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METAPHYSIQUE ET DE MORALE

SUR LA STRUCTURE LOGIQUE DU LANGAGE

S’il fallait en croire les programmes de la classe de philosophie, les philosophes ne s’intéresseraient au langage que pour en rechercher l’origine. Or la question de l’origine du langage n’est pas plus philosophique que scientifique ; et, si tant est qu’elle ait un sens, elle ne relève que de l’imagination et du mythe[1]. En revanche, il y a une étude parfaitement positive, et bien digne de l’attention des philosophes : c’est celle du langage tel qu’il est, dans les innombrables formes qu’il revêt dans les différents peuples et aux diverses époques c’est celle de la structure des langues et de leur évolution. Car en somme, de toutes les manifestations de la pensée, le langage est la plus universelle et, malgré tout, la plus adéquate. Si imparfait qu’il soit comme mode d’expression, il est encore le plus commode et le plus complet. Il est impossible que l’esprit humain, qui le façonne et le transforme sans cesse pour son usage, n’y imprime pas la trace de ses tendances et de ses fonctions, et que les formes du langage ne reflètent pas, dans une certaine mesure, les formes de la pensée. « Je crois véritablement que les langues sont le meilleur miroir de l’esprit humain, et qu’une analyse exacte de la signification des mots ferait mieux connaître que toute autre chose les opérations de l’entendement[2]. » Malgré ce conseil, les philosophes ont trop long-

  1. Il est très amusant de voir Bersot, jeune professeur de philosophie, inquiété en 1842 par les autorités universitaires pour ses opinions hétérodoxes au sujet de l’origine du langage : Revue internationale de l’enseignement, novembre 1911.
  2. Leibniz, Nouveaux Essais, III, vii, § 6. Et plus spécialement § 3 : « Il est