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sophie cartésienne ; la Philosophie de Ch. Secrétan ; la Philosophie de F. Ravaisson ; la Morale de Kant et le temps présent ; W. James et l’Expérience religieuse ; la Philosophie en France depuis 1867 ; William James ; Remarques sur la Philosophie de Rousseau ; l’Intellectualisme de Malebranche et, cette année encore, Jules Lachelier.

Mais il ne bornait pas sa collaboration à des articles, il manifestait, en toute circonstance, à la Revue, l’estime où il tenait ses efforts ; il s’associa, en donnant de sa personne, à toutes les tentatives qu’elle entreprit : édition de Descartes, célébration des centenaires de Kant, de Rousseau, de Malebranche, Congrès internationaux, Société française de philosophie. Jamais il ne resta sourd aux demandes qu’elle lui adressait. Et il ne nous appartient pas ici de dire comment, dans les sphères où sa parole faisait foi, il appréciait l’œuvre accomplie par la Revue. Au moment où disparaît ce maître de la philosophie française, qui fut pour elle un grand ami, elle se souvient avec émotion de la reconnaissance qu’elle lui doit.

En Boutroux la France perd un des penseurs qui, avec Ravaisson et Lachelier, dont il fut l’élève, ont le plus contribué au magnifique essor de la philosophie française dans la seconde moitié du XIXe siècle ; toute une génération doit à son enseignement de l’École Normale sa vocation philosophique, et quelle génération !

Ce que fut le penseur, l’historien, le grand professeur ; ce qu’il y eut en lui d’élévation, de profondeur, de science et aussi d’art consommé ; avec quelle maîtrise de jugement, avec quelle originalité et quelle richesse de vues il édifia cette histoire de la philosophie moderne qui, bien qu’elle n’ait jamais été écrite, demeurera le véritable monument de sa vie, la Revue le dira, l’heure venue, dans l’hommage qu’elle lui doit ; elle ne peut, aujourd’hui, sous le coup de la douleur qui l’étreint, que rappeler brièvement ce que fut l’homme.

L’homme, un mot le peint qu’il avait un jour prononcé : le corps est une infirmité. Il le fut, en effet, pour E. Boutroux, et son existence presque entière a été comme une perpétuelle victoire de l’esprit sur un corps maladif que sa haute stature semblait rendre plus ascétique encore.

Ceux qui ont approché le philosophe savent au prix de quelles luttes contre les défaillances de son organisme il devait conquérir sa liberté d’esprit et quelles angoisses lui coûtait l’approche de ces leçons qui faisaient l’admiration de ses auditeurs. Parfois, il nous l’avouait encore récemment, au milieu d’une conférence, il se sentait perdre, un instant connaissance, ses yeux se fermaient ; mais presque aussitôt, par un redressement de la