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Brunhes d’avoir bien voulu prendre la férule au lieu de mépriser mon argumentation.

La faute que j’ai commise tient à L’identité dangereuse de deux formules qui n’ont point la même signification ; je vais l’expliquer en quelques mots, tant pour ceux que j’ai déjà induits en erreur, que pour ceux qui seraient capables de se tromper comme moi. Mais avant d’arriver à ce point délicat, je dois m’arrêter d’abord à une remarque que personne ne. me parait avoir faite jusqu’à présent ; elle explique l’obscurité qui subsiste dans les consciences au sujet du second principe de l’Énergétique. Je devrais, imitant la prudence du chat échaudé, hésiter à affirmer sur ce sujet quelque chose de nouveau, mais, si ma remarque n’est pas exprimée dans l’article de Brunhes, elle s’impose naturellement après la lecture de cet article :

On donne le nom de Principe de Carnot à deux principes entièrement distincts l’un de l’autre, et qui sont tous deux inclus dans les « Réflexions sur la puissance motrice du feu ».

Le premier de ces principes se généralise à toutes les formes de l’Énergie ; on pourrait l’appeler le principe de la chute énergétique nécessaire. Il résulte de l’affirmation de Carnot que, pour actionner une machine à feu, il faut deux sources de chaleur à températures différentes. Pour une forme quelconque de l’énergie, il faut deux niveaux énergétiques différents ; l’énergie ne travaille qu’en passant du niveau supérieur au niveau inférieur. Cela est vrai pour les moteurs hydrauliques comme pour les moteurs thermiques ou électriques ; il n’y a donc de ce chef, aucune différence entre les diverses formes d’énergie. Ce principe a une importance extrême pour les questions d’amorçage et pour l’étude des « phénomènes qui continuent » ; c’est lui qui, appliqué aux réactions chimiques impossibles au-dessous d’une température minimum, fait concevoir la nécessité du principe thermochimique de Berthelot. C’est à ce principe essentiel en Biologie, que je pense ordinairement quand je parle du principe de Carnot. Brunhes me dit que ce n’est pas là « le principe de Carnot ». C’est une affaire de définition ; ce principe est exprimé dans le mémoire sur les machines à feu, et les physiciens s’en servent très souvent en lui donnant ce nom.

Le second des principes compris dans le mémoire de Carnot est au contraire spécial aux formes d’énergie qui, comme la chaleur, jouissent de la propriété de diffusion. On pourrait l’exprimer en disant que la chaleur qui ne se transforme pas se diffuse en se refroi-