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ÉTUDES CRITIQUES


LA RELIGION ET LA FOI


Dès les deux ouvrages qu’il avait déjà consacrés à l’étude du mysticisme chrétien, M. H. Delacroix s’était proposé de renoncer à la psychologie élémentaire et abstraite des manuels pour analyser sur un certain nombre d’exemples concrets quelques formes particulièrement remarquables du sentiment religieux. [Essai sur le mysticisme spéculatif en Allemagne au xive siècle, Paris, Alcan, 1900 ; Les grands mystiques chrétiens, Paris, Alcan, 1908.] Supposer que les opérations psychologiques ne sont pas réellement isolables les unes des autres, qu’il n’est même pas possible de les isoler par simple abstraction sans les transformer en autant d’êtres de raison, substituer par conséquent à des développements indéfiniment ramifiables sur l’association des idées, le raisonnement ou la volonté, l’observation d’opérations psychologiques concrètes prises dans leur complexité organique, voilà quelle intention maîtresse dirigeait déjà ces travaux. C’est elle encore qui s’affirme aujourd’hui, pleinement consciente d’elle-même et des ressources dont elle dispose, dans l’important travail que M. H. Delacroix vient de consacrer à La religion et la foi [1 vol. in-8o, xii-462 p., Paris, Alcan, 1922].

C’est qu’en effet « la foi est, pour la psychologie, le fait religieux primordial » ; toute religion suppose l’existence de réalités indépendantes de l’individu et avec lesquelles il entre en contact au moyen de la foi. Étudier la foi c’est donc étudier l’acte par lequel toute conscience religieuse participe aux réalités profondes sur lesquelles elle fait reposer sa religion ; c’est se placer au centre de