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A Monsieur

Monsieur Ravaisson

rue Corneille, hôtel Corneille, n° 2,

à côté de l’Odéon

à Paris.

« J’ai bien reconnu votre amitié, mon cher philosophe, dans votre excellente poétique du journal de l’instruction publique^[1]. Vous aviez une rude lance à rompre, et vous vous êtes conduit en preux et hardi chevalier, si je le pouvais, je vous en aimerais davantage, au milieu de ce combat livré à mes alexandrins, j’ignore si quelques-uns ont survécu, et se tiennent encore sur pied. dans tous les cas, ils répareront seuls leur plaie, si faire se peut. il faut maintenant penser à autre chose. Vous verrez, bientôt, pour votre part, ce que c’est que ce faisceau de lumière que la critique actuelle répand sur un auteur, et vous me direz si cela ne ressemble pas terriblement à la Nuit, mère de toutes choses.

« Vous me direz, j’espère, ce que vous pensez et ce que vous faites. rien ne m’intéresse davantage, je compte que votre génération à vous sera moins sophiste que la nôtre, le monde est devenu trop ergoteur, toutes les positions ont été faussées et l’on s’en est tiré par une nouvelle scolastique ; l’esprit humain n’a pas toujours été si mauvais casuiste. celui qui reviendrait à la simplicité, au naturel, et au juste, étonnerait par la nouveauté. –

« Ne pourriez-vous pas venir cet été dans notre Thébaïde^[2] ? vous trouveriez ici une belle bibliothèque, une vallée qui vaut bien les jardins d’Academus (je les ai vus, vous savez^[3]) et un ami aussi dévoué que vous le pouvez désirer, quand pensez-vous, en avoir

↑ Dans le Journal officiel de l’Instruction publique du 13 murs 1836, p. 307, Ravaisson avait rendu compte, sous la rubrique Poétique, de Napoléon, poème époque d’Edgar Quinet (Œuvres complètes, t. XIII), et l’avait défendu contre certaines critiques : « On a paru penser assez généralement que l’histoire est encore trop proche de nous pour que le poème soit possible. L’objection est plus spécieuse que solide… » etc.
↑ A Heidelberg.
↑ Quinet avait fait partie de la Commission scientifique de l’expédition de Morée : en mai 1829, il avait visité Athènes encore occupée par les Turcs : « Au pied de la colline du Musée, des cyprès élevaient leur flèche au-dessus des dômes des caroubiers et des sycomores… Sur la gauche, non loin des jardins de l’Académie, la tour carrée d’Hadgi-Alli ressortait sous les ombrages des oliviers ! » La Grèce Moderne et ses rapports avec l’antiquité (Œuvres, t. 9, p. 244).

[1] Dans le Journal officiel de l’Instruction publique du 13 murs 1836, p. 307, Ravaisson avait rendu compte, sous la rubrique Poétique, de Napoléon, poème époque d’Edgar Quinet (Œuvres complètes, t. XIII), et l’avait défendu contre certaines critiques : « On a paru penser assez généralement que l’histoire est encore trop proche de nous pour que le poème soit possible. L’objection est plus spécieuse que solide… » etc.

[2] A Heidelberg.

[3] Quinet avait fait partie de la Commission scientifique de l’expédition de Morée : en mai 1829, il avait visité Athènes encore occupée par les Turcs : « Au pied de la colline du Musée, des cyprès élevaient leur flèche au-dessus des dômes des caroubiers et des sycomores… Sur la gauche, non loin des jardins de l’Académie, la tour carrée d’Hadgi-Alli ressortait sous les ombrages des oliviers ! » La Grèce Moderne et ses rapports avec l’antiquité (Œuvres, t. 9, p. 244).

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