mentaires, annoncés au début de notre exposition, que se termine le cours de Lagneau.
En premier lieu, la preuve réflexive garantit la validité de la preuve intellectuelle. « En effet, le fond de cette preuve consiste à reconnaître la valeur de la raison, de cette raison qui, en éclatant dans l'âme, en posant devant elle une alternative, lui a ouvert la possibilité de la vie de l'esprit. L'acte moral reconnaît à la raison sa valeur comme remerciement du don qu'elle lui a fait en le rendant possible. L'acte moral ayant eu lieu, le doute en la valeur de la raison a cessé : c'est-à-dire que Dieu est apparu dans l'acte moral comme réel, ou plutôt a été saisi comme la source réelle de la pensée, comme le fondement de la raison. Descartes fonde la légitimité de la connaissance sur la perfection de Dieu qui n'a pu nous tromper, c'est à la même conclusion que nous arrivons. Pour mieux dire, c'est la même pensée que nous interprétons différemment. La raison, nous savons qu'elle ne se trompe pas, parce que nous avons compris dans l'acte de foi moral le sens de la raison ; cette raison, qui est la faculté de l'universel, nous comprenons qu'elle signifie l'unité de l'être, cette unité qui n'existe pas seulement en fait, mais qui doit être réalisée perpétuellement par la volonté. » « Les preuves physiques elles-mêmes prennent alors une valeur ; la réalité matérielle du monde, alors que nous avons atteint la réalité de Dieu dans l'acte moral, nous apparaît comme résultant de l'activité divine. Nous comprenons cette idée de matière qui se présentait d'abord comme l'antithèse absolue de la pensée. Qu'est-ce que la matière à la lumière de cette foi supérieure, sinon la multiplicité absolue que l'être divin a produite pour y trouver l'occasion de se retrouver éternellement lui-même par l'action créatrice de l'esprit ? La matière nous apparaît comme consistant dans la condition inférieure, absolue, perpétuelle de la vie morale - Quant à la forme de perfection qui se manifeste dans cette matière (preuve physico-théologique), ce n'est pas autre chose que ce que l'esprit a réalisé déjà de lui-même dans la nature. La beauté, l'ordre, l'harmonie, qui éclatent dans cette nature sont en elle la manifestation de l'action intérieure par laquelle l'esprit la fait être. Nous avons vu que nous ne pouvons atteindre Dieu qu'en le réalisant en nous : de même toute nature n'est à chaque instant que parce qu'elle réalise Dieu. La beauté de l'univers n'est pas autre chose que le résultat de l'application d’une pensée plus ou moins parfaite qui cherche à dégager sa réalité.