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Rev. Meta – T. XXII (a° .1914). 29
LA VALEUR MORALE DE LA SCIENCE’ `
Poser la question de la valeur morale de la science, c’est confronter, nous ne savons pas encore si c’est pour les coordonner ou les subordonner l’une à l’autre, pour les confondre ou les opposer, les deux valeurs les plus hautes qu’il nous soit donné de connaître. D’une part il suffit, sans insister, de rappeler que notre temps est celui du triomphe de la science positive, dont l’autorité, longtemps discutée et limitée d’une manière si jalouse, n’est plus guère contestée en principe aujourd’hui dans les domaines qui relèvent de ses méthodes. Le prestige acquis par la science, grâce aux éclatants succès théoriques et pratiques qu’elle a obtenus, est précisément attesté d’une façon toute particulière par l’effort qui s’est développé au cours du dernier siècle pour constituer une science de l’humanité elle-même, une sociologie, et, jusqu’à une morale scientifiques. Mais d’autre part, dans le domaine des valeurs pratiques, nous ne connaissons rien de plus haut que la société humaine et l’ordre moral qui s’y rapporte. Sans doute la science atteint des réalités extérieures, des grandeurs cosmiques auprès desquelles, comme l’a montré Pascal, l’être humain et toute l’humanité même semblent s’effondrer dans le néant. Mais dans cette immensité de l’univers matériel, nous ne trouvons pas cette finalité, ce caractère sensible et intelligent, qui nous permettraient d’en recevoir une loi morale, d’y-trouver le-principe et encore moins d’y lire le texte d’une règle de vie, ni l’indication d’une fin à laquelle nous puissions travailler efficacement. La Société ou, si l’on veut, l’Humanité est au contraire la plus haute existence à laquelle nous puissions nous incorporer véritablement, qui puisse être pour nous une fin ultime, avec laquelle nous puissions sympathiser, dont nous puissions en ̃I. Conférence faite le t7 mars 1914 à l’École des Hautes Etudes Sociales.
