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on ne ferme pas les yeux. en un mot, votre éducation est beaucoup plus sage, beaucoup plus saine que ne l’a été la nôtre. une dizaine d’années ont fait ces énormes différences. un bonheur infini pour vous et tout particulier a été enfin votre étude constante des anciens. vous n’avez point eu le fanatisme des écoles nouvelles, l’ephemère ne vous a point séduit. elevez un autel au génie grec. c’est lui qui vous a sauvé de nos écoles de Desespoir.

« l’Allemagne s’en va tous les jours. je vous dirai en confidence que je ne la regrette pas. science à laquelle manquait la charité, l’humanité, l’amour, elle n’a pas trouvé un seul mot à dire sur les questions qui vont déchirer le monde, elle a eu un Heros, Fichte ; mais celui-là n’a point eu d’ecole — le monde laisse de côté cette Alexandrie moderne[1] comme il a depassé l’ancienne.

« aimons, sachons souffrir, et lutter avec la necessité, c’est là ce que je sais de plus nouveau — adieu très cher, je vous embrasse dans le Dieu inconnu[2].

« Votre Edg. Ouinet.
« écrivez ! »

« ce 5 mai 1837.

« Voulez-vous, je vous prie, faire remettre ce mot à Buloz. est-ce de Hugo que vous parliez dans votre dernière lettre ? je l’ai présumé, car je n’ai pu déchiffrer le nom qu’à moitié.

« je n’ai pas vu le sic et non[3].

« à propos, mille remerciements, excuses, hommages, etc., à Mde. Angibert[4]. c’est un peu tard et même inexcusable…

« Mille choses à Michelet à qui je veux écrire tous les jours. »

Le 30 avril 1838[5], Ravaisson annonce à Quinet qu’il est « nommé chevalier de la légion d’honneur, sur la proposition de

  1. « Toutes les opinions humaines se sont donné rendez-vous là comme dans une Alexandrie moderne, pour éclater chacune à sa manière, et rendre un dernier combat. Parvenu a son plus haut faite, l’édifice tout spirituel de la vieille Allemagne s’écroule sans fracas. » (Allemagne et Italie, Œuvres, t. VII, p. 271.)
  2. Voir p. 489, n. 8.
  3. Victor Cousin avait donné lecture, à l’Académie des Sciences Morales, le 1er mars 1835. d’un Mémoire sur le Sic et Non, Oui et Non, écrit théologique inédit d’Abélard ; il publia cet écrit en 1836, en tête de ses Ouvrages inédits d’Abélard, pour servir à l’histoire de la philosophie scolastique (p. 1-163).
  4. On peut se demander s’il ne s’agit pas de Mme Angebert, dont on a conservé une curieuse correspondance avec Victor Cousin (Barthélémy Saint-Hilaire, Victor Cousin, sa vie et sa correspondance, t. III, pp. 173-216 ; L. Séché, Les Amitiés de Lamartine, Paris, 1911, ch. iv, pp. 173-320).
  5. Bibliothèque Nationale, Manuscrits, Nouv. acquis. fr., no 20795, f° 303.