cp qui concerne la règle morale, voilà le sophisme à la racine. de votre système, et il s’expltque par une équivoque sur un mot que vous,, dialecticien avez négligé de définir. M Prttdwt ? Mon but était précisément de dénoncer l’équivoque de cette distinction trompeuse entre la loi et la règle. J’ai montré que tous les systèmes l’acceptent, mais aboutissent en fait à confondre la loi et la règle concepts indiscernables, la règle – on idéal –s’appliquant a la pure abstraction de nous-mêmes. M. BurkheiM. – ta règle exjste-t-eîle, oui ou non? l’ H. Praâînes. – Non, dans le sens des systèmes. M. Dmrhhem. Quel moraliste a confondu îa règle et la Ibi! M. Pradijnés. – Platon, dans le Phêâon. 11. Tha’Ùheim. Les erreurs conscientes ou involontaires de nos devanciers importent peu. Je dis que tons les moralistes ont distingué la génëralirsation de ce qui’ est et de ce qui doit