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ni l’esprit scientifique puisque la preuve manque, ni la morale même, puisque la loyautéde l’opération est bien- suspecte.

Toutefois, à ce motif_pratique, et sentimental du concordisme pourrait aussi se joindreet collaborer un. motif spéculatif de quelque force c’est que nous croyons à Uunité de la ; Nature comme nous voulons l’unité du moi. Un certain monisme plus ou moins instinctif nous porte à présupposer que-la nature nepeut se trouver en conflit avec elle-même ni engendrer dans sou sein unique des réalités hostiles. Soit que métaphysiquement nous répugnions ; à admettre de tels conflits dans l’Universietà plus forte raison à l’intérieur même de la seule nature humaine, soit que, plus scientinquement, nous nous plaisions à tirer argument de l’évolution quLtend à éliminer les incompatibles par la lutte, on. à faire disparaître les-incompatibilités par l’adaptation, nous aimons, aujourdhui du moins, à penser que le monde ne. comporte, pas de contradictions fondamentales. 1 :–.– ̃̃

Mais toutes ces présomptions sont mal fondées et ne résistent pas à l’examen. Ne considérons parmi elles. que celles ; qui sont le moins naïvement sen timentales ;et s& colorent, d’une apparence de positivile. Si le monisme exprime un aspect de la nature, le pluralisme en exprime un autre .aussi réel.SJil y a des.processus d’élimination et d’adaptation, il y a aussi, des processus de spécification et de séparation qui jouentjunrôle. au jaiQms^ aussi considérable. Partout où se produit une différenciationjle fonctions, sans doute une certaine forme de solidarité apparaît ; pourtant une certaine autonomie, une certaine indépendance doit aussi se manifester, car chaque fonction ayant acquis ses organes spéciaux et par conséquent sa réalité distincte, suivra dans une certaine mesure ses voies propres et comme tout être animé rdéfendrA_sa_yie particulière. L’optimiste de Bastiaf au sujet des << Harmonies économiques » n’est guère plus défendable aujourdhui.que celui de B. de Saint-Pierre. De même et a plus forte raison, au fur,et à mesure que nous voyons se différencier des fonctions autrefois indistinctes, religion, art, morale, droite science, chacune d’elles, ayant ses fins propres, répondant à des besoins désormais conscients de leur objet spécial, nous voyons les divergences et les conflits apparaître et s’accentuer. C’est ainsi que l’on a pu récemment soutenir sans trop de paradoxe, la thèse d’une immoralité non pas accidentellêjnais essentielle de l’art, et que nous sommes dèslongtempshabituésàentendre, malgré tous les efforts d’un